Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mardi 14 octobre 2014

On achève bien les chevaux - They Shoot Horses, Don't They?, Sydney Pollack (1969)

En pleine dépression économique, les primes des marathons de danse attirent jeunes et vieux accablés par la misère. Robert et sa partenaire Gloria dansent à en perdre la raison. Ils tiendront coûte que coûte. A moins que la mort ne les sépare..

Un drame social des plus noir et désespéré que nous offre là Pollack dans un de ses films les plus marquants. Adapté d'un roman de Horace McVoy, plongée dans le milieu des marathons de danse ayant véritablement eut lieu aux USA durant la Grande Dépression, le film dresse un portrait terrifiant de la misère règnant à l'époque, rendant de telles pratiques monnaie courante. Cependant la thématique du film va bien plus loin en évoquant en général l'exploitation de la misère humaine a des fins "d'entertainment", à laquelle on peut tout autant associer des films d'anticipations comme Le Prix du Danger où la vague de télé réalité récente. La grande différence étant le désespoir et le vrai désoeuvrement économique des participants des marathons.

Filmé au cordeau par Pollack, d'une durée insensée (et pourtant dans la lignée des vrais marathons de l'époque) le concours en lui même est un sacré morceau de bravoure. Une montée d'intensité incroyable au fur et à mesure que les concurrents se désagrègent littéralement sous nos yeux, mentalement et physiquement terminant le film à l'état d'épave.

Véritable jeux du cirque des années 30, traversé d'épreuves d'un sadisme absolu (dont une terrifiante épreuve de derby) où Pollack renvoi dos à dos des spectateurs avide de sensations (montage alterné saisissant du public avec le moindre pépin physique d'un des danseurs) et le cynisme du promoteur prêt à tout pour relancer le spectacle comme cacher le maquillage d'une concurrente trop pimpante ou tenter de marier un couple à même la piste de danse.Le rapprochement constant entre le sort misérable des protagonistes et le titre original du film dresse un portait peu reluisant de la nature humaine, plus à même d'abréger les souffrances d'un animal mais exploitant celle de ses semblables.

La réalisation de Pollack plutôt sobre et proche des personnages sait se faire virtuose lors des incroyables scène d'épreuves de derby où le sentiment d'urgence et d'épuisement est palpable. L'implication du casting fait le reste. Jane Fonda est incroyable en cynique revenue de tout s'accrochant à cette dernière chance, Red Buttons est vraiment touchant en vieux marin jovial et on remarque un toute jeune Bonnie Bedelia (future Madame McLane dans les Die Hard) en femme enceinte à bout de forces. Le final totalement nihiliste et désespéré achève le spectateur pour de bon, anticipant les conclusions jusqu'au boutistes qui peupleront le cinéma du Nouvel Hollywood.


Sorti en dvd zone 2 français mais entre l'image catastrophique et l'absence de vo cette édition est à fuir. Privilégier le zone 1 MGM VOSTF

1 commentaire:

  1. L'anti-Minnelli, donc...
    Autres réussites de Pollack :
    http://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/07/les-chasseurs-de-scalps-noirs-et-blancs.html?view=magazine
    http://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/07/yakuza-voyage-tokyo.html?view=magazine

    RépondreSupprimer