Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 31 octobre 2010

Divorce à l'italienne - Divorzio all'italiana, Pietro Germi (1961)

Un noble sicilien veut se remarier, mais comme le divorce est illégal en Italie, il fait tout pour que sa femme tombe amoureuse d’un autre homme, pour pouvoir les surprendre ensemble, la tuer et n’avoir qu’une peine légère pour crime d'honneur. 

Divorce à l’Italienne fut le film du grand changement pour Pietro Germi. Auparavant apparenté à un cinéma sérieux et intellectuel le réalisateur tente sur les conseils de son ami Mario Monicelli (qui vient de triompher avec Le Pigeon et La Grande Guerre) de se réorienter vers la comedia all'italiana soit la comédie italienne grinçante désormais genre phare depuis le succès du Pigeon. Le regard acerbe de Germi se fait donc désormais sous la forme de l'ironie, la distance, l'humour noir et force est de constater qu'il déploie des capacités extraordinaire pour cette première tentative.

Sous l’enrobage de la comédie, le film dénonce un archaïsme de l’Italie d’alors, l’interdiction de divorcer qui ne sera autorisée qu’en 1971. Le scénario délivre une critique grinçante et tordante du pouvoir encore prédominant de l'église dans le quotidien des Italiens de l'époque, où la bondieuserie grotesque et hypocrite va pousser Mastroianni à monter un plan rocambolesque pour tout simplement quitter sa femme et aller avec celle qu'il aime. Germi fustige également les mœurs moyenâgeuses qui règnent encore en Sicile avec ce fameux article de loi italien sur le crime d'honneur, moins sévèrement puni s'il est attesté, et dans lequel va s'engouffrer le héros pour arriver à ses fins.

Les années ont passées et on a cette fois l'impression par instant de regarder une version bien plus méchante des Pain, amour et fantaisie dont toute la tendresse a disparu pour ne garder que le côté moqueur. L'ouverture est un grand moment avec Mastroianni décrivant en voix off la petite communauté avec acidité et annonce la tonalité générale du film. Ce héros totalement blasé profitant des travers de son monde occasionne pas mal de grands moments : le running gag de la soeur constamment trouvée en situation compromettante avec son fiancé, la très irritante femme de Mastroianni (Daniela Rocca fabuleuse) toujours en demande de preuve d'amour ou les voisins du château et le père frisant l'arrêt cardiaque dès qu'il est question de la vertu de sa fille.

Timing comique une nouvelle fois extraordinaire de Mastroianni, visage placide toujours détaché, la mine fatiguée et toujours le petit tic génial qui vous fait plier de rire, ici un petit claquement de bouche machinal de satisfaction dès que les choses tournent en sa faveur. Un petit chef d’œuvre corrosif qui est également l’occasion de découvrir une toute jeune Stefania Sandrelli au visage virginal et à l'allure provocatrice affolante, notamment lors d’une dernière scène d’une ironie mordante.

Le film est un véritable triomphe commercial en Italie (et sera récompensée de l'Oscar du meilleur scénario tandis que Germi sera nominé pour le meilleur réalisateur) et lance Germi dans le genre pour d'autres immenses réussites futures. Séduite et abandonnée prolongera les thèmes et le cadre sicilien de Divorce... pour aborder la question du mariage forcé et l'extraordinaire Signore & Signori offrira un regard mordant sur la bourgeoisie provinciale italienne (les deux films ont déjà été largement évoqués sur le blog).

Sorti en dvd zone 2 français chez SNC

Extrait

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