Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 22 octobre 2010

Depuis ton départ - Since You Went Away, John Cromwell (1944)


Seule pour élever ses filles après le départ de son mari à la guerre, Anne Hilton reçoit de nombreuses lettres de celui-ci et aime partager leur lectures avec ses filles. Mais un jour, elle reçoit un avis de disparition.

Adaptation d'un roman de Margaret Buell Wilder, une belle production O'Selznick qui s'attarde sur les laissés pour compte des récits sur la Seconde Guerre Mondiale à savoir les familles dont les membres furent mobilisés au front. Sans réelle intrigue directrice, le film nous fait ainsi suivre la manière dont est vécue l'absence du père au sein de la famille Hilton, désormais réduite à la mère courage incarnée par Claudette Colbert et ses deux filles, l'adolescente Jane (Jennifer Jones) et la plus jeune Bridget (Shirley Temple).

Le poids du vide laissés par l'absent se manifeste dès la magnifique séquence d'ouverture où la caméra s'attarde sur son fauteuil vide, puis parcourant la pièce sur les objets évoquant le passé heureux de la famille. Tout les éléments sont là pour donner dans la mièvrerie agaçante (hormis l'odieuse mégère jouée par Agnès Moorehead tout les personnages sont globalement positif et ont un bon fond) mais la justesse des situations et l'interprétation inspirée distille finalement une incroyable chaleur et émotion.

Claudette Colbert incarne à merveille cette femme seule héritant sans y être préparée de l'entière gestion d'un foyer et alterne douce mélancolie et vraie légèreté avec brio. La plus impressionnante est cependant Jennifer Jones passant de l'ado insouciante à l'amoureuse transie puis la jeune femme accomplie avec une prestance et une grâce qui laisse pantois, pas la plus spectaculaire de ses performances (on est loin des rôle sulfureux et volcanique qui feront sa gloire) mais sûrement la plus touchante. Shirley Temple complète le trio pour un de ses premiers rôles adolescent (si ce n'est le premier) où elle s'avère tout aussi pétillantes que dans ses interprétations enfantines (elle parait d'ailleurs bizarrement plus jeune que dans I'll be seing you sorti la même année).

La vie continue donc au rythme des amours et amitiés naissante tandis que l'attente fébrile des nouvelles du front pèse tel une chape de plomb dans l'esprit de chacun. C'est réellement un films de personnages ici nombreux à graviter autour des Hilton et dont le caractère et les problématique oriente chaque direction narrative du film. Robert Walker (mari de Jennifer Jones à la ville avant qu'elle soit avec David O'Selznick) est ainsi très attachant en soldat timide et emprunté amoureux de Jennifer Jones, ayant du mal à sortir de l'ombre de son bougon grand père campé avec énergie par Lionel Barrymore. Joseph Cotten amène une légèreté bienvenue avec sa figure d'oncle (presque une lecture positive de son personnage de L'Ombre d'un Doute amusant) séducteur au bagout irrésistible. Sous ce détachement il tire également son épingle du jeu en dévoilant subtilement les réels sentiments qu'il a pour Claudette Colbert.

D'un début très drôle et insouciant, le ton du film avance dans une certaine mélancolie alors que le manque de l'autre se fait sentir et que les drames rattrapent forcément la famille. L'alchimie entre les trois actrices fait merveille que se soit la communion lors de la lecture des lettres du père au coin du feu ou la réaction de chacune lors des moments douloureux tel cette réaction digne et bouleversante de Jennifer Jones à une terrible annonce pour elle.

Nous sommes dans une production O'Selznick donc en dépit du ton intimiste, les moments visuellement spectaculaires abondent : une séquence de bal extraordinaire aux décors impressionnants et surtout scène de séparation à la gare qui multiplie les prouesses et transcende totalement l'émotion du moment,fabuleux. Tout juste reprochera t on peut être une longueur un poil excessive, les 3h se font clairement ressentir dans la dernière demi heure mais le film est tellement vibrant (superbe musique de Max Steiner) et plein de grâce qu'on pardonnera aisément ce petit défaut.


Sorti en dvd zone 1 chez MGM et doté de sous titres français

Le magnifique pré générique d'ouverture et la première séquence sur la belle musique de Max Steiner

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