Un superbe mélodrame, poignant et subtil à mettre parmi les meilleur film de William Dieterle. Etats-Unis, en pleine Seconde Guerre Mondiale, un soldat en permission (Joseph Cotten) fait la connaissance dans le train d'une charmante jeune femme (Ginger Rogers) avec qui il sympathise rapidement. Pourtant quelque chose sonne faux dans cette rencontre, les deux semblant dissimuler des informations plus douloureuse sur leur situation respective. On apprendra ainsi progressivement que Cotten souffre du traumatisme du soldat suite à une blessure et que Ginger Rogers purge en fait une lourde peine de prison pour un crime involontaire et que sa liberté est due à une permission exceptionnelle pour bonne conduite durant les fêtes de fin d'années.
Dieterle use d'une remarquable finesse psychologique pour dévoiler puis faire ressentir la profonde solitude et le tourment intérieur de ses héros. Ce sera de manière plus "physique" avec Joseph Cotten dont la prestation trahi tout les doutes de son personnage traumatisé par la guerre et inadapté à la civilisation. L'acteur délivre une de ses plus intense prestation, le regard fuyant et cherchant ses mots toujours à la limite de la crise nerveuse en début de film, puis progressivement détendu chaleureux et aimant au contact de Ginger Rogers. Avec cette dernière, Dieterle joue plus sur sa pure performance et une mise en scène subtile pour illustrer la honte et la dissimulation que sa situation entraîne.
Ces facettes sont ainsi abordés alternativement tout en retenue (voir le flashback traumatique de Ginger Rogers remarquable) ou de manière plus frontale comme ce moment intense où Dieterle fait ressentir comme rarement le bouillonnement fiévreux d'une crise d'angoisse avec Joseph Cotten. Au passage le scénario égratigne pas mal un certain esprit belliciste régnant alors aux Etats-Unis à travers des échanges (le passage avec le barman nostalgique du front, les politiques demandant l'opinion des soldats en permission à la fin) où des situations en arrière plan (les enfants jouant à la "guerre") qui agressent constamment un Joseph Cotten à l'équilibre encore très précaire. On peut soupçonner les origines européennes de Dieterle dans cette manière critique mais pas vindicative de dépeindre ce moment précis de son pays d'accueil.
Le seul havre de paix semble être la chaleureuse famille de Ginger Rogers, faisant osciller le film entre le pur drame et la comédie de noël plus légère. On trouve d'ailleurs une pimpante Shirley Temple désormais adolescente dans un rôle jouant bien la nature mi exubérante mi agaçante bien connue de ses rôle enfantins avec un très attachant et immature personnage. Là aussi Dieterle est des plus habile, la relation entre Temple et Ginger Rogers est très belle et les différents moments les rapprochant (les étiquettes séparant leur affaires enlevées après le dur aveu de Rogers) notamment une scène très émouvante en conclusion lorsque Temple comprend son erreur d'avoir dévoilé le passé de sa cousine et tente de la réconforter. L'alchimie entre Cotten et Rogers (peut être son plus beau rôle versant dramatique) porte haut l'émotion suscité par le film, en particulier les retrouvailles finales splendide.
Disponible uniquement en dvd zone 1 chez Mgm et doté de sous titres français.
Extrait des dix premières minutes
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