Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 23 octobre 2010

Le Cave se rebiffe - Gilles Grangier (1962)

 


Charles Lepicard, Maître Lucas Malvoisin et Éric Masson veulent monter une affaire de « fausse mornifle ». Éric pense avoir « à sa pogne » un graveur hors pair, celui d'un certain Mandarès, Robert Mideau, le « Cave », c'est-à-dire dans le langage des truands, un être ordinaire, crédule et ignorant des pratiques et des codes du milieu. Mais l'affaire ne devient possible qu'avec le concours de Ferdinand Maréchal alias « Le Dabe », ancien faux-monnayeur de haute volée. Retiré sous les tropiques après une dernière affaire ratée, il reçoit la visite de Charles qui lui propose un dernier coup d'anthologie sur le Florin. Le Dabe accepte de s'occuper de l'affaire et revient à Paris. La fine équipe se met au travail. Sous la houlette du Dabe, Robert Mideau ne se montrera pas aussi « cave » que prévu… 

 

Deux ans avant Les Tontons Flingueurs, le film de Grangier traçait toutes les grandes lignes de la comédie policière à la française. C'est en fait une adaptation d'un roman de Albert Simonin dont il ne reste pas grand chose hormis la trame principale, le livre étant le 2e volet d'une trilogie comprenant Touchez pas au grisbi et Les Tontons Flingueurs et narrant les aventures du truand vieillissant Max Le Menteur qui se verront grandement modifiées dans les versions filmiques. Gilles Grangier illustre à merveille le scénario brillant co écrit avec Simonin et Audiard, ce dernier livrant un festival quasi ininterrompu de répliques d'anthologie. 

Gabin est génial en faux monnayeur chevronné, sûr de sa force et hautement méprisant envers les abrutis qui lui servent de complices notamment un Bernard Blier excellentissime. Maurice Biraud, éternel et grand second rôle, livre une de ses meilleures prestations en "cave" qui ne s'en laisse pas compter et est avec Gabin le seul personnage vraiment droit (à sa manière) du film tandis que Blier, Villard et Balpetré constituent des acolytes retords et cupides, aux antipodes du professionnalisme assuré du Dabe. A noter aussi une Martine Carol sur le déclin et très amusante en greluche adultère et un peu idiote régulièrement rabrouée par Gabin ainsi que ce bon vieuxux Robert Dalban dans un petit rôle de flic . Sous la rigolade et les bons mots, l'art de la fausse monnaie est vraiment bien traité avec tout un processus très documenté que ce soit l'aspect technique ou la manière codée et discrète dont s'effectue les transaction, ça reste crédible de bout en bout. 
Le film aligne les scènes cultes comme lorsque Gabin raconte sa combine ratée avec le florin, son outrance pour amadouer Biraud où encore la conclusion (énorme lorsqu'il file une énorme gifle à Villard "Et ça c'est une surprise ?") en forme d'arnaque parfaite. Un vrai plaisir pour l'amateur de ce type de polar français sous ce mode léger. Et petit florilège de Audiard parce que c'est bon !  

 - Ah évidemment j'en suis pas encore aux toiles de maître, mais enfin c'est un début! - Oh... c'est un début qui promet. Mais tu vois si j'étais chez moi comme tu le disais si gentiment, bah j'mettrai ça ailleurs. - Qu'est-ce que je disais, y s'rait mieux près de la fenêtre. Tu le verrais où toi ? - À la cave. B.Blier/J.Gabin  

- Entre nous, Dabe, une supposition... Hein, je dis bien une supposition, que j'ai un graveur, du papier, et que j'imprime pour un million de biftons. En admettant, toujours une supposition, qu'on soit cinq sur l'affaire, ça rapporterait, net, combien à chacun ? - Vingt ans de placard. Entre truands, les bénéfices ça se partage, la réclusion, ça s’additionne. B.Blier/J.Gabin

 - J't'enverrai un gonze dans la semaine. Un beau brun avec des petites bacchantes. Grand. L'air con - Ca court les rues les grand cons. - Oui mais celui là, c'est un gabarit exceptionnel! Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre étalon! Y serait à Sèvres! J.Gabin / F.Rosay  

Sorti en dvd zone 2 français chez René Chateau  

Extrait

 


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