Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 24 mai 2012

À cheval sur le tigre - A cavallo della tigre, Luigi Comencini (1961)


Ciacinto, pas vraiment délinquant ni très méchant, se fait pincer alors qu'il simulait le vol de sa camionnette. En prison, il est entrainé malgré lui dans une évasion par de redoutables tueurs...


Mario Monicelli et Luigi Comencini avaient chacun de leur côté contribué à la naissance de la commedia all’italiana, versant féroce et moderne de la comédie italienne qui trouveraient son âge d’or dans les années 60 et 70. Comencini même sans y inscrire la méchanceté de ses œuvres futures avait déjà amorcé la transformation du genre de son attachant diptyque Pain, amour et fantaisie/Pain amour et jalousie. Monicelli frappe lui un grand coup avec Le Pigeon où sujet social et tonalité néoréaliste sont dynamité par un humour dévastateur pour le plus consternant des films de casse.

Fort de ses succès, les deux amis décident de s'associer au célèbre duo de scénariste Age/Scarpelli pour créer leur propre société de production. A Cheval sur le tigre sera le premier film de cette société, les quatre compères en coécrivant le script. Cette tentative ne convainc pas totalement car voulant reproduire de manière trop visible et forcée le mix comédie/néoréalisme du Pigeon, et cela au détriment de l'intrigue et du genre dans lequel le film s'inscrit au départ, la comédie policière.

La première partie est pourtant géniale, plongeant le héros Nino Manfredi trouillard et pas très futé plongé au milieu de bandits de grand chemin aux mines patibulaires. On rit de bon cœur plus d'une fois à le voir se faire intimider et se prendre régulièrement des raclées à chaque gaffe commise. Nino Manfredi apeuré et dépassé est excellent comme à son habitude et la présentation des truands l'entourant est des plus inventives, entre la brute épaisse Tagliabue (imposant Adorf), le fourbe La Souris et le fantasque Paliateo joué par Gian Maria Volonte. La scène d'ouverture qui voit le héros mettre en scène de manière lamentable sa fausse agression donne le ton quant à ses aptitudes criminelles et la façon dont il tombera de Charybde en Scylla tout au long du récit, jeté en prison puis associé à des voyous d’envergure.

Passé l'évasion (beaucoup trop tarabiscotée), le soufflé retombe malheureusement. Alors qu'on s'attend à voir Giacinto embarqué contre son gré dans le banditisme de grand chemin, le film perd de vue peu à peu tous les personnages géniaux introduit au départ et s'attarde plus que de raison sur la cavale erratique des évadés. Malgré quelques moments amusant (la petite fille kidnappée pour rien) on s’ennuie lors de longues descriptions de la misère paysanne qui ralentissent l'intrigue.

Le film souffre en fait de la période de sa conception, où la comédie n’est pas encore totalement affranchie de l’esthétique néoréaliste et de l’obligation de délivrer un message sous les rires. Le Pigeon y parvenait brillamment car le sujet s’y prêtait, tout comme des réussites plus précoces des années 50 comme Dommage que tu sois une canaille qui associait ton social et comédie romantique.

Là où l’on s’annonçait un tordant détournement de polar, A cheval sur le tigre propose un entre deux où rien ne fonctionne vraiment, comique comme social. L'ultime retournement de situation et le misérabilisme bien poussé qui le précède confirmera cette impasse. Comencini rectifiera le tir avec les grandes réussites à venir plus équilibrées (L’Argent de la vieille, Mon dieu comme suis-je tombée si bas ?) tout comme Monicelli dès le suivant et mémorable La Grande Guerre.
Sorti en dvd zone 2 chez Opening
Extrait

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