Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

lundi 14 mai 2012

Combat éternel - The Lamp Still Burns, Maurice Elvey (1943)


La Grande-Bretagne, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Hilary Clarke est infirmière dévouée qui croit en sa mission médicale en ces temps difficiles. Totalement investie dans son activité, elle est déstabilisée par l'arrivée d'un nouveau patient, un riche et séduisant industriel. Peu à peu, elle se sent tomber amoureuse...

Un joli film en forme d'ode au difficile et estimable métier d'infirmière. Le film est adapté du roman One Pair Of Feet de Monica Dickens paru l'année précédente et qui est en grande partie autobiographique. Monica Dickens, arrière-petite-fille du grand Charles Dickens se détourna dès son plus jeune âge du milieu aisée dont elle était issue et après avoir été exclue d'écoles prestigieuses comme la St Paul's Girls' School, elle obtenu de sa famille d'être émancipée avant sa majorité.

Dès lors et parallèlement à sa future carrière d'écrivain elle passerait sa vie à se dévouer aux autres que ce soit en exerçant des métiers difficiles comme cuisinière, servante, infirmière ou plus tard en travaillant au sein d'associations humanitaires œuvrant contre la maltraitance des enfants entre autres. Chacune de ces expériences nourrira sa carrière d'écrivain, son premier livre One pair of Hands s'inspirant de sa période de servante, plus tard My Turn To Make The Tea de son travail dans une usine d'aviation durant la guerre et donc One Pair Of Feet de l'époque où elle fut infirmière. Pour Monica Dickens vouer sa vie au bien-être d'autrui est comme entrer en religion et Maurice Elvey capture parfaitement cela dans son adaptation et la personnalité volontariste de l'héroïne incarnée par Rosamund John. Hilary Clarke (Rosamund John) est une jeune architecte bien installée ayant hérité du cabinet de son père et qui par ses aptitudes est parvenue à s'imposer dans ce monde d'homme. Pourtant le jour où son commis est victime d'un accident et qu'elle doit l'accompagner à l'hôpital, la vérité la frappe comme une évidence.

La scène est filmée comme une sorte d'épiphanie visuelle où se mélangent les mines bienveillante et rassurante des infirmières, l'urgence et le mouvement permanent des lieux et surtout les cohortes de malades en attente et dans le besoin. Hilary l'a compris, sa vraie vocation est là et pas dans une carrière certes prestigieuse mais qu'elle n'a pas choisie et va ainsi embrasser une formation d'infirmière, en véritable double de Monica Dickens. Dès lors on suit avec une rigueur documentaire le difficile quotidien des infirmières à travers l'apprentissage d'Hilary. Personnels limités, gardes étirées et harassantes, exiguïté du modeste hôpital et surtout une discipline de fer à laquelle elle a bien du mal à se plier constituent les multiples embûches auxquelles Hilary doit se plier. La plus difficile épreuve sera pourtant celle soumise à son cœur lorsqu'elle sera amenée à soigner Rains (Stewart Granger) client de son ancienne carrière d'architecte.

Amoureuse, sa bienveillance envers lui va plus loin que sa simple fonction et lui animé des même sentiments n'aura de cesse de l'enlever de ce cadre. Rosamund John déterminée et fragile à la fois offre une belle prestation tout en retenue (et retrouvera ce même métier d'infirmière en plus ambigu dans le thriller Green for Danger de Sidney Gilliat). Le film se montre d'ailleurs étonnamment critique avec le milieu hospitalier : si les infirmières sont des êtres sacrificiels ne vivant que pour leur métier, les gestionnaires eux ne se préoccupent guère de leur sort comme le montre une cynique séquence où ils tentent de répartir au mieux une généreuse donation qu'a reçue l'établissement. La grande question du film est de savoir si on peut mener une vie de femme tout en exerçant ce métier. La réponse est entre les deux et rendue insoluble par les conditions dans lesquelles travaillent ces femmes.

Le sacrifice est terrible et certaines ne l'accepteront pas sans que cela leur soit reproché et pour les autres (à l'image de la Matron vétérante jouée par Cathleen Nesbitt) restera l'immense satisfaction du devoir accompli et de l'aide apportée à ceux qui en eurent besoin. Pour Hilary la réponse est évidente et s'affirme dans une sobre et touchante conclusion.

Sorti en dvd zone 2 anglais et disponible au sein du coffret ITV consacré à Stewart Granger doté de sous-titres anglais.

Pour les anglophones il semble que le film est en entier sur youtube si certains veulent se faire une idée, ça ne va pas durer sans doute.

3 commentaires:

  1. C'est sans doute le film que j'ai le moins apprécié dans le coffret Granger, car je l'ai trouvé très très mélo... C'est un "produit" typique de l' "effort de guerre", et il aurait sans doute gagné à un peu moins de manichéisme.

    RépondreSupprimer
  2. C'est que c'est très mélo il faut être client mais c'est bien amené je trouve et pour le manichéisme dur quand même de ne pas être du côté de ces infirmières harassées de travail l'empathie a bien fonctionné pour moi. Avez vous vu "Green for danger" de Sidney Gilliat réalisé à la même période? Ce film joue pas mal de l'imagerie bienveillante de de Rosamund Johns dans "The Lamp still Burns" et lui fait à nouveau jouer une infirmière pas tout à fait aussi recommandable. Très bon film aussi j'en parlais là http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2012/02/la-couleur-qui-tue-green-for-danger.html

    RépondreSupprimer
  3. Non, je n'ai pas vu ce film. Je vais suivre le lien... :-D

    RépondreSupprimer