Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 21 mai 2012

Ville haute, Ville basse - East side, West Side, Mervyn LeRoy (1949)


La relation d'un couple beau, riche et heureux va être perturbée par l'irruption d'une ancienne connaissance du mari, belle, riche, et heureuse. Brandon Bourne ne peut se détacher de sa maîtresse, Isabel Lorrison. Sa femme, Jessie, tente malgré tout de lui conserver son amour. Lorrison est découverte assassinée. Le détective qui mène l'enquête tombe amoureux de Jessie, malgré la présence de la douce Rosa.

Un beau drame apportant une vision plutôt intéressante du couple et de l'adultère, loin des conventions inhérente au Code Hays. Brandon et Jessie Bourne forme un couple riche et heureux vivant dans les beaux quartiers New Yorkais. Mervyn Leroy dès l'ouverture tente d'illustrer ce bonheur de toutes les manières possibles : l'opulence de la luxueuse demeure du couple, la multitude de mots regard complice et mots tendres échangés ou encore l'entente parfaite entre la belle-mère et son gendre lors du dîner.

Tout cela semble trop beau pour être vrai et si les Bourne semblent en tout point radieux, le malaise dissimulé par cette façade s'illustrera tout d'abord par leur entourage à travers une remarque de la belle-mère puis plus concrètement à travers l'attitude de Brandon (James Mason). Après une un verre avec un collègue, Brandon prolongera sa soirée dans un club où il croise la sulfureuse Isabel Lorrison (Ava Gardner) croqueuse d'homme qui faillit bien briser son mariage un an plus tôt et qui est de retour en ville.

Dès la première scène commune où Ava Gardner happe littéralement Mason de sa présence érotique, on sait malgré sa faible résistance qu'il ne résistera pas. L'enjeu se situe donc dans la réaction de l'épouse digne jouée par une touchante Barbara Stanwyck. Humiliée par les infidélités de Mason, elle espère pourtant toujours qu'il lui revienne jusqu'à sa rencontre avec le vétéran Mark Dwyer (Van Helflin) qui en est tout l'inverse.

Droit, fort de caractère (il rompt avec Cyd Charisse dès qu'il que des sentiments naissent chez lui pour Stanwyck) et compréhensif, Dwyer est campé avec le jeu franc et direct qu'on apprécie chez Van Helflin et qui inspire attachement et confiance. A travers le titre est sous-entendu aussi que ces différences de mœurs sont d'ordres sociales à travers les horizons différents des personnages symbolisés par leurs quartiers.

Mason le nanti qui a toujours tout eu sera donc un époux indigne car constamment insatisfait de son bonheur à portée de main (la métaphore qu'il fait sur les roses de jardin et des champs en début de film), le stupre des beaux quartiers se répercutant à travers la vénéneuse Ava Gardner, ses amants richissime et bien sûr le rebondissement final. A l'inverse Van Heflin est un homme déterminé et respectueux sachant ce qu'il veut mais pas prêt à tout pour l'obtenir, trait suggéré par son passé modeste dans un quartier populaire. Et là encore la relation et la rupture avec Cyd Charisse tout en compréhension et simplicité offre un contraste saisissant avec les agissements de la "Ville Haute". Cela pourrait paraitre simpliste mais suffisamment bien amené par le script pour ne pas être trop grossier.

LeRoy offre une mise en scène élégante et entièrement au service de ses acteurs, tous formidables. James Mason rend étonnement touchant cet homme aimant mais faible, plus pathétique que réellement détestable. L'alchimie entre Van Heflin et Barbara Stanwyck est parfaite, tissant de jolis moments intimistes (la scène de la cuisine) tandis que malgré une moindre présence Cyd Charisse déborde de charme juvénile.

Ava Gardner en pure figure séductrice irradie de provocation sobre le film un peu trop sage. Le virage policier de la conclusion n'est pas vraiment convaincant par contre, que ce soit l'enquête quelque peu expédiée et surtout le fait de forcer la décision de Stanwick dont le personnage était suffisamment riche pour se décider sans cet argument un peu gratuit tel qu'il est amené. Hormis cette réserve finale très bon film tout de même.

Sorti en dvd zone 1 chez Warner et doté de sous-titres français


2 commentaires:

  1. Un film très agréable, en effet, même si l'intrigue policière est très succincte et prévisible dès le début. Ava Gardner dégouline de glamour (son entrée dans le night club est étonnante...) et c'est assez amusant de la voir se confronter à la méga-star Barbara Stanwick (son ancienne rivale, dans la vie), ce qui devait pimenter l'action pour les cinéphiles de l'époque, au fait des potins hollywoodiens...
    Le trio de dames est tout à fait passionnant dans ses archétypes affichés : on se trouve confronté à une vision de la femme vraiment hollywoodienne, qui ferait hurler une féministe, n'était la figure volontaire de la belle-mère (le jeu d'échec préfigure déjà toute l'action...)
    Le personnage de James Mason, Brandon, le paraît plus manipulé que faible, et il est sans doute davantage la victime des intrigues d'Isabel Lorrison (cette fois-ci, en tout cas) qu'un mari volage. Mason insuffle suffisamment d’ambiguïté dans son jeu pour qu'on mette en doute ses véritables sentiments, ce qui nourrit un personnage assez falot sur le papier.
    Dans un tout autre genre, Van Heflin a été confronté à Barbara Stanwick dans un chef-d'oeuvre du film noir, "The Strange Love of Martha Ivers", avec en prime un Kirk Douglas étonnant. Dommage que cet acteur solide et charismatique n'ait pas forcément eu les grands rôles qu'il méritait !
    A noter que la romancière qui a écrit le roman dont est tiré le film est Marcia Davenport, la fille de la grande soprano Alma Gluck et belle fille du violoniste Efrem Zimbalist. On a également tiré un film de son roman, The Valley of Decision. ( http://en.wikipedia.org/wiki/Marcia_Davenport )
    Emma

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  2. Oui c'est vraiment dommage pour le virage policier final un peu expédié et pas convaincant. James Mason est vraiment épatant comme souvent il arrive à faire passer le côté coupable/victime de son personnage sans le rendre ni trop avenant ni complètement détestable alors que le script ne semble pas si fin de sa description c'est vraiment lui qui rend cette nuance. Entre celui-là et "Derrière le miroir" de Ray en tout cas mieux vaut ne pas avoir James Mason en chef de famille ^^. J'aime beaucoup Van Heflin également qui a tout de même quelques très beaux rôle comme "3h10 pour Yuma" mais pas assez sans doute pour un tel talent.

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