Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 7 janvier 2016

That Sinking Feeling - Bill Forsyth (1979)

Ronnie, Wal, Andy et Vic sont quatre adolescents qui s'ennuient, chômeurs de la ville triste et pluvieuse de Glasgow. Ronnie a l'idée de réaliser le casse d'éviers en acier inoxydable qui pourrait rapporter gros.

Local Hero (1983) sera le film de la reconnaissance internationale pour le cinéaste écossais Bill Forsyth, précédé par le succès critique de la charmante chronique adolescente Gregory's Girl (1981). Ce second film constituait l'aboutissement du brouillon que constitue That Sinking Feeling réalisé deux ans plus tôt. Les deux films partagent un casting quasiment identique puisque Bill Forsyth repris les jeunes acteurs recrutés au sein de du Glasgow Youth Theatre. Après une formation à la National Film and Television School et une expérience de monteur au sein de la BBC, Bill Forsyth retourne à son Ecosse natale pour fonder sa compagnie de production Tree Film. Il s'y spécialise dans le documentaire (genre où il fit ses premières armes en 1964 après avoir été recruté sur petite annonce) mais aspire à passer à la fiction. Ce sera chose faite avec That Sinking Feeling qui aura l'insigne honneur d'être le premier film à être entièrement produit et financé (pour le minuscule budget de 5000 livres) en Ecosse, tous les tournages précédents au sein du pays ayant toujours été des coproductions anglaises ou hollywoodiennes.

L'expérience documentaire du réalisateur et une filiation évidente avec Ken Loach se ressent dès l'ouverture du film. Dans Kes (1969), l'environnement du jeune héros le condamnait à un certain déterminisme social où l'amour pour son faucon constituait une respiration dans un futur le poussant vers la délinquance ou le maintien dans ce milieu modeste et ouvrier. On pourrait penser que le constat de That Sinking Feeling, la délinquance constituant désormais la seule voie pour ces post adolescent au chômage. Tout pousse à la sinistrose avec ce Glasgow tout en désolation urbaine grisâtre ou déambule les protagonistes déprimés par leur poches vides et inactivités.

Bill Forsyth va pourtant aller à rebours de ce spleen ambiant avec un récit sacrément ludique. La scène d'ouverture donne le ton en évoquant par l'humour cette misère sociale lorsqu'un des héros (John Hughes) passe devant un stand de sandwich et s'éloigne l'air ahuri et gêné quand il verra qu'il n'a pas les 45 pences demandés. Tous les personnages sont introduit selon ces deux niveaux de lectures amusés et pathétiques, que ce soit Ronnie (Robert Buchanan) se plaignant devant la statue d'un héros national de ne pas trouver de job, sans parler de cet autre protagoniste testant en magasin des chaînes hi-fi qu'il n'a bien évidemment pas de quoi se payer.

Lassé de ce marasme Ronnie a une idée de génie pour renflouer le groupe, organiser le cambriolage de ce qui constitue la gloire industrielle locale, des éviers en aciers inoxydable. On est ainsi parti pour une sorte de variante écossaise du Pigeon (1958) de Mario Monicelli : les préparatifs, l'exécution en passant par l'écoulement du butin constitue un ensemble sacrément loufoque. Parmi les moments les plus tordants on verra le travestissement grossier en vue de séduire le gardien de nuit, le running gag du patron endormi et ronflant victime de la mixture de l'étudiant en médecine du groupe (afin d'emprunter son camion à son insu) ou la vente en forme de moquerie de l'art contemporain.

Malgré les problèmes de rythmes et le côté un peu inégal d l'ensemble, c'est vraiment le capital sympathie qui domine d'autant que Forsyth fait preuve d'un vrai brio formel. Cette art de la rupture de ton, du rebondissement inattendu et de cette équilibre entre l'anodin et l'humour potache fonctionne pourtant bien et trouvera un aboutissement avec le plus maîtrisé Gregory's Girl.

Sorti en dvd zone 2 anglais et bluray (sous-titres anglais) à la BFI 


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