Quatre hommes
commettent un vol dans la caisse d'un stade de football, puis prennent la
fuite. Chacun de leur côté, ils vont tenter d'échapper à la police...
Pietro Germi sera passé à la postérité pour ses brillantes et
cinglantes comédies, bousculant avec brio les travers sociaux de l’Italie d’alors
dans Divorce à l’italienne (1961), Séduite et abandonnée (1964) ou encore Signore e signori (1966). Des œuvres qui
lui valurent entre autres une Palme d’or
(pour Signore e signori)
et un Oscar du meilleur scénario original (pour Divorce à l’italienne)
mais qui ne constituent finalement que les îlots d’une filmographie bien plus
riche. Pietro Germi aura ainsi donné avec un égal brio dans le néoréalisme
tardif dans le magnifique Le Disque Rouge (1956) et témoigné d’une vraie
influence du cinéma américain à travers ses incursions dans le film noir comme Meurtre à l'italienne (1959) ou ce Traqué dans la ville.
Le film constitue
un avatar italien des films noirs américain mettant en scène un casse et son
inéluctable échec comme Quand la ville dort (1950) de John Huston, Le
Coup de l’escalier (1959) ou L’Ultime Razzia (1956). On pense aussi
parfois à la veine documentaire de certain des premiers polars d’Anthony Mann
avec cette voix-off commentant les actions de la police. Le hold-up ouvre ici
le film avec quatre hommes volant la recette d’un match de football pendant le
déroulement de celui-ci. Dès cette entrée en matière, on constate la manière
dont Germi va s’approprier la fatalité propre au film noir.
Les malfrats ont bon repartir avec le butin, le fait qu’ils ne soient pas des professionnels du crime se ressent à travers leurs extrême fébrilité (se manifestant par la violence, la gestuelle vacillante et les regards apeurés) mais aussi par un manque de préparation certains (leur manière hasardeuse de quitter le stade comme si la topographie des lieux n’avait pas été étudiée avant le coup, l’absence de plan de fuite et point de chute) faisant de cette réussite un coup de chance. Malgré tout, s’ils sont recherchés par la police ils n’ont pas été identifiés et pourraient s’en sortir avec un peu d’organisation. Il n’en sera rien et Germi prolonge tout au long du récit l’angoisse et la tension latente de la scène d’ouverture.
Les malfrats ont bon repartir avec le butin, le fait qu’ils ne soient pas des professionnels du crime se ressent à travers leurs extrême fébrilité (se manifestant par la violence, la gestuelle vacillante et les regards apeurés) mais aussi par un manque de préparation certains (leur manière hasardeuse de quitter le stade comme si la topographie des lieux n’avait pas été étudiée avant le coup, l’absence de plan de fuite et point de chute) faisant de cette réussite un coup de chance. Malgré tout, s’ils sont recherchés par la police ils n’ont pas été identifiés et pourraient s’en sortir avec un peu d’organisation. Il n’en sera rien et Germi prolonge tout au long du récit l’angoisse et la tension latente de la scène d’ouverture.
La fatalité n’est
ici pas forcément due à un destin capricieux mais surtout à la désunion et à l’inexpérience
des apprentis criminels. Le réalisateur dresse un vrai crescendo dramatique où
chacun des protagonistes faillira et se fera prendre par orgueil, lâcheté ou
égoïsme. La mise en scène de Germi se
déploie ainsi avec sécheresse, émotion et cruauté selon la faiblesse témoignée
par les fugitifs, chacun ayant une sortie en rapport avec le travers qui le
perdra. La star de football déchue Leandri (Renato Baldini) après avoir fait
montre d’une brutalité et tension palpable voit son sort scellé d’un coup de
feu en hors-champ, trahi par celle (Gina Lollobrigida) vers qui il était immédiatement venu se
vanter de son éphémère richesse.
Une chape de plomb
inéluctable et la mort pèse sur le récit à travers l’urbanité inquiétante
dépeinte par Pietro Germi. La manière qu’a le réalisateur de capturer son
environnement relève d’un traitement naturaliste dont la sophistication (les
ombres que dessinent la belle photo de Carlo Montuori) amorce ce climat
mortifère et cette issue implacable. Une belle réussite et une preuve de plus
du talent protéiforme de Pietro Germi avec cette œuvre plus méconnue.
Sorti en dvd zone 2 français chez Tamasa
Pietro Germi est un grand cinéaste qui ne m'a pas encore déçu.J'ai vu tous les films que vous citez mais celui-là, je dois me m'acheter, c'est sur la liste !
RépondreSupprimerEt la déception ne sera pas au rendez-vous pour clui-là on retrouve le regard cinglant de ses comédies mais dans une pur veine de film noir tendu à bloc ça devrait tout autant vous plaire. C'est bien que des éditeurs franais se penchent sur cette partie plus méconnue de sa filmographie.
RépondreSupprimerAcheté et vu hier soir. magnifique exercice de style à l'américaine (on pense en effet aux films US que vous citez)sur fond de critique sociale. Noir et implacable. Apre et tendu (85 mn).Belle photo.Une note d'espoir à la fin..en sauvant le jeune Alberto. Concession au producteur, à la mamma italienne ? Encore un trés bon film de Germi. De plus en plus convaincu que Germi est dans la cour des grands.
RépondreSupprimerContent que le film vous ait plu, et bien d'accord sur le statut de Germi. Je vous recommande d'ailleurs cet excellent livre (un des seuls si ce n'est le seul en français) consacré à Germi, plus centré sur ses comédies dont j'avais parlé ici http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2012/07/pietro-germi-et-la-comedie-litalienne.html
RépondreSupprimerMerci pour l'info pour le bouquin.
SupprimerAutre film italien vu récemment et qui m'a beaucoup touché, que je trouve trés réussi. Les enfants nous regardent de V. De Sica.
Oui un beau De Sica méconnu je l'avais évoqué ici sur le blog http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2014/10/les-enfants-nous-regardent-i-bambini-ci.html
Supprimer