À la suite de l'enlèvement d'une jeune femme par les
Apaches, un groupe de cavalerie commandé par le Capitaine Ben Lorrison
se lance à leur poursuite. Ils sont aidés, dans cette affaire, par
l'éclaireur Ward Kinsman.
L'inégal Sam Wood signe son dernier film et une de ses plus belles réussites avec ce Ambush,
unique incursion dans le western. Le film s'inscrit dans la lignée des
films de cavalerie de John Ford mais volontairement délesté de ses
éléments les plus marquants, que ce soit la truculence des personnages
(pas absente mais largement atténué avec le personnage de John
McIntire), l'humanisme et le lyrisme de la mise en scène. A la place,
Sam Wood privilégie une sécheresse qui s'exprime autant dans les moments
forts que ceux plus creux. Pour le premier point la scène d'ouverture
magistrale donne le ton avec ce traveling avant arpentant un sol jonché
de cadavres fraîchement massacrés, avant que la caméra dévoile le
paysage montagneux et leurs bourreaux apaches fuyant au loin.
L'éclaireur Kinsman (Robert Taylor) nous révèle ainsi ses compétences
dans l'action, sa connaissance des rocheuses et des mœurs des apaches
lui permettant de s'extirper du danger. Pourtant à peine sauvé il est
sollicité par Ann Duverall (Arlene Dahl) pour secourir sa sœur enlevée
par le redoutable chef apache Diablito (Charles Stevens).
Plutôt
que nous embarquer dans l'aventure le scénario use du refus initial de
Kinsman pour s'attarder longuement sur le quotidien de la garnison.
L'ennui et le comportement excessif que suscitent l'attente, la place
fragile des femmes et le poids de la rumeur, tout cela se ressent à
travers les différentes sous-intrigues du récit. Le personnage
alcoolique et violent Tom Conovan (Bruce Cowling) qui bat son épouse
secrètement amoureuse du Lieutenant Delaney (Don Taylor) donne ainsi une
idée des passions qui se jouent sous l'étiquette militaire. Il en va de
même avec l'autre triangle amoureux où le rigoureux Capitaine Ben
Lorrison (John Hodiak) se dispute les faveurs d'Ann Duverall avec le
Kinsman dont le tempérament plus libre s'oppose au sien.
Sam Wood ne
force jamais son postulat de possible mélodrame, restant dans une
retenue qui impose cette notion de quotidien. Ainsi à cheval sur le
règlement qu'il soit, Ben Lorrison ne cède jamais à une folie
autoritaire (façon Henry Fonda dans Le Massacre de Fort Apache (1948)) lorsque l'action se noue et s'avère même étonnement valeureux le temps
d'une scène de bagarre où il surclasse Kinsman. Les deux triangles
amoureux trouveront leur résolution à travers les sacrifices au combat
mais en amont Sam Wood ne cède pas au mélo ou au romantisme trop appuyé
sans pour autant négliger les sentiments (notamment le destin douloureux
de l'épouse malmenée jouée par Jean Hagen).
Après cette longue
introduction intimiste, Sam Wood retrouve la nervosité de son entrée en
matière dans la traque de Diablito. La tension sourde parcours
l'ensemble de la traversée de ce panorama montagneux, la violence est
sèche et inattendue (la confrontation entre Kinsman et un indien
sournois) et le réalisateur se montre constamment inventif pour mettre
en valeur son décor. Le film a la justesse de faire jouer de vrais
indiens, autant respecté dans leur culture (usage de la vraie langue)
que mis en valeur dans leurs aptitudes guerrières avec une mémorable et
inventive embuscade finale qui justifie le titre. Robert Taylor est
comme souvent excellent et qui amorce là une belle décennie dans le
western (Convoi de femmes (1950) de William A. Wellman, La Porte du diable (1950) d'Anthony Mann, Libre comme le vent (1958) de Robert Parrish...).
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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Bonjour, j'ai vu ce film cet été sur le cable et l'ai trouvé très ennuyeux. Pourquoi ? Et pourtant, je n'ai rien contre Sam Wood et ce western avait une petite réputation.
RépondreSupprimerSalut Alex6,
SupprimerPeut-être le côté volontairement plus terre à terre peut rebuter par rapport à l'approche plus haute en couleur de John Ford.
j'ai trouvé qu'il ne se passait pas grand chose sans doute à cause des longueurs des séquences au fort, la rivalité amoureuse entre Taylor et Hodiak, ces sous-intrigues et ce côté trop quotidien dont vous parlez.
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