The Stone Roses fut un des groupes majeurs du rock anglais
de la fin des 80’s et du début 90’s. Croisant l’héritage de la pop 60’s (à
travers des mélodies délicates et des guitares carillonnantes inspirées des
Byrds) avec le courant Acid house que traversait l’Angleterre (et préfigurant l’engouement
pour les raves et les musiques électroniques des 90’s), le groupe rencontrerait
un immense succès avec son premier album The
Stone Roses en 1989. Englué dans un procès avec son label et son manager
qui les a spolié de leur royalties, le groupe est interdit de faire paraître de
la musique en son nom pendant des années et végète jusqu’à la sortie tardive de
Second Coming, deuxième album paru en
1994. Cependant le cœur n’y est plus après ces mésaventures et des groupes qu’ils
ont influencés comme Oasis les ont supplantés dans le cœur des fans. En 1995 c’est
la séparation inévitable et l’histoire aurait dû en rester là, maintenant l’aura
culte du groupe.
Pourtant en 2012 les Stone Roses font l’annonce inattendue
de leur reformation imminente et d’une tournée qui doit s’achever en Angleterre
à Heaton Park. Shane Meadows, un des réalisateurs anglais contemporain les plus
intéressants dont l’ancrage social et la passion musicale ne sont plus à
prouver (le tétanisant Dead Man Shoes
(2004), l’excellent This is England
(2006)) s’attèle donc dans ce documentaire à accompagner les préparatifs de ce
retour des Stone Roses. Cette actualité ancre le film dans le présent et le
déleste de l’aura nostalgique du plus récent et formidable Supersonic (2016) consacré à Oasis, puisque toutes les archives
exhumées du glorieux passé des Stone Roses sert un parallèle avec leur
reformation.
Les débuts balbutiant où Ian Brown (chant), John Squire (guitares),
Mani (basse) et Reni (batterie) se rencontrent au sortir du lycée, cherchent
leur style et tâtonnent de longues années alterne ainsi avec les retrouvailles
chaleureuses, notamment une formidable scène de première répétition où l’on
sent les désormais vieux briscards retrouver leur ancienne alchimie. Il en va
de même quant à la personnalité de chacun, les images de 1989 montrent des
post-adolescents timides et repliés sur eux même incapables d’aligner trois
mots en interview quand en 2012 ils jouent avec la caméra de Shane Meadows tout
en parvenant à maintenir ce naturel attachant.
Le réalisateur en vrai fan du groupe se met également en
scène. La ferveur qui accompagne le premier concert « de chauffe »
que donne gratuitement le groupe à Manchester se ressent autant dans l’engouement
populaire que capte Shane Meadows que par son propre enthousiasme face caméra
où il avoue ému n’avoir pas pu voir les voir sur scène du temps de leur
splendeur et profiter de son film pour assouvir son rêve. Ce regard de fan
aurait pu servir une vision trop hagiographique mais les dissensions d’antan
rattrape les Stone Roses et amène une dramaturgie inattendue au documentaire.
Un
concert annulé suite à une dispute permet un nouveau parallèle cette fois plus
négatif avec le passé, nous rappelant au souvenir du tumulte qui conduisit à la
première séparation (notamment l’imprévisibilité de Reni déjà capable de
laisser ses camarades en plan sur un coup de tête). Plutôt que de filmer les
longues négociations et le nouveau rabibochage à effectuer, Shane Meadows
préfère nous en montrer le résultat avec une conclusion triomphale sur le
concert à Heaton Park. Rien de mieux que la musique pour illustrer le lien
indéfectible qui unit les Stone Roses et ce sera sur un Fool’s Gold d’anthologie,
porté par un groove phénoménal qui ne peut fonction qu’avec une vraie cohésion
et plaisir de jouer avec l’autre.
Edité depuis le 15 novembre par Les Films du Paradoxe
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