L'action se déroule durant la "London Season" de Londres, une
institution multiséculaire débutant après la fête de pâques pour se
terminer en aout et durant laquelle toute la bonne société britannique
socialise lors de bals, diners, ou courses hippiques. A l'aéroport Lord
Jimmy Brodbent accueille Jane, sa fille d'un premier mariage, élevée aux
États-Unis. Elle fait la connaissance de sa belle-mère Sheila, une
jeune femme élégante, futile et mondaine. Jane ayant 18 ans, Sheila
décide de la faire débuter dans la société élégante avec présentation à
la cour. Mais Jane n'apprécie ni les soirées mondaines ni les partis
potentiels, à son goût trop guindés, que lui présente sa belle-mère.
Mais Jane, au grand désappointement de sa belle-mère, s'éprend d'un
musicien italo-américain à la réputation sulfureuse.
The Reluctant Debutante sort la même année que Gigi
et bien que plus mineur explore également dans un cadre européen la
découverte de l'amour d'une jeune fille pour Minnelli. Le film adapte la
pièce éponyme de William Douglas-Home jouée en 1955, l'auteur signant
d'ailleurs également le scénario en collaboration avec Julius J.
Epstein. Dans l'ensemble le film a bien du mal à se départir de cette
origine théâtrale même si le raffinement des décors et les atmosphères
chatoyantes - décors de Jean d'Eaubonne, costumes de Pierre Balmain
entre autres - maintiennent néanmoins les standards esthétiques de
Minnelli.
L'intérêt repose plutôt sur le propos du film qui mêle
les traditionnels doutes parentaux face à l'émancipation sentimentale de
leur enfant mais aussi une critique acérée de la haute société
londonienne. Jane (Sandra Dee) américaine par sa mère rejoint son père
anglais (Rex Harrison) à Londres et fait la rencontre de sa nouvelle
épouse Sheila (Kay Kendall). Ces retrouvailles après deux ans amène une
appréhension à la fois pour le père confronté désormais à une vraie
jeune femme, et pour Sheila cherchant l'affection de sa belle-fille. La
transition et les liens pourront ainsi se nouer grâce à la "London
Season", rite de passage où les jeunes filles découvrent le monde à
travers les bals, les rencontres avec les garçons de bonne famille (et
futurs époux potentiels) et le tout sous le chaperonnage attentif de
leur parents.
Même si l'on peut regretter que le film ne s'attarde pas
plus dans le détail des différents codes de ce rituel, Minnelli en
capture néanmoins avec humour le rythme effréné et harassant
(particulièrement dur à suivre pour le père joué par Rex Harrison) mais
aussi la répétition et l'ennui pour Jane. Le titre importe plus que la
conversation dans les rapprochements espérés par les parents, le
scénario moquant tout autant la vacuité des jeunes hommes (David Fenner
et sa conversation ne dépassant pas les problèmes de circulation) que
celle de la mère superficielle et ambitieuse jouée avec délectation par
Angela Lansbury.
Sous la légèreté le propos s'avère tout de même
assez cinglant. La simple rumeur suffit à disqualifier le modeste David
Parkson (John Saxon) dans sa conquête de Jane quand l'ouvertement
libidineux David Fenner (Peter Myers) est absout de tous ses actes, dont
un moment assez dérangeant où il harcèle Jane sous le regard
bienveillant de Sheila. Tout à sa légèreté, le film n'approfondit
cependant pas assez (peut-être est-ce le cas de la pièce passée au
lissage hollywoodien) ces aspects qui auraient pu donner plus de force
dramatique à l'ensemble.
Le but ici est surtout d'offrir un
divertissement pétillant mais si le charme et la fragilité de Sandra Dee
opèrent, les moments de lourdeurs ne manquent pas (l'interminable scène
nocturne dans l'appartement) et sorti de sa beauté ténébreuse, John
Saxon (loin de ses futurs rôles de dur à cuire) est assez transparent et
fait plutôt office de Louis Jourdan du pauvre. Cela en atténue les
émois de l'héroïne et le dilemme amoureux face à un prétendant si terne.
Pas un mauvais moment donc mais un Minnelli très mineur (mais resté assez populaire au point d'avoir son remake en 2003) tout de même.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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