Mary Gibson recherche
sa sœur Jacqueline disparue mystérieusement à Greenwich Village. Son enquête la
mène à une secte satanique.
La Septième Victime
est le quatrième film de l’orientation initiée par le producteur Val Lewton
vers l’horreur suggestive au sein du studio RKO - La Féline (1942), Vaudou
(1943) et L’Homme-léopard (1943) de
Jacques Tourneur ayant précédé. Cette nouvelle direction vampirise ainsi
désormais tous les projets, ce qui n’est pas sans conséquence sur certains
films comme justement La Septième Victime.
Le script initial de Charles O'Neal est une simple enquête à mystère où une
jeune orpheline est impliquée dans un meurtre et la cible d’un serial-killer
dont elle risque d’être la septième victime. Par la suite une seconde mouture
voit le jour écrite par DeWitt Bodeen marqué par sa réelle rencontre avec un
groupe d’adorateurs de Satan à New York. Cet élément est bien évidemment ajouté
au script ce qui entraîne une certaine schizophrénie et plusieurs incohérences
dans le ton et déroulement du film.
L’enquête de la jeune Mary (Kim Hunter) pour retrouver sa sœur
disparue oscille donc entre les différentes directions contradictoires. La
naïveté de l’héroïne se confronte ainsi à un mystère opaque, à des rencontres
étranges et une oppressante cité new yorkaise. On reste cependant dans le « murder
mystery » convenu jusqu’à une fabuleuse scène convoquant les ténèbres
indicibles, une pièce dissimulée dans un corridor sombre abritant la mort. La
marque des productions Newton en somme et que Mark Robson (dont c’est le
premier film après avoir été monteur notamment sur Citizen Kane) amène avec un sens du timing éblouissant.
C’est la qualité majeure du film, ce sens de
l’atmosphère notamment quand se révèle l’identité des satanistes, quidam ordinaires
dont l’aura maléfique se révèle par un réel soudain altéré. Les environnements
urbains et domestiques quelconques prennent une tournure menaçante par les
cadrages de Mark Robson et la photo de Nicholas Musuraca qui rend tous visages
précédemment amicaux soudainement malfaisant. On peut deviner une influence du
film sur le Rosemary’s Baby de Roman
Polanski dans cette manière d’inscrire le possible surnaturel ou le
déséquilibre mental dans le quotidien, de poser un malaise insaisissable.
Mais malheureusement sous le brio formel reste toujours ce
problème d’écriture maladroite. Certaines storylines sont lancées sans trouver
de conclusion satisfaisantes (la romance possible entre Mary et le poète), les
points de vue basculent brutalement (après avoir accompagnée Mary tout le film
la narration se concentre soudainement sur Jacqueline dans la dernière partie)
et les revirements improbables déroutent tel ce discours moralisateur de Tom
Conway qui sème le remords chez les satanistes… C’est vraiment regrettable car
même dans cette confusion il y a pas mal d’idées audacieuse et étranges (l’employée
de Jacqueline dont on peut soupçonner un amour lesbien, la voisine mourante)
mais n’allant pas au bout de leurs idées. Reste donc un film très imparfait
mais à l’influence immense dans les orientations futures du cinéma fantastique.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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