Mark Dixon est
détective à New York. Réputé pour sa brutalité envers les criminels, il mène
une enquête sur le meurtre d'un riche Texan poignardé après avoir gagné 19 000
$ aux jeux. Au cours de son investigation, Dixon interroge le suspect
principal, Ken Payne. Le truand l'agresse et, pendant la bagarre, reçoit un
coup de poing meurtrier. Désemparé devant cette situation, Dixon décide de
faire disparaître le corps. Un chauffeur de taxi est alors soupçonné, mais
Dixon tombe amoureux de sa fille, Morgan Taylor.
Mark Dixon, détective
est le dernier film noir d’Otto Preminger à la Fox (après Laura (1944), Le Mystérieux
Docteur Korvo (1949) et Crime Passionnel (1945)) mais aussi son dernier film studio avant de se lance en
indépendant – même s’il reviendra dans le giron de la Fox pour Rivière sans retour (1954). Le film
constitue aussi pour un temps un des derniers films noir à tendance « psychologique »
de la Fox avec le virage vers des sujets plus réalistes et un ancrage social
plus prononcé. On suit donc ici les tourments de Mark Dixon, un policier aux
méthodes brutales régulièrement rappelé à l’ordre par sa hiérarchie. On
comprendra peu à peu que cette violence est en partie un moyen de surmonter le
passé criminel de son père, une tâche qu’il tente d’effacer dans sa haine des
gangsters. Une affaire le confronte pourtant à ses contradictions lorsqu’il tue
accidentellement un suspect récalcitrant dans une affaire de jeu et de meurtre.
La situation le renvoie à cette souillure familiale mais paradoxalement
pour y échapper Dixon maquille son méfait avec la roublardise d’un vrai
criminel. Cette schizophrénie s’avère plus marquée encore quand il va tomber
amoureux de la fille de l’innocent suspect (et épouse de la victime) incarnée
par Gene Tierney ce qui est l’occasion de reconstituer le couple mythique de Laura. Le scénario de Ben Hecht déploie
donc une intrigue criminelle sans réel crime à élucider (ou du moins celui
initial est assez limpide et sans vrai mystère), le gangster joué par Gary
Merill étant finalement un élément secondaire. Ce qui intéresse Preminger, c’est
le visage pétri d’émotion contradictoire de Dana Andrews, cherchant à échapper
à ce passif auquel on le renvoie sans cesse mais également en quête de
rédemption auprès de Gene Tierney. Le personnage subit un déterminisme social
et moral complexe que la seule résolution de l’enquête ne saura apaiser. Dixon
cède donc progressivement à une fuite en avant tout d’abord égoïstement œdipienne
puis sacrificielle quand il mettra sa vie en jeu pour innocenter le père de
Gene Tierney.
L’agressivité de Dixon tend donc vers une logique masochiste et
presque suicidaire à travers les écarts de violence sévère qu’il traverse. Pour
être en paix avec lui-même, Dixon ne devra pourtant pas être happé par cette
violence mais au contraire survivre et assumer les conséquences. Le sceau
criminel de ses origines ne semble pas l’autoriser à vivre, mais l’amour saura
lui donner la force de s’accrocher. Le final refuse ainsi l’échappatoire
heureuse attendue pour une vraie volonté de franche rédemption. Dana Andrews
est formidable de vulnérabilité contenue sous ses allures de dure à cuire et l’alchimie
avec Gene Tierney est toujours aussi forte. Otto Preminger mène l’ensemble avec
un brio et une intensité dramatique de tous les instants.
Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta
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