Sans un sou Eric Stanton ne peut
continuer son voyage, il descend d’un bus et échoue à Walton, une petite
ville de la côte californienne. Il se retrouve dans un petit café sur
la plage et fait connaissance de Pop, le propriétaire, de Mark Judd, un
ancien policier new-yorkais, et de Dave Atkins. Tout ce petit monde
gravite autour de la belle serveuse du bar, Stella. Stanton, attiré,
courtise en vain Stella qui, lasse des aventures sans lendemain,
n’aspire qu’à se marier. Mais la serveuse repousse toujours ses avances,
Stanton lui propose alors de patienter en promettant de se procurer
l’argent nécessaire pour la sortir de sa condition. Il a en effet le
projet de séduire la riche June Mills pour extorquer sa fortune.
Un an après le classique du film noir Laura,
Otto Preminger reconstitue une partie de l'équipe gagnante (Dana
Andrews, le compositeur David Raksin : Joseph LaShelle à la photo) pour
ce tout aussi réussi mais très différent Fallen Angels. Désireux de ne pas se répéter, Preminger va ici à l'encontre de tous les éléments qui firent la réussite de Laura.
Toute la dimension onirique, le mélange de mystère et d'obsession
amoureuse impossible est ramené à un aspect plus terre à terre. Les
codes classiques du film noir sont pourtant bien là, l'étranger sans le
sou (Dana Andrews) et proie idéale d'une femme fatale brune (Linda
Darnell tout en élégance vulgaire et magnifiée en technicolor par Preminger l'année suivante dans Ambre) représentant l'ombre entre laquelle il hésite avec la blonde
pure et lumineuse synonyme de rédemption (Alice Faye n délaissant son registre des comédies musicales).
Cependant la
construction linéaire, le cadre provincial et la caractérisation des
personnages ramène l'ensemble à une tonalité plus réaliste que
sophistiquée. La femme fatale n'a pas de réclamation plus élevée qu'un
mariage et une maison pour son amant, ce dernier dominé par son désir
n'apparaît pas complètement comme la victime parfaite. L'enjeu de Laura reposait sur la quête d'une disparue, celui de Fallen Angels
tient plutôt à la quête de lui-même par Dana Andrews. Ni gogo idéal ni
manipulateur sournois, c'est un monsieur tout le monde qui n'ose aller
au bout de ses desseins criminels tout comme il ne s'abandonne pas
complètement à la fascination de Linda Darnell.
La première
partie le voit ainsi jouer d'un cynisme de façade et joue des
atmosphères du film noir durant les rencontres vénéneuses avec Linda
Darnell tout en en renouvelant l'imagerie dans cette cité portuaire. A
l'inverse la séduction courtoise avec Alice Faye offre le versant apaisé
de ce cadre provincial. Là aussi le cliché n'est pas poussé jusqu'au
bout avec une Linda Darnell peu pressante et n'attendant que le
prétendant suffisamment nanti pour l'épouser et Alice Faye offre une
prestation suffisamment impliquée pour incarner l'amoureuse sans être
une oie blanche.
En ramenant les canons du genre à une échelle plus
quelconque et réaliste, Preminger renforce l'approche humaine du récit.
L'argument criminel ne doit pas être un piège écrasant et implacable
pour le héros mais un révélateur. Cela tiendra à une belle scène de
confession avec Alice Faye puis une conclusion où il va au-devant des
ennuis plutôt que de les fuir et errer. La résolution ne tient
d'ailleurs pas à un indice quelconque mais à la simple observation d'un
sentiment très simple qui aura dérapé, et même ainsi Preminger arrive à
créer la surprise et le suspense dans son final. Une belle réussite en forme de retour sur terre où Preminger redonne du
sens à ces êtres écorchés et perdus qui donnent au film son titre
original.
Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta
Bande annonce qui joue de tous les clichés (voix-off désabusée, ambiance trouble) dont se déleste le film, amusant...
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