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vendredi 27 mai 2016

La Reine de la prairie - Cattle Queen of Montana, Allan Dwan (1954)

Sierra Nevada Jones (Barbara Stanwyck) et son père arrivent enfin avec leur troupeau d’un millier de têtes dans les plaines riantes et verdoyantes du Montana où ils souhaitent désormais s’installer. Mais ils sont attaqués le soir même par un groupe d’Indiens qui massacrent les cow-boys et font fuir les bovins. Quasi seule survivante, Sierra Nevada est emmenée et soignée par la tribu indienne Blackfoot dont font pourtant partie ses agresseurs. En fait, Colorados, le fils du chef, les a recueillis ne sachant rien des exactions de Natchakoa qui s’est acoquiné avec McCord, un Rancher local souhaitant rester seul propriétaire de la vallée.

La Reine de la prairie ne constitue pas le meilleur opus de la grande série de westerns de série B que signa Allan Dwan durant les années 50 à la RKO. Le scénario comporte pourtant les éléments thématiques de grands classiques de l’époque, que ce soit la veine pro-indienne ou encore cette évocation de la tyrannie des grands propriétaires terriens. La volonté de Dwan sera pourtant surtout de délivrer le spectacle le plus trépidant possible ce qui rendra ces questionnements assez superficiels dans une œuvre assez fantaisiste.

Le brio de Barbara Stanwyck dans le western n’est plus à prouver et son rôle ici annonce la propriétaire impitoyable de Quarante Tueurs (1957) de Samuel Fuller. On retrouve cette détermination mais ici avec un personnage plus vulnérable et attachant, bien décidé à reconquérir les terres volées par l’infâme McCord (Gene Evans) avec l’aide de l’indien Natchakoa (Anthony Caruso). Tout est ici affaire de duo interracial, celui maléfique formé par McCord et Natchakoa trouvant son pendant positif à travers Sierra Nevada Jones (Barbara Stanwyck) et Colorado (Lance). Lorsque les desseins criminels dominent, ce sont les travers de l’homme blanc qui semblent prendre le pas sur la nature indienne, Natchakoa cédant à la cupidité mais aussi aux vices du whisky. A l’inverse la sagesse indienne de Colorado apaise et guide Sierra Nevada qui surmontera ses préjugés dans sa quête de vengeance.

L’intrigue va des uns aux autres dans une suite de rebondissement mouvementés où le gunfighter Farrell (Ronald Reagan) est plus difficile à situer, employé par McCord mais aidant régulièrement Sierra Nevada. La véritable identité du personnage s’inscrira avec cohérence dans la mécanique narrative du récit mais pas forcément dans l’émotionnelle. Toute la construction tend vers une romance interraciale entre Sierra Nevada et Colorado, subtilement esquissée dans leur interaction mais aussi leur rapport aux autres (chacun fustigé dans son camp pour s’être lié à l’autre race) et comme effrayé de son audace le film estompe complètement cet aspect dans sa dernière partie pour amener lourdement un rapprochement de Barbara Stanwyck et Ronald Reagan. 

Le scénario manque de rigueur et de profondeur dans son déroulement riche en facilités. Les indiens fantaisistes, l’enchaînement ininterrompu d’action et les enjeux simplistes amène une naïveté qui ramène à la dimension la plus désuète du western alors en pleine mue durant ces années 50. On ne serait pas loin de parler de serial de luxe si ce n’était le brio formel d’Allan Dwan. Tombé amoureux des paysages du Montana, Dwan filme avec une égale inspiration l’immensité verdoyante de cette plaine, les guet-apens dans l’ombre des sous-bois. L’aspect contemplatif (magnifique plongée et profondeur de champs quand Barbara Stanwyck observe les voyageurs de la plaine depuis les hauteurs de la forêt) alterne avec une nervosité idéale dans les nombreux gunfights et combats à mains nues. 

Barbara Stanwyck illustre bien ce mélange d’élégance et l‘action, tour à tour masculine, bravache et en remontrant aux hommes puis délicate et féminine dans une volonté sincère (les liens naissant avec Colorado) ou calculée (lors de la seule fois où on la verra en robe pour amadouer McCord). Dwan croit tellement peu à la romance entre celle-ci et Ronald Reagan qu’il l’expédie avec une rare désinvolture, l’énergie de l’ensemble primant sur le reste. Même si loin de la richesse de Quatre étranges cavaliers (1954) et de l’émotion du Mariage est pour demain (1955), La Reine de la prairie reste un agréable divertissement.

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta et Sidonis 

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