La dernière guerre nucléaire n'a duré
que deux minutes vingt-huit secondes. Londres n'est plus que ruines et
désolation. Un petit groupe de survivants tente pourtant de s'organiser.
Une famille vit dans une rame de métro qui ne cesse de rouler ;
Pénélope est enceinte de 17 mois, sa mère se transforme peu à peu en
armoire tandis qu'à chaque arrêt son père se précipite à l'extérieur
pour fracturer les distributeurs de friandises
The Bed-Sitting Room
participe à une volonté chez Richard Lester de donner une certaine
profondeur à l'esthétique pop qu'il participa à démocratiser avec ses
films cultes des années 60 comme A Hard Day's Night (1964), Le Knack... et comment l'avoir (1965) et Help (1965). Comment j'ai gagné la guerre (1967) usait ainsi de ce décalage dans un récit anti-guerre et surtout Petulia (1968) était un magnifique mélodrame enfin délesté de toute la distance qui peut rendre ces films des plus agaçant. The Bed-Sitting Room nait de l'abandon d'un autre projet de Lester.
Le réalisateur devait réaliser pour la United Artist Up Against It
sur un scénario du dramaturge Joe Orton mais celui-ci est assassiné peu
avant le tournage et la production est annulée. Se retrouvant avec un
million de dollar à investir dans un film anglais, la United Artist
laisse carte blanche à Richard Lester, mal lui en prendra. Le cinéaste
se rabat donc sur The Bed-Sitting Room
d'après une pièce de Spike Milligan. Celui-ci est une figure
emblématique de l'humour britannique, rendu par durant les années 50 par
The Goon Show, émission radio de la BBC où aux côtés de Peter Sellers
et Harry Secombe il préfigurait les facéties des Monty Pythons.
Le
film est donc un récit post-apocalyptique prenant place dans un Londres
dévasté après une catastrophe nucléaire. L'origine théâtrale se ressent
par une construction fonctionnant sur une suite de tableaux
surréalistes, sans trame narrative définie. Les survivants réagissent
chacun à leur manière à une situation sinistres. Le duo Peter
Cook/Dudley Moore assure depuis un ballon le maintien d l'ordre, la
royauté est sauvegardée par l'ancienne femme de ménage de la Reine
reprenant le titre tandis qu'une famille survit dans le métro en se
nourrissant des barres chocolatées des distributeurs. De l'autre côté
d'autres protagonistes basculent dans une vraie folie douce due aux
radiations avec un Ralph Richardson errant en attendant de se réincarner
en la fameuse bed-sitting room en titre.
Les moments absurdes et
parfois réellement inventifs dans leur folie s'enchaînent (les
"programmes de la BBC, le cycliste maintenant l'énergie) mais difficile
de s'intéresser sur la longueur à ce qui constitue plutôt une suite de
sketches inégaux. Lester tente bien d'instaure un semblant de noirceur
et mélancolie qui fonctionne par l'esthétique singulière du film,
notamment les expérimentations de la photo de David Watkin qui annoncent
son travail sur Les Diables (1971) de
Ken Russell. Cela reste néanmoins assez poussifs et peine à maintenir
l'attention. La United Artist sera horrifiée par le résultat, retardant
d'un an la sortie qui sera catastrophique au niveau du public et de la
critique. Pas vraiment drôle, et pas assez profond pour rendre sincère
sa mélancolie le film gagnera tardivement le prix du jury lors du
Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1976 et semble
avoir gagné une certaine aura culte aujourd'hui.
Sorti en dvd et BR anglais chez BFI
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