Richard et Katherine Mason semblent
former un couple heureux. En réalité, Richard est amoureux d’Evelyn, la
plus jeune sœur de son épouse. Quand cette dernière découvre leur secret
et déclare ne pas vouloir divorcer, Richard imagine alors une
machination afin de s'en débarrasser.
Conflict
est une tentative intéressante de film noir psychanalytique dont le
scénario a pour base une histoire d'Alfred Neuman et Robert Siodmak, ce
dernier étant bien sûr maître en intrigue labyrinthique et chargée
d'atmosphère. On peut regretter qu'il ne l'ait pas réalisé lui-même
puisque sans démériter, Curtis Bernhardt n'exploite pas tout le
potentiel de cette histoire. Le problème est avant tout un manque de
subtilité qui empêche de distiller une certaine ambiguïté au récit. Ici
dès la scène d'ouverture le personnage de psychanalyste incarné par
Sydney Greenstreet nous explique badin ce qui définit une pensée
obsessionnel, annonçant la veine essentiellement psychologique des
tourments de l'époux meurtrier joué par Humphrey Bogart.
La symbolique
et les indices sont particulièrement grossiers, Bogart architecte voyant
par exemple au détour d'un schéma papier la forme de la crevasse où git
sa femme apparaître en surimpression. C'est bien dommage car la mise en
scène de Curtis Bernhardt parvient par moment à créer ce doute et nous
faire hésiter quant au genre dans lequel se situe le film. La
réapparition d'objets appartenant à la disparue, les appels anonyme et
l'atmosphère pesante suggère autant que l'épouse réalise une vengeance
d'outre-tombe ou bien réelle, ou alors qu'un mystérieux manipulateur
joue avec les nerfs de Bogart. L'apparition des objets et savamment
amenée, le leitmotiv de la chanson Tango of Love
associé à l'épouse laisse constamment planer une aura de surnaturel et
Humphrey Bogart excelle à laisser sa tranquille assurance se désagréger
face à la peur et la culpabilité.
Quelques séquences sont
formellement superbes comme la scène de meurtre où l'époux surgit de la
brume d'une forêt de studio pour en finir, on est presque dans le conte
avant qu'une brutalité plus concrète vienne rompre le charme. L'enjeu du
crime peine à intéresser avec une Alexis Smith transparente (pourtant
capable de caractère dans ses rôles face à Errol Flynn) tandis que Rose
Barr entre mégère et victime impose plus de personnalité malgré un
faible temps de présence. La lourdeur de cette dimension psychanalytique
estompe toute les nuances avec les longues tirades de Sidney Greenstreet
et casse tout la vraie aura d mystère habilement installée. Du coup le
twist final même si joliment amené ne satisfait pas vraiment tant nous
avions été aiguillé vers une solution rationnelle, dommage.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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