En Thaïlande, James Bond recherche le tueur à gages le
plus efficace et le plus cruel qui soit, l'impitoyable Francisco
Scaramanga, l'homme au pistolet d'or. Mais cette traque va concentrer
davantage d’enjeux que prévus et confronter les deux hommes dans une
lutte à mort...
Vivre et laisser mourir (1973) malgré une réussite artistique très relative avait remporté
un certain succès et installé Roger Moore comme nouveau visage de Bond
auprès du grand public. Ragaillardis par cet accueil, les producteurs lancent
la production du volet suivant dans une certaine précipitation pour une sortie
à peine un an plus tard. Cette exécution dans la hâte en fera l’opus le plus faible de la saga puisque les
maigres qualités des deux épisodes précédents (scènes d’actions efficace,
élégance de la direction artistique) disparaissent pour n’en garder que les
défauts. Après le recyclage opportuniste de la blaxploitation la saga va surfer
sur le succès des films kung-fu de Bruce Lee mais les aptitudes limitées de
Roger Moore et le filmage sans idées (combats mous et à peine chorégraphiés) de
Guy Hamilton enterrent vite cette initiative. L’humour débile et quasi
parodique est à nouveau de sortie (l'inénarrable sheriff JW Pepper est de
retour), le rythme languissant est indigne d’un James Bond tandis que le manque
d’ampleur est encore plus criant que dans Vivre et laisser mourir.
Sur le papier il y avait pourtant matière à en faire un des
meilleurs volets avec un ennemi et une thématique des plus intéressantes. Bond est
ici confronté à sa part d'ombre avec le redoutable tueur Scaramanga qui le prend
pour son égal et le scénario développe un questionnement sur ce qui différencie au
fond l’espion de ce meurtrier professionnel – l’occasion d’une joute verbale tendue
à la fin du film. La première partie du film fait illusion avec le jeu de cache-cache
entre Bond et Scaramanga dans une délicieuse ambiance d’Asie 70's traversant Macao,
Thaïlande et Hong Kong. Roger Moore se cherche encore, peu crédible quand il la
joue retors (il malmène méchamment Maud Adams, frappe les adversaires en
traitre...) mais qui parvient à façonner « son » Bond dans les face à
face avec Scaramanga.
Roger Moore détestait en effet la violence et l’usage des
armes à feu, facette qu’il a intégrée à son interprétation en croisant une
forme de devoir/dégout à chaque exécution où il ne semble qu’agir en
professionnel – loin de la brutalité sadique dont se délectait un Sean Connery. L’ensemble bâclé
culmine avec l’affrontement tant attendu où manque le génie de du décorateur Ken
Adam (le design affreux de l’antre de Scaramanga ainsi que l'explosion de la
base solaire qui pue la maquette) pour le mettre en valeur, sans parler des
enjeux très modestes au final. Dans les rares bons points on appréciera un
Christopher Lee félin et dangereux, Maud Adams sensuelle et charismatique
(tandis que Britt Ekland incarne une des pires Bond Girl) et un score assez
classieux de John Barry, à ce demander quelles images on lui a mis sous les
yeux. Les à-côtés business – Harry Saltzman coproducteur historique des Bond en
faillite forcé de revendre ses droits, procès qui gèlera les droits d’usage du
Spectre et Blofeld dans les films suivants – causeront une pause forcée et
bienvenue de la saga qui reviendra dans sa formule classique pour un opus d’une
toute autre tenue, L’Espion qui m’aimait
(1977).
Sorti en bluray et dvd zone 2 français
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