Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 20 septembre 2018

L'Homme au pistolet d'or - The man with the golden gun, Guy Hamilton (1974)

En Thaïlande, James Bond recherche le tueur à gages le plus efficace et le plus cruel qui soit, l'impitoyable Francisco Scaramanga, l'homme au pistolet d'or. Mais cette traque va concentrer davantage d’enjeux que prévus et confronter les deux hommes dans une lutte à mort...

Vivre et laisser mourir (1973) malgré une réussite artistique très relative avait remporté un certain succès et installé Roger Moore comme nouveau visage de Bond auprès du grand public. Ragaillardis par cet accueil, les producteurs lancent la production du volet suivant dans une certaine précipitation pour une sortie à peine un an plus tard. Cette exécution dans la hâte en fera  l’opus le plus faible de la saga puisque les maigres qualités des deux épisodes précédents (scènes d’actions efficace, élégance de la direction artistique) disparaissent pour n’en garder que les défauts. Après le recyclage opportuniste de la blaxploitation la saga va surfer sur le succès des films kung-fu de Bruce Lee mais les aptitudes limitées de Roger Moore et le filmage sans idées (combats mous et à peine chorégraphiés) de Guy Hamilton enterrent vite cette initiative. L’humour débile et quasi parodique est à nouveau de sortie (l'inénarrable sheriff JW Pepper est de retour), le rythme languissant est indigne d’un James Bond tandis que le manque d’ampleur est encore plus criant que dans Vivre et laisser mourir

Sur le papier il y avait pourtant matière à en faire un des meilleurs volets avec un ennemi et une thématique des plus intéressantes. Bond est ici confronté à sa part d'ombre avec le redoutable tueur Scaramanga qui le prend pour son égal et le scénario développe un questionnement sur ce qui différencie au fond l’espion de ce meurtrier professionnel – l’occasion d’une joute verbale tendue à la fin du film. La première partie du film fait illusion avec le jeu de cache-cache entre Bond et Scaramanga dans une délicieuse ambiance d’Asie 70's traversant Macao, Thaïlande et Hong Kong. Roger Moore se cherche encore, peu crédible quand il la joue retors (il malmène méchamment Maud Adams, frappe les adversaires en traitre...) mais qui parvient à façonner « son » Bond dans les face à face avec Scaramanga. 

Roger Moore détestait en effet la violence et l’usage des armes à feu, facette qu’il a intégrée à son interprétation en croisant une forme de devoir/dégout à chaque exécution où il ne semble qu’agir en professionnel – loin de la brutalité sadique dont se délectait un Sean Connery. L’ensemble bâclé culmine avec l’affrontement tant attendu où manque le génie de du décorateur Ken Adam (le design affreux de l’antre de Scaramanga ainsi que l'explosion de la base solaire qui pue la maquette) pour le mettre en valeur, sans parler des enjeux très modestes au final. Dans les rares bons points on appréciera un Christopher Lee félin et dangereux, Maud Adams sensuelle et charismatique (tandis que Britt Ekland incarne une des pires Bond Girl) et un score assez classieux de John Barry, à ce demander quelles images on lui a mis sous les yeux. Les à-côtés business – Harry Saltzman coproducteur historique des Bond en faillite forcé de revendre ses droits, procès qui gèlera les droits d’usage du Spectre et Blofeld dans les films suivants – causeront une pause forcée et bienvenue de la saga qui reviendra dans sa formule classique pour un opus d’une toute autre tenue, L’Espion qui m’aimait (1977).

 Sorti en bluray et dvd zone 2 français

 

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