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vendredi 28 septembre 2018

Ice Cold in Alex - Jack Lee Thomson (1958)

Pendant la Seconde Guerre mondiale, un groupe de secours de l'armée américaine se retrouve séparée des troupes dans le Sahara. Le chemin à parcourir est long et difficile. Le leader de l'équipe ne peut s'empêcher de rêver à la bière glacée qu'il pourra s'offrir en arrivant à Alexandrie.

Ice Cold in Alex est une des grandes réussites de Jack Lee Thompson, qui avec le film d'aventures Aux frontières des Indes réalisé l'année suivante lui offrit sans doute son passeport pour Hollywood. Le film est adapté du roman de Christopher Landon (qui participe au scénario), l'ouvrage étant d'ailleurs la réunion d'une série d'articles paru dans le Saturday Evening Post. L'histoire est basée sur des faits réels et la survie d'un groupe de secours anglais dans le désert du Sahara, même si le film prendra pas mal de libertés par rapport au roman. Les producteurs pensaient au départ tourner le film en Egypte (soit les vrais lieux de l'histoire) mais la crise de Suez déporte la production en Libye. Là attend un tournage éprouvant pour le casting soumis à rude épreuve par Jack Lee Thomson, Sylvia Syms déclarant qu'il y avait une faible part de jeu dans présence éprouvée à l'écran - les vétérans de la campagne d'Afrique du nord salueront d'ailleurs le film pour son réalisme.

Le début du film s'avère assez démystificateur pour le corps de l'armée (le contexte de la fin des années 50 permet de mettre la pédale douce sur le patriotisme par rapport à la décennie précédente) avec la vision d'une débandade où une unité doit fuir son base pilonnée par les bombardements allemands. Là le Capitaine Anson (John Mills) rêve plus à son prochain verre qu'au drapeau et les supérieurs sont tournés en ridicule dans une ironie qui annonce les film de guerre pacifistes des 70's (la mort absurde d'un gradé - dont on regrette plus le whisky qu'il transportait que la personne - semble tout droit sortie de Catch 22 de Mike Nichols (1970)). En dépit de ces touches caustiques, l'intérêt est ailleurs. Au découvre au fil de l'histoire que l'alcoolisme d'Anson est dû à un rude séjour en camp de prisonnier dont il ne s'est pas remis malgré son évasion, et la culpabilité le rongera encore quand un rival amoureux sera laissé en mission suicide (et l'en pense responsable) durant la fuite de la garnison. Il s'agira donc d'une survie mentale et physique durant la mission où il doit mettre l'infirmière Diana Murdoch (Sylvia Sims) en sécurité, aidé de son acolyte Pugh (Harry Andrews) et du soldat sud-africain Van den Poel (Anthony Quayle) qui a perdu sa compagnie. Entre les troupes allemandes embusquées dans le désert, les bombardements, le climat oppressant et la mécanique capricieuse de leur véhicule, c'est un parcours semés d'embûches qui attend les personnages.

Si les films de guerre ayant la campagne d'Afrique du nord comme cadre ne manquent pas (on pense à l'excellent Sahara de Zoltan Korda (1943) avec Humphrey Bogart), Ice Cold in Alex annonce surtout le diamant noir Enfants de salauds d'André de Toth (1968). Il est passionnant de mettre en parallèle les deux films très proches dans leur déroulement et radicalement différents dans leur traitement. Enfants de salauds fait partie de ces films de guerre viriles et cyniques jouant sur la mode du film de commando tout en apportant un regard cinglant inhérent à une époque rejetant l'héroïsme (sans pour autant encore être tombé à l'ère pacifistes et rigolardes comme De l'or pour les braves de Brian G. Hutton). Ice Cold in Alex déploie toutes les péripéties qu'offre ce cadre du Sahara et chaque avancées participe à la cohésion du groupe, surmontant ses démons comme Anson et même les camps ennemis comme le révèlera un rebondissement marquant à mi-parcours. Jack Lee Thomson exprime là un humanisme touchant où l'aventure sert de rédemption à des personnages attachants quand dix ans plus tard une trame voisine chez De Toth ne laisse personne à sauver (notamment le traitement des femmes aux antipodes dans les deux films).

Dès lors le professionnalisme qui aide à se sortir des situations périlleuses dans Enfants de salauds devient un monument de dévouement dans Ice Cold in Alex. Cet élément est introduit progressivement par Thomson à travers des sacrifices individuels pour le collectif (Anthony Quayle supportant le poids du camion-ambulance pour finir une réparation), puis de plusieurs individu pour en sauver un seul ayant pourtant montré sa duplicité (suffocante scène de sable mouvant) et enfin tous unis pour le grand morceau de bravoure finale, l'ascension impossible d'une dune en poussant le camion. La mise en scène de Thomson souligne de façon vertigineuse l'effort par des plans larges qui accroissent l'inclinaison insensée de la dune, les silhouettes lointaines alternent avec les plans rapprochés de visages et corps ployés par l'effort. La photo de Gilbert Taylor joue conjointement la carte du réalisme appuyant les brûlures du soleil et une dimension quasi mythologique dans la manière de figer le dépassement de soi final, bien aidé par l'emphase du score de Leighton Lucas.

L'implication des acteurs aide grandement à ce sentiment d'empathie et de plénitude, et la fameuse bière finale annoncée par le titre et promise par Anson se savoure de façon contagieuse (pour l'anecdote le final du film fut réutilisé en Angleterre pour vanter les mérites de la bière allemande Holsten puis plus tard Carlsberg). Un des meilleurs films de Jack Lee Thomson, immense succès en Angleterre et à l'international notamment au Festival de Berlin où il concouru pour l'Ours d'Or.

Sorti en bluray anglais et dvd zone 2 anglais chez StudioCanal et doté de sous-titres anglais



Pour les curieux j'ai retrouvé la pub Carlsberg qui recycle la fin du film

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