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lundi 1 juin 2020

Les Feux de l'été - The Long Hot Summer, Martin Ritt (1958)


Une petite ville du Sud des États-Unis, Frenchman's Bend (Mississippi), est dominée par la puissante famille Varner, dont le père, Will, âgé de 61 ans, règne en patriarche despote sur sa propre famille. L'ordre établi va être troublé par l'arrivée dans la ville de Ben Quick, un vagabond soupçonné d'être un incendiaire. Arriviste et sans scrupules, il arrive à se faire apprécier de Will Varner qui lui offre un emploi dans son entreprise et le loge chez lui.

Les Feux de l’été est le troisième film de Martin Ritt, et qui marque le début d’une fructueuse collaboration avec le couple Paul Newman/Joanne Woodward (il avait cependant déjà dirigé cette dernière dans Les Sensuels (1957). Suivront donc Le Bruit et la Fureur (1959), Paris Blues (1961), Le Plus Sauvage d'entre tous (1963) ou encore Hombre (1967). Sans égaler ces réussites à venir, Les Feux de l’été met place cependant Martin Ritt pour la première fois à la tête d’une grosse production prestigieuse avec cette adaptation du roman Le Hameau de William Faulkner. Le film fait en effet parti d’un deal du producteur Jerry Wald pour adapter deux romans de Faulkner dont il a acquis les droits, Les Feux de l’été et Le Bruit et la fureur qui suivra.

Le récit tisse un intéressant mariage entre imagerie western et americana se confrontant à l’ère moderne. Cela se ressent dans la demeure imposante de Will Varner (Orson Welles ogresque à souhait), vestige de l’ère esclavagiste par son architecture et ses domestiques noirs. Cela passe aussi par ces décors sauvages de western que ce même Will Varner vient traverser de sa jeep pour en briser la quiétude ancestrale. Les rapports entre les personnages obéissent à cette dichotomie puisque si Varner dans ce contexte n’est plus un propriétaire terrien dans ses lucratives activités, il prolonge pourtant une certaine tradition patriarcale dans l’exigence et la déception que lui cause son entourage. Sn fils Jody (Anthony Franciosa) n’a pas la poigne virile attendue et sa fille Clara (Joanne Woodward) par sa sophistication et sensibilité se refuse au rôle de matriarche pondeuse d’héritier en restant célibataire. Le vagabond Ben Quick (Paul Newman) incarne tout ce culot et cette hargne qui semble manquer au Varner de souche, un passé douloureux en ayant fait un loup aux dents longues.

Martin Ritt dépeint donc avec brio ce déchirement des personnages entre héritage intime et aspiration future, qui s’exprime ici par l’hésitation entre ambition carnassière et démons du passé pour Ben, et l’impossibilité à incarner l’idéal de leur lignée pour les jeunes Varner. Le film fonctionne le mieux quand il fait passer cela par la relation amour/haine entre Ben et Clara, notamment la superbe scène où Ben provoque le désir refoulé de la jeune femme dans le magasin. Il manque cependant cette pointe de sensualité et de stupre que l’on peut trouver dans les adaptations de Tennessee Williams de l’époque, ce que l’alchimie du couple Newman/Woodward parvient en partie à compenser. 

Mais cela reflète cependant le côté trop sage du film, le drame personnel existe par l’interprétation mais les situations sont un peu mécaniques et n’endossent pas l’ampleur sociale des meilleurs films de Martin Ritt. Le final expéditif et chargé de bons sentiment en est l’illustration, le cheminement passe vraiment plus par le dialogue qu’une résonance avec le contexte. Il n’en reste pas moins un joli film annonciateur de grandes choses pour Martin Ritt.

Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Fox

2 commentaires:

  1. Bonjour Justin Effectivement le souvenir d'un très beau film avec cet étoile trop filante du cinéma américain. Lee REMICK aussi belle que talentueuse irradia l'admirable LE JOUR DU VIN ET DES ROSES (1963) de Blake EDWARDS.

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    1. Oui là malheureusement on ne lui donne pas grand chose de plus que la jolie écervelée à jouer déjà une belle présence pour Lee Remick qui va bien briller par la suite.

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