Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 9 février 2012

Carlton-Browne of the F.O. - Roy Boulting et Jeffrey Dell (1959)


Durant les cinquante années passées, un accord international avait assuré à la Grande-Bretagne sa domination sur une petite île du Pacifique : un accord passé inaperçu… jusqu'à ce que la mort du roi du petit territoire en question rappelle cet état de fait à Whitehall, au Ministère des Affaires étrangères. Ainsi décide-on d'envoyer sur place Cadogan de Vere Carlton-Browne dans le but de rétablir des relations amicales…

Carlton-Browne of the F.O. est une satire jubilatoire digne du meilleur de Ealing. L'association des frères Boulting (aux rôles interchangeables de producteurs, scénaristes et réalisateurs selon les films) est d'ailleurs un trademark tout aussi marquante que Ealing durant les années cinquante où ils sortiront plusieurs classiques de la comédie anglaise comme I'm All Right Jack, Lucky Jim ou ce Carlton-Browne of the F.O.. Le sujet est des plus savoureux : par l'intermédiaire d'un vieil ambassadeur oublié par sa hiérarchie, la Grande-Bretagne découvre l'existence de l'Etat de Gaillardia, petite île du pacifique où elle bénéficie d'avantage économiques.

Problème, le roi de Gaillardia meurt victime d'un attentat et tout se voit remis en question, les britanniques subissant désormais la concurrence des américains et des russes pour les faveurs locales et le profit des richissimes minerais de l'île. L'incompétent Carlton-Brown (Terry Thomas) installé à l'habituellement oisif poste de Responsable des Territoires Divers (grâce aux relations familiale de son père) se voit dépêché sur les lieux bien malgré lui.

La farce est féroce et fait feu de tout bois. Les occidentaux passent pour d'immenses profiteurs cyniques prêts dans la plus pure tradition coloniale à s'approprier une terre et des richesses qui ne sont pas les leurs. Les réunions de cabinet sous couvert d'humour sont plutôt glaçante, tout comme l'accord communs des Nations Unies qui permet aux Etats d'investir et d'exploiter Gaillardia sous couvert de crainte de révolution. Le script fait de Gaillardia une sorte de république bananière corrompue à la Tintin ou Peter Sellers en conseiller fourbe et ambitieux offre un grand numéro comique avec un accent sud-américain outrancier dont il a le secret. Terry-Thomas en benêt improvisé ambassadeur est tout aussi irrésistible de bêtise et très attachant sous ses airs ahuris.

Carlton-Brown représente un certain cliché de l'anglais insulaire jamais sorti de son île et à son désavantage en toute circonstance, tandis que les autres personnages anglais (le ministre des affaires étrangères joué par Raymond Huntley, le Colonel Bellingham qui accompagne Carton-Brown) illustrent eux le travers inverse de celui se croyant en terrain conquis partout où il pose les pieds. Les dialogues tordant et les gags énormes s'enchaînent sans discontinuer : l'arrivée de Carlton Brown à l'aéroport de Gaillardia et la misérable parade locale qui l'attend, l'écroulement des tribunes lors des festivités nationales, le français folkorique et improvisé pour s'adresser aux autochtones, les jeux de dupes avec les russe et les américains...

Le film est sauvé du cynisme total par une jolie histoire d'amour entre le prince héritier Loris (Ian Bannen charmant) et la concurrente présentée pour lui disputer le trône Ilyena (Luciana Paluzzi dont on souvient pour la plantureuse et féroce James Bond girl qu'elle fut dans Opération Tonnerre plus tard). Au milieu de toute cette ironie, leur romance apporte une respiration bienvenue et une certaine touche Hollywoodienne (Vacances Romaines n'est pas loin) dans la nature des quiproquos les rapprochant.

Message acerbe, humour grinçant et idées loufoques en pagailles le tout avec sens du rythme certain (malgré la densité de l'intrigue tout est bouclé en 88 minutes), un excellent film. Les Boulting (dont on a déjà évoqué l'excellent The Family Way de Roy sur le blog) encore une belle filmographie à explorer.

Sorti en dvd zone 2 anglais et dépourvu de sous-titres

Extrait

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