Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 15 juin 2012

Le Colosse de Rhodes - Il colosso di Rodi, Sergio Leone (1961)


Thar gouverne en despote sur l'île de Rhodes, dont l'unique ouverture du port est gardée par une statue colossale. Il décide de couper les routes maritimes aux grecs. Parmi le peuple, la résistance s'organise. Darios, un général grec qui se trouvait sur l'île au moment des évènements, sympathise avec les résistants...

Le Colosse de Rhodes est le premier film officiel de Sergio Leone et sa deuxième incursion dans le péplum après Les Derniers jours de Pompéi coréalisé avec Mario Bonnard. Il emmagasine alors cependant une solide carrière d’assistant-réalisateur à l’époque puisqu’il aura justement quasiment signé officieusement certains films à ce poste lorsque le réalisateur officiel s’avérait incompétent ou totalement désintéressé comme Robert Aldrich au creux de la vague venu en touriste signer Sodome et Gomorrhe (Leone racontera plusieurs fois sa déception face à la désinvolture du maître américain).
 
Pas encore le maître absolu du rythme qu’il deviendra, Leone délivre un récit à la narration quelque peu déséquilibrée où une première moitié un peu poussive bascule dans l’overdose de morceaux de bravoures par la suite. Malgré quelques scories donc, le film porte en lui tous les éléments qui feront le sel et la grandeur des chefs d'œuvres à venir.

Sur une trame de péplum assez classique à première vue, le talent de Leone dans la déconstruction des genres fait déjà merveille. On le sait, Leone avait une sainte horreur du péplum qui vivait son âge d’or et envahissait les écrans italiens et le réalisateur n’accepta d’en réaliser un que pour pouvoir enfin signer son premier film. Le Colosse de Rhodes est ainsi truffé d’entorses plus ou moins discrètes au genre qui en font un péplum atypique.

Loin des musculeux qui peuplent le péplum italien, le héros incarné par Rory Calhoun bien qu'entouré d'une aura de guerrier redoutable est un bellâtre séducteur constamment manipulé par les femmes et les actions les plus héroïques du film ne sont pas de son fait (le soldat balancé au lion dans l'arène, la mort du méchant). Il ouvre ainsi la voie à Duccio Tessari pour le héros malingre mais malin des Titans l’année suivante même ce dernier sous l’humour entretien une croyance en son récit absente ici.
 
L'intrigue dénote avec ses complots et ses rebondissements incongrus que ce soit au niveau des personnages où des évènements (le tremblement de terre final) relevant du pur serial et soulignant l’ironie et la distance qu’entretien Leone avec le genre. Certains écarts de violence et de sadisme relève également de la bd délirante avec es scènes de torture particulièrement inventives et cruelles : des gouttes d'acides qui tombe sur la peau nues de prisonniers ligotés, un homme assourdi à l'intérieur d'une cloche, des catapultes qui balancent de du plomb fondu...

Les moyens alloués sont vraiment énormes et la mise en scène de Leone est au diapason avec foule de moments spectaculaires comme Dario affrontant une multitude d'assaillants au sommet du colosse ou encore l'impressionnante catastrophe naturelle finale, grand moment de destruction avec en point d’orgue la chute du colosse dans la mer. Cet écart entre démesure visuelle et narration distanciée et lâche pourrait gêner mais fonctionne de bout en bout, annonçant en plus grossier les écarts de ton de la trilogie des dollars. La réelle fascination ressentie dans l'illustration du gigantisme de ce qui fut la septième merveille du monde se dispute donc au relâchement des intrigues plus humaines.

On ne s’étonnera pas du casting inégal où pour un Rory Calhoun un peu fade en héros on appréciera Georges Marchal à la présence charismatique en Peliocle. Le duo de méchant est excellent quant à lui avec Conrado Saint Martin en tyran manipulateur et la jolie Léa Massari campant le personnage le plus ambigu de l’intrigue. Le film rencontrera un très grand succès qui donnera les coudées franches à Leone pour entamer une révolution risquée mais fort lucrative, le western spaghetti…

Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal

2 commentaires:

  1. Un film clairement inégal et un peu impersonnel oui, le cul un peu entre deux chaises, mais quand même très attachant et maitrisé au final, il mérite d'être vu ! Vu sa réputation je m'attendais à un petit péplum mou et fauché, au final j'ai vu un spectacle généreux, boursouflé mais bourré d'idées sympas et de morceaux de bravoure surprenants (le coup d'état pendant les jeux du cirque, le déluge apocalyptique qui n'en finit plus...). Sur cet aspect on est assez éloigné de l'épure remarquable d'un "Pour une poignée de dollars", les moyens sont là et ça se voit à l'écran. Finalement la seule chose qui manquait encore à Leone sur ce Colosse de Rhodes, c'est Ennio Morricone.

    Aussi dispo en blu-ray en Allemagne, sorti pour les 50 ans du film (l'image restaurée lui redonne un petit coup de jeune, même si j'ai rien contre la copie un poil délavée de chez l'ami Dionnet)
    http://i.imgur.com/VQanl.jpg

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  2. Oui même un Leone encore en apprentissage reste un film passionnant ! C'est assez drôle de lire ce qu'il pensait du péplum dans le livre d'entretien avec Noel Simsolo ^^

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