En 1905, Yuki
Snowblood" Kashima est finalement arrêtée par la police pour ses crimes
passés. Libérée par la police secrète on lui
demande d'espionner un anarchiste afin de récupérer un document
compromettant pour le gouvernement en place. Snowblood épousera pourtant la
cause de ce dernier, trouvant ainsi un nouveau but.
Le succès du premier Lady Snowblood (1973) incita bien évidemment la Toho à lancer une suite qui
verrait le jour dès l’année suivante avec la même équipe gagnante Meiko Kaji/ Toshiya
Fujita. Le premier film avait tracé une trajectoire dramatique parfaite dans la
quête vengeresse de Yuki (Meiko Kaji) et il semblait difficile de d’aller plus
loin dans la destinée du personnage. C’est précisément sur ce ressort que joue
cette suite où Yuki suite à ses méfaits est désormais recherchée et traquée par
la police et les tueurs de tout le pays. Toute entière dédiée à sa mission,
Yuki semblait indestructible car animée par une rage intérieure vivace mais
cette flamme semble comme éteinte au début de ce second volet.
La fatigue et la
lassitude pointent dans les attitudes et le regard de Meiko Kaji à l’énième
apparition d’une multitude d’assaillant qui « d’enfant du monde des
ténèbres » (son surnom du premier film) redevient humaine car elle a perdu
la raison de vivre qui la rendait invincible. Elle se laisse donc désormais
sans but guider par les évènements et arrêter pour finir là où tout à commencé,
la prison qui l’a vue naître. En route pour l’échafaud elle est pourtant
libérée de justesse par la police secrète qui lui confie la mission d’espionner
l’anarchiste, Ransui Tokunaga (Jûzô Itami) et de lui dérober un document
précieux pour le gouvernement en place. Le détachement et la présence éteinte
de Yuki s’estompent alors progressivement au contact de cet homme vertueux et
passionné qui va raviver le feu en elle, la simple vengeance laissant place désormais
à la quête de justice.
Ce second épisode dans sa reconstruction de l’identité du
personnage est bien plus lent et avare en combat, ces derniers n’arrivant qu’en
dernier recours à l’injustice ambiante et la corruption du gouvernement Meiji.
On retrouve de nouveau la dimension politique et historique qu’aime apporter Kazuo
Koike (auteur du manga original) dans ses ouvrages. Il dénonce ainsi le
gouvernement de l’ère Meiji qui sous couvert de modernité et de progrès
instaure un climat de dictature et de corruption dans le pays, le document
recherché en étant même une preuve accablante. Le personnage de Ransui Tokunaga
représente la voie idéaliste de l’activisme politique pour faire changer les
choses et faire tomber le régime en place.
A l’inverse son frère Shusuke
Tokunaga (Yoshio Harada) médecin des quartiers pauvre est d’une nature plus
désabusée et cynique et souhaite surtout utiliser le documenter pour faire
chanter le gouvernement et obtenir des aides aux plus démunis. Les deux
personnages sont superbement dépeints et incarnés, leur approche sincère et
désintéressée étant tout autant louées que vouées à l’échec face aux méthodes
révoltantes du gouvernement (arrestations arbitraires, tortures, et carrément
infection par la peste des quartiers pauvres dans la dernière partie).
Yuki est
donc nettement plus en retrait dans cet épisode, observatrice impuissante de l’injustice
dont la fureur monte progressivement pour redevenir le bras impitoyable de la
vengeance qu’elle fut. Déjà dépassée et désuète face à cette modernité (elle
sera de nombreuse fois mise à mal par les armes à feux déjà présentes au Japon)
elle représente pourtant l’ultime rempart de la justice et de l’honneur du samouraï,
vestige de l’ère Tokugawa. Le final rageur est un véritable exutoire voyant
triompher une nouvelle fois le sabre de Yuki dans un combat long et douloureux. Tout comme dans le premier épisode, la victoire est cependant douloureuse et
amère car ne résolvant pas tout. Dans le premier film, la vengeance laissait l’héroïne
sans but et raison de vivre tandis qu’ici pour quelques ennemis vaincus le
reste du Japon subit encore la folie de ce régime. L’épilogue nous signale pourtant
la fin de l’ère Meiji imminente deux ans plus tard. Moins immédiat et efficace
que le premier film, cette suite s’avère néanmoins passionnante et il est
dommage que la série en soit restée à deux épisodes.
Sorti en bluray anglais chez Arrow avec le premier épisode et doté de sous-titres anglais
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