Los Angeles. Karen White (Dee Wallace)
est une journaliste qui se retrouve traquée par un tueur en série nommé
Eddie Quist (Robert Picardo). En coopération avec la police, elle prend
part à un piège pour capturer Eddie en acceptant de le rencontrer dans
un cinéma porno. Alors que Quist force la journaliste à regarder une
vidéo de viol, il est tué par les forces de l'ordre. Karen est
traumatisée et souffre d'amnésie. Son thérapeute, le docteur George
Waggner (Patrick Macnee), décide de l'envoyer avec son mari Bill
(Christopher Stone) dans un centre isolé à la campagne où ses patients
prennent du repos, "La Colonie".
Joe Dante avait fait sensation avec son premier film
Piranhas
(1978), meilleure relecture du classique de Steven Spielberg Les Dents
de la mer (1975) et qui témoignait déjà du savoir-faire du réalisateur
(qui fit des miracles en un mois de tournage et le budget pingre
attribué par Roger Corman) mais aussi de son amour du genre à travers
une tonalité référentielle qui aurait cours durant toute sa filmographie
(notamment par la présence de la légendaire Barbara Steelle au
casting). Avant le triomphe de
Gremlins (1984) allait cependant revenir à l'horreur pure et dépoussiérer brillamment le mythe du loup-garou avec ce second film.
Hurlements adapte sur un scénario de John Sayles le roman
Howling
de Gary Brandner. On y suit Karen White (Dee Wallace), journaliste de
Los Angeles jouant un jeu dangereux avec un tueur en série qu'elle
séduit et provoque dans le cadre d'un reportage tout en étant suivie par
la police. La traque va pourtant mal tourner lorsqu'elle va se
retrouver seule nez à nez avec le tueur mais alors qu'il est tapi dans
la pénombre l'impensable se produit en le voyant se transformer en
quelque chose de sauvage et innommable qui sera abattu avant que l'on
ait pu saisir sa nature.
Dès cette saisissante introduction tous les
indices sont là que ce soit l'aisance et la confiance en lui du tueur en
dépit de la nature "autre" que l'on devine chez lui et en parallèle les
tirades du psychologue joué par Patrick McNee dépeignant la nécessité
de libérer la part sauvage qui sommeille en nous. Karen traumatisée par
les évènements est envoyée en traitement dans un centre de repos isolé
nommé la "Colonie" qui offrira un cadre symbolique à cette opposition
entre civilisation et animalité. Une enquête en parallèle déploie de
manière amusée tout le folklore associé au loup garou (balle d'argent,
pleine lune et compagnie) tandis que Joe Dante amorce plus subtilement
le thème dans cet environnement rural.
Ce combat humain/animal
s'illustre ainsi par les mœurs citadines assez triviales de Karen et son
époux (leur mesure face à l'exubérance des autochtones, l'incrédulité
lorsque l'époux avouera être végétarien) confrontées à la bonhomie et
l'aisance des locaux. Le désir vient ensuite s'en mêler lorsque la
croqueuse d'homme Marsha (Elisabeth Brooks) cherchera à séduire l'époux
de Karen, sa nature bestiale et son désir lui incitant à lui céder
tandis que sa part humaine lui intime de résister et de rester fidèle.
C'est bien sûr la première qui dominera après qu'une morsure ait fait
gagner l'instinct animal et c'est seulement là que Dante déploie la
première transformation, le coït furieux se faisant sur fond de pleine
lune et de hurlements de plaisir de ceux désormais révélés à leur nature
de bête. Les maquillages de Rob Bottin ne sont qu'entraperçu pour
privilégier un trucage en stop-motion des loups garous, la composition
de plan avec cette effet donnant à la séquence une allure de tableau de
rite ancestral.
La suite déroule une trame d'horreur plus
classique à coup d'apparitions effrayante et de course-poursuite mais
l'audace de Dante est constante. Contrairement au mythe du vampire où
l'on peut associer une certaine dimension de noblesse et de séduction,
celui du loup garou était jusque-là purement associé à une forme de
malédiction, notamment dans le classique de George Waggner
The Wolf Man
(1941).
Les lycanthropes s'oubliaient en cédant à leur instinct sauvage
et commettaient l'irréparable, en étant dominés par leur seconde nature dont leur transformation guidées le
phénomène naturel de la pleine lune. C'est tout l'inverse dans
Hurlements
où l'état de loup garou est libérateur, le seul qui soit finalement
normal pour les concernés et celui où s'épanouit le plaisir et le gout
de la chair, qu'elle soit à dévorer ou s'ébattre. L'humanité (et par
extension la psychanalyse comme le révélera la révélation finale) et la
civilisation est une entrave à l'expression d'une animalité qui
constitue le seul état qui vaille d'être vécu.
Dès lors la très
spectaculaire et détaillée transformation constituant un sommet du film
est autant une démonstration de force de Rob Bottin aux effets spéciaux
qu'une manière d'appuyer cette thématique en déployant cette
métamorphose (voulue et consciente) dans toute sa splendeur. Rob Bottin
tout jeune et nouveau venu dans le milieu avait obtenu le job car son
mentor Rick Baker avait dû choisir l'autre grand film de loup garou de
l'époque,
Le Loup garou de Londres (1981) de John Landis. Au final le
film de Joe Dante serait bien meilleur et les effets de Bottin plus
réussis (même si ceux de Baker restent très impressionnant), plaçant
désormais les deux amis en concurrence et rivalité. Cela se fait en tout
cas pour le meilleur dans
Hurlements
où Dante nous offre une des relectures les plus brillantes du mythe
tout en en retrouvant la facette classique dans la stupéfiante scène
finale où le côté maudit du lycanthrope reprend ses droits.
Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal
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