Guns et Boats, deux anciens combattants
du Pacifique se sont installés en Polynésie. La fille d'un troisième
camarade, élevée dans la société puritaine de Boston, vient à la
recherche de son père. Alors qu'ils se retrouvent, comme chaque année,
dans l'île de Haleakaloa, où habite Guns, pour une rituelle bagarre, cet
ancien marin irlandais va donner à la jeune héritière prude et pleine
de préjugés une leçon de charité et de joie de vivre.
Donovan's Reef constitue la dernière collaboration entre John Wayne et John Ford. Le film déroule sur un mode bon enfant les motifs majeurs que le duo aura façonné à travers divers films mythique, Wayne retrouvant un emploi de dur à cuir maladroit dans l'expression de ses sentiments et surtout Ford prônant une fois de plus les vertus de tolérance et d'ouverture qui le caractérise. Le cadre paradisiaque (et imaginaire le film fut tourné dans l'Archipel d'Hawaii) de l'île de Haleakaloa en Polynésie Française va servir de révélateur à cette ouverture.
Guns Donovan (John Wayne), le
turbulent Boats Gilhooley (Lee Marvin) et le docteur Deedham (Jack
Warden) ont découvert ce havre de paix alors qu'ils étaient mobilisés
dans la Guerre du Pacifique et son tombé amoureux de ses habitants et
cadre de vie pour ne plus en repartir, Deedham fondant même une nouvelle
famille sur place. Ford nous enchante ainsi dès l'ouverture avec une
vision de carte postale surannée des plages ensoleillée, des belles
autochtones locales tout en dynamitant cette description par les mœurs
agitées des occidentaux avec une bagarre homérique entre Donovan et
Gilhooley, fêtant un vieil antagonisme dont ils ne se souviennent plus
eux-mêmes du motif.
L'élément perturbateur arrivera avec Amelia
(Elizabeth Allen) fille aînée de Deedham élevée à Boston et qu'il n'a
pas revue depuis son enfance. Celle-ci arrive en vue de le discréditer
sur ses mœurs locales afin ainsi d'empocher l'héritage familial. Deedham
absent, Donovan va prendre les choses en main en faisant passer les
enfants de son ami pour les sien et adoucir le tempérament revêche
d'Amelia en lui faisant découvrir la beauté des lieux.
La confrontation
est aussi drôle qu'explosive entre l'ours mal léché ayant du mal à se
contenir John Wayne et une très attachante et jolie Elizabeth Allen en
citadine pince sans rire. Le charme et l'attirance opère sur un air de
défi (le ski nautique, la course à la nage) entre ces deux fortes
personnalité tandis qu'en arrière-plan Ford dépeint une beauté insulaire
exotique idéalisée dans sa simplicité et son mélange des cultures
polynésienne et hawaïenne dans un tout cohérent.
Les enfants sont de
parfaits exemples de ce métissage à travers le regard tendre de Ford,
aussi à l'aise et turbulent pour exprimer leur culture occidentale (les
leçons de piano endiablées) que les traditions locales comme ce très
beau moment où la fille aînée entame un chant envers les dieux des
montagnes et surtout la réponse si évidente qu'elle fait à une Amelia
circonspecte. Cette vision de carte postale se fait ainsi plus intime et
profonde à travers le regard du spectateur et d'Amelia qui aura appris à
aimer cette communauté avant de connaître les liens fraternels qui l'y
attache.
Elizabeth Allen amène cela avec beaucoup d'émotion et de
finesse (pour ce qui est son rôle cinéma le plus fameux semble-t-il
dommage au vu du charme et du charisme déployé) passant de la caricature
de l'occidentale coincée à lunettes à la femme épanouie, la bascule se
faisant symboliquement lors de cette scène réjouissante où elle se
déleste d'un maillot de bain d'un autre âge pour en révéler un autre qui
épouse ses formes au point de perturber le stoïque John Wayne.
Les
moments d'actions, le machisme rigolard et les bagarres ne semblent
finalement qu'un prétexte et un enrobage au vrai sens du récit. Cela
n'empêche pas de se délecter de séquences hilarantes comme la grande
bagarre entre un Lee Marvin sérieusement alcoolisé et une troupe de
marins australiens.Un film sans conflit et bienveillant dont la
conclusion entremêle parfaitement la plénitude et ouverture attendue et
la romance la plus chahutée avec la fessée la plus romantique qui soi. Un des films les plus attachant de la fin de carrière de Ford.
Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount (attention étrangement pas de sous-titres français sur le dvd mais la vf est bien là)
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