Ray et Polly Cutler
sont en séjour à Niagara Falls. Ils font la connaissance de George et Rose
Loomis, un couple au bord de la rupture. Rose annonce la disparition de son
mari aux Cutler et a la désagréable surprise de reconnaître à la morgue le
cadavre de son amant...
Niagara est le
film qui met définitivement sur orbite la carrière de Marylin Monroe à
Hollywood. L’actrice avait auparavant su se faire remarquer par sa présence
sensuelle dans Eve (1950) de
Mankiewicz, Quand la ville dort
(1950) de John Huston et également se montrer sous un jour comique dans Chérie je me sens rajeunir (Howard
Hawks, 1952) comme dramatique sur Troublez-moi ce soir (Roy Ward Baker, 1952). Niagara
la voit enfin se placer en tête de distribution, les circonstances ayant jouée
en sa faveur. Anne Baxter se désiste ainsi au profit de Jean Peters et James
Mason (sa fille ne souhaitant pas voir son père mourir une fois de plus à la
fin d’un film) à celui de Joseph Cotten.
Les remplaçants sont d’excellents
comédiens mais pas réellement de grande star et du coup le scénario évoluera
pour mettre de plus en plus en avant le personnage de Marilyn.
On remarque largement cette orientation où un banal récit d’adultère
et de vengeance se voit relevé par son cadre flamboyant (les chutes du Niagara
bien sûr) et la présence vénéneuse de Marylin. Alors que son sex-appeal se
popularisera surtout dans le registre de la blonde ingénue attachante (Sept ans de réflexion (1955), Certains l’aiment chaud (1957), il est
étonnant de voir que son premier vrai succès sera dans un rôle négatif et
mémorable de femme fatale.
Epouse d’un homme instable et désespérément amoureux,
Marilyn Monroe incarne ici une femme manipulatrice et détestable qui va monter
un stratagème complexe afin d’éliminer l’encombrant mari et fuir avec son
amant. Seul obstacle à ses projets, le couple voisin de son bungalow et plus particulièrement
Polly (Jean Peters) qui va découvrir son double visage adultère. Rien de bien
original donc si ce n’est que Henry Hathaway met toute sa mise en scène au
service des formes de Marylin. Sa première apparition témoigne autant de l’attrait
que de l’hypocrisie du personnage avec cette pose lascive dans son lit avant de
faire semblant d’être endormie lors du retour de son époux dans la chambre.
Hathaway s’entendit merveilleusement avec Marilyn et contribua en partie au
mythe en lui suggérant notamment sa fameuse démarche dandinée qu’il saisit dans
un long plan fixe où il la suit avançant jusqu’au fond du cadre, nous plaçant
dans une sorte de vision subjective du mâle incapable de détacher le regard de
cette créature de rêve. Hathaway joue là-dessus dans ce registre agressif et
voyant (cette robe rose criarde et des plus moulantes) mais sait faire preuve
de plus de subtilité pour signifier l’emprise de Marilyn comme ce moment où une
Jean Peters plutôt avenante allongée et en maillot de bain se voit surplombée
par l’ombre de Marilyn hors-champ avant que son apparition effective ne l’éclipse
complètement.
Le scénario n’aura pas complètement su s’adapter à cette
donne puisque l’on a presque l’impression que le film dure une demi-heure de trop
avec le personnage de Marilyn absent de la dernière partie où la prestation
torturée de Cotten et une Jean Peters trop lisse ne suffisent pas à maintenir l’intérêt
en dépit d’un climax en bateau plutôt intense au bord des chutes. Le film s’est
donc conclut avec la mort flamboyante de Marylin dans la salle des cloches d’une
église, Hathaway déployant une mise en scène virtuose et expressionnisme où les
jeux d’ombres, le décor extraordinaire et la vue en plongée quasi divine offre
une scène de meurtre absolument fabuleuse.
Henry Hathaway fort satisfait d
cette collaboration cherchera à retravailler avec Marilyn sur son film suivant,
L’Ange Pervers adapté de Somerset
Maugham. Darryl Zanuck patron de la Fox y mettra son veto (Kim Novak jouant
finalement le rôle) et enterrera par la même occasion la promesse de rôles plus
complexes pour Marilyn qui avait pourtant montré qu’elle en avait l’envergure. Niagara sera en tout cas un grand succès
que confirmera l’actrice quelques mois plus tard avec Les Hommes préfèrent les blondes (1953) d’Howard Hawks.
Sorti en dvd zone 2 chez Fox
vous écrivez "Quand la ville dort" (1950) de John Huston.
RépondreSupprimerC'est une plaisanterie ! Vous vouliez écrire "The Misfits"
qui est son plus grand Huston, et aussi son plus beau film. Dans ceux que vous citez elle ne fait que de courtes apparitions insignifiantes …
Vous avez lu en diagonale je pense, quand je parle de "La ville dort" j'évoque aussi les autres films qui ont permis l'ascension de Marilyn Monroe AVANT qu'elle ne tourne Niagara. The Misfts a été tourné bien après alors qu'elle état alors déjà devenue une très grande star.
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