Julian Marsh (Warner Baxter), célèbre
producteur de Broadway, lance un nouveau spectacle malgré sa santé
fragile. La production est financée par un vieil homme fortuné, amoureux
de Dorothy Brock (Bebe Daniels), la vedette de la comédie musicale....
42nd Street marque la première collaboration du chorégraphe Busby Berkeley à la Warner, et dont le succès conjugué à celui de Gold Diggers of 1933
la même année l'imposera à Hollywood. Le film est aussi son premier
avec le réalisateur Lloyd Bacon, remplaçant au pied levé Mervyn LeRoy et
qui deviendra un complice sur de nombreuses production à venir. Le film
(adapté d'un roman de Bradford Ropes) définit l'archétype des comédies
musicales dépeignant la confection d'un spectacle. 42nd Street
se démarque cependant toujours de ses héritiers par son profond ancrage
dans le contexte de la Grande Dépression. Contrairement à l'euphorie de
Prologue, Bacon/Berkeley suivant et à la trame voisine, le spectacle n'est jamais une fête dans 42nd Street.
Ayant voué son existence et laissé sa santé à Broadway, le metteur en
scène Julian Marsh (Warner Baxter) joue son va-tout avec un nouveau
spectacle.
Le prestige de ses triomphes passé doit enfin se conjuguer à
un succès financier alors que l'on devine qu'il a tout perdu dans le
krach boursier. Chacun à leur échelle, cette tension et peur concerne
l'ensemble des personnages participant au show. La vedette Dorothy Brock
(Bebe Daniels) aura ainsi sacrifiée son seul amour Pat Denning (George
Brent) au succès, faisant d'elle le jouet du mécène libidineux Abner
Dillon (Guy Kibbee). Cette idée se prolonge à la troupe de danseuses
pour lesquels le spectacle représente plus un gagne-pain possible qu'une
réelle aspiration artistique. Lloyd Bacon dépeint cela dans un mélange
de mélodrame et de vraie trivialité, la séquence d'audition alternant
caractérisation truculente des danseuses (Ginger Rogers en tête et
castée par Mervyn LeRoy avec lequel elle sortait et qui la dirigera dans
Gold Diggers of 1933) et la peur pour la petite chose fragile et innocente qu'est la nouvelle venue Peggy Sawyer (Ruby Keeler).
L'espace
de ce monde du spectacle n'est que douleurs, efforts et anxiété entre
des danseuses à bout de force et Julian Marsh se désagrégeant tout
autant par l'exigence qu'il leur impose. Cela reste pourtant un lieu
d'oubli de soi quand l'extérieur n'a que déception à offrir, entre
romance triviale/sordide et le vrai déchirement sentimental tel cette
séquence ou Pat Denning et Dorothy Brock se séparent presque comme on
rompt un contrat par la seule cause de leur trajectoire professionnelle
divergente. Leurs émotion trahit pourtant la supposée froideur du
procédé et bouleverse par son inéluctabilité. Le seul rayon de soleil,
la seule amenant une aura de conte de fée à l'ensemble est Peggy,
magnifiquement interprétée par Ruby Keeler. De son engage à son
apprentissage ainsi que du final en vedette, tout son parcours relève du
miracle transcendant le contexte social difficile. Elle est le moteur
faisant dépasser aux autres protagonistes leurs intérêt (le couple
Pat/Dorothy) ou leur anxiété (Julian Marsh enfin attachant dans le rush
final).
Au contraire de Prologue
faisant montre d'une grandiloquence et d'une sophistication qui nous
emmènera dans une véritable réalité alternative, les séquences musicales
de 42nd restent solidement
ancrées au réel. Les passages sur scène alternent avec les coulisses en
ébullition (quand le réel s'estompera totalement dans Prologue),
les cadrages et la mise en scène laissant d'ailleurs toujours laisser
deviner justement que l'on se trouve sur une scène.
Les thématiques des
séquences (le mariage et son issue plus ou moins heureuse, la
promiscuité des couchettes de train en route pour la lune miel, un
meurtre dans une ruelle) prolonge ainsi les angoisses et problématiques
des spectateurs tout en insérant le grain de folie de Berkeley (le
mouvement de caméra arpentant la ruelle dans la séquence de meurtre, les
chorégraphies géométrique) même si la vraie folie et démesure
interviendra avec Prologue. Le
final avec l'auteur seul face aux réactions de son public et désormais
dépossédé de sa création achève de conclure le film loin du happy-end et
de la magie associée à Broadway, toujours un pied dans la cruelle
réalité.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
Love Rudiments, de Ty Segall (2024)
Il y a 3 heures
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