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jeudi 9 août 2018

Liberty Heights - Barry Levinson (1999)

À Baltimore, en 1954. Les États-Unis entrent dans une nouvelle ère et la famille Kurtzman va connaître, de nombreux changements, elle aussi. Le fils cadet qui répond au nom de "Ben" et qui a toujours vécu dans un milieu et un quartier exclusivement juif va tomber amoureux de Sylvia, la seule élève noire de son lycée, contre l'avis du père de cette dernière, pour le motif de la couleur de peau (blanche) de Ben. De son côté, Van, le frère aîné de Ben, est éperdu de la belle et aristocratique Dubbie. Quant au père, il s'efforce de sauver son petit music-hall.

Liberty Heights est dans la filmographie de Barry Levinson le quatrième film du cycle "Baltimore" après Diner (1982), Les Filous (1987) et Avalon (1990). Ces films s'inscrivent dans la veine la plus personnelle du réalisateur, chacun d'eux recelant une part autobiographique où il se penche sur son adolescence et entrée dans l'âge adulte (Diner et Liberty Heights), premiers pas de sa famille juive et leur quotidien dans l'Amérique du début du siècle puis des années 50 (Les Filous et Avalon). Liberty Heights est une sorte de synthèse du cycle, chacune des storylines creusant un sillon qui constituait la trame entière des films précédents.

Le fil rouge est le constat d'une Amérique à la fois figée et doucement changeante dans ses clivages à travers les différents personnages. Au sein de la famille Kurtzman, les plus jeunes aspirent à sortir du microcosme de leur communauté juive pour s'ouvrir au monde qui les entoure. Pour Ben (Ben Foster) cela passe par les lois de mixité scolaire qui le verront s'attacher à Sylvia (Rebekah Johnson), jeune fille noire ayant intégré son lycée juif. Pour son grand frère Van (Adrien Brody) cette ouverture sera sociale quand il tentera de se mêler à la jeunesse dorée de Baltimore et tombera amoureux de la belle Dubbie (Carolyn Murphy).

Levinson oppose les jeunes insouciants et curieux envers l'ailleurs aux adultes rigides par leurs éducations, préjugés et probables souffrances passées qui interdisent tout rapprochements. Chacune de ces deux tendances s'expriment par un humour décapant (Ben déguisé en Hitler pour Halloween, la réaction de sa mère quand il dit trouver Sylva attirant) mais où les barrières n'en semblent pas moins présentes. La tonalité nostalgique expriment ainsi moins une révolution en marche qu'une parenthèse enchantée où l'on s'ouvre au monde à travers une nouvelle culture notamment Ben sous le charme de la musique noire et son humour (James Brown et Sammy Davis jr en tête dont on reconstitue un concert et entend un sketch). Pour Van l'émerveillement que représente la jeune bourgeoisie de Baltimore à travers Dubbie (symboliquement déguisée en fée durant leur première rencontre) va se confronter à leurs penchants autodestructeurs (attachant personnage de Justin Chambers).

L'inconnu est donc source d'un ailleurs lumineux et festifs ou plus torturé qui se combine dans la trame adulte où la criminalité de petites mains du père (Joe Mantegna) rencontre celle imprévisible et dangereuse des ghettos noirs avec Little Melvin (Orlando Jones). Avec ses attitudes outrées et son look de pimp, le personnage pourrait sombrer dans la caricature mais au contraire il suinte à la fois la menace et les injustices qui semblent expliquer sans excuser son comportement. Levinson aurait pu verser dans une noirceur plus prononcée avec ce protagoniste mais préfère maintenir une tonalité bienveillante mais où demeure une vraie mélancolie. Au final les différents mondes n'auront fait que s'entrecroiser et même cette timide proximité restera source de crispation (le baiser d'adieu final). Un joli film, l'une des belles réussites de l'inégal Barry Levinson.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner 

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