En 1558, Élisabeth Ire devient reine
d’Angleterre. Mme Ashley, sa gouvernante, et M. Parry, son intendant, se
souviennent des joies et des peines qui ont jalonné sa jeunesse… En
1536, Henri VIII fait exécuter sa femme Anne Boleyn et écarte sa fille
Élisabeth, surnommée Bess, de la cour royale. Après s’être marié trois
fois, Henri épouse Catherine Parr, nouvelle reine auprès de qui Bess,
rentrée en grâce, trouve sympathie et soutien. De forte personnalité,
Bess s’affirme et surprend son père. Elle tombe amoureuse de Thomas
Seymour, amiral de la flotte anglaise et homme de confiance du roi.
Young Bess
est une évocation romancée de la future reine Elisabeth dans une
flamboyante vision hollywoodienne. Le film adapte le roman éponyme de
Margaret Irwin dont la MGM acquit les droits en 1945 en envisageant une
toute jeune Elisabeth Taylor dans le rôle-titre, puis Deborah Kerr qui
jouera finalement Catherine Parr quelques années plus tard quand la
production sera enfin lancée. C'est finalement Jean Simmons (teinte en
rousse) qui remporte la mise, entraînant dans son sillage son époux
Stewart Granger qui jouera Thomas Seymour. L'histoire forge le caractère
inflexible en construction d'Elisabeth à travers l'observation de la
cour mais aussi de sa romance avec Thomas Seymour. On observe ainsi avec
un effroi mêlé d'amusement de l'alternance d'exil et de retour en grâce
d'Elisabeth enfant au gré de la durée de vie des épouses de l'orageux
souverain Henry VIII.
Cela commence au berceau avec l'exécution de sa
mère Anne Boleyn, George Sidney jouant du motif de répétition en rejouant
les même séquences d'arrivée à la cours et de retour à Hartley. Charles
Laughton retrouve le rôle qui lui apporta la gloire vingt ans plus dans
La Vie Privée 'Henry VIII (1933,
Alexander Korda) et renoue avec cette présence truculente et ogresque.
La frontière entre la convivialité bourrue et l'autoritarisme n'est
jamais loin, notamment dans le geste affectueux de caresser le cou de
ses épouses présage de la décapitation future qu'orchestre Sidney dans
un cruel raccord. Le répondant d'Elisabeth face à ce père imposant offre
donc quelques séquences plaisant où le tyrannique souverain reconnaît
bien là son sang dans ce tempérament orageux.
La grandeur de
l'Angleterre sera cependant vue par Elisabeth à travers le regard
amoureux qu'elle porte sur Thomas Seymour, amiral de la flotte anglaise.
Le film est relativement respectueux de l'Histoire dans les grandes
lignes (y compris la fragilité de l'éphémère jeune héritier Edward
brièvement évoquée) si ce n'est la caractérisation romanesque loin de la
réalité. Thomas Seymour devient donc un héros tragique au centre du
triangle amoureux entre son épouse digne Catherine Parr (Deborah Kerr)
et la jeune Elisabeth, les sentiments de celle-ci restant contenus.
Thomas Seymour sert donc autant d'éveil sentimental que de mentor
politique façonnant la détermination d'Elisabeth, certains
rebondissement jouant des deux aspects comme lorsqu'il s'agace de la
voir promise à un prince étranger. Dans la réalité cette séduction de
Seymour était purement ambitieuse et intéressée, la promiscuité après la
mort d'Henry VIII amenant des situations gênantes qui deviennent
candides passée à la moulinette hollywoodienne. La bonne idée c'est de
faire de cette réalité des rumeurs qui menace le couple
Seymour/Elisabeth, le sort de Seymour devenant une tragédie par la
fiction - sans parler d'une ellipse suspecte qui remets en cause l'idée de reine vierge.
George Sidney maître du raffinement et du faste MGM dans ses
films historiques (Les Trois Mousquetaires (1948), Scaramouche (1952) comme ses comédies musicales (Show Boat (1951) Ziegfeld Follies (1946) Escale à Hollywood (1945))
tisse un écrin somptueux qui conserve néanmoins une dimension
intimiste. Les mattes-paintings somptueux d'extérieurs (les arrivées et
départ d'Hartley) alterne avec la grandiloquence de la cour que ce soit
dans le décor ou l'emphase que la photo et/ou l'arrière-plan amène aux
moments romantiques pourtant plus feutrés. Jean Simmons est parfaite
entre vulnérabilité et le maintien de la souveraine en devenir, le film
alterne les moments de pure éloquence exaltée (malheur à celui qui dira
du mal de sa mère Anne Boleyn) avec d'autres où Sidney instaure par
l'image sa facette royale qui en impose aux interlocuteurs. C'est
particulièrement vrai sur la fin avec cette ombre qui écrase
littéralement la vile Anne Seymour (Kathleen Byron) puis ce plan final
(presque un tableau filmée) où la jeune fille disparait pour laisser
s'avancer la reine.
Sorti en dvd zone 1 (mais disque multizones) Warner Archives sans sous-titres
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