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samedi 25 août 2018

La Reine vierge - Young Bess, George Sidney (1953)

En 1558, Élisabeth Ire devient reine d’Angleterre. Mme Ashley, sa gouvernante, et M. Parry, son intendant, se souviennent des joies et des peines qui ont jalonné sa jeunesse… En 1536, Henri VIII fait exécuter sa femme Anne Boleyn et écarte sa fille Élisabeth, surnommée Bess, de la cour royale. Après s’être marié trois fois, Henri épouse Catherine Parr, nouvelle reine auprès de qui Bess, rentrée en grâce, trouve sympathie et soutien. De forte personnalité, Bess s’affirme et surprend son père. Elle tombe amoureuse de Thomas Seymour, amiral de la flotte anglaise et homme de confiance du roi.

Young Bess est une évocation romancée de la future reine Elisabeth dans une flamboyante vision hollywoodienne. Le film adapte le roman éponyme de Margaret Irwin dont la MGM acquit les droits en 1945 en envisageant une toute jeune Elisabeth Taylor dans le rôle-titre, puis Deborah Kerr qui jouera finalement Catherine Parr quelques années plus tard quand la production sera enfin lancée. C'est finalement Jean Simmons (teinte en rousse) qui remporte la mise, entraînant dans son sillage son époux Stewart Granger qui jouera Thomas Seymour. L'histoire forge le caractère inflexible en construction d'Elisabeth à travers l'observation de la cour mais aussi de sa romance avec Thomas Seymour. On observe ainsi avec un effroi mêlé d'amusement de l'alternance d'exil et de retour en grâce d'Elisabeth enfant au gré de la durée de vie des épouses de l'orageux souverain Henry VIII.

Cela commence au berceau avec l'exécution de sa mère Anne Boleyn, George Sidney jouant du motif de répétition en rejouant les même séquences d'arrivée à la cours et de retour à Hartley. Charles Laughton retrouve le rôle qui lui apporta la gloire vingt ans plus dans La Vie Privée 'Henry VIII (1933, Alexander Korda) et renoue avec cette présence truculente et ogresque. La frontière entre la convivialité bourrue et l'autoritarisme n'est jamais loin, notamment dans le geste affectueux de caresser le cou de ses épouses présage de la décapitation future qu'orchestre Sidney dans un cruel raccord. Le répondant d'Elisabeth face à ce père imposant offre donc quelques séquences plaisant où le tyrannique souverain reconnaît bien là son sang dans ce tempérament orageux.

La grandeur de l'Angleterre sera cependant vue par Elisabeth à travers le regard amoureux qu'elle porte sur Thomas Seymour, amiral de la flotte anglaise. Le film est relativement respectueux de l'Histoire dans les grandes lignes (y compris la fragilité de l'éphémère jeune héritier Edward brièvement évoquée) si ce n'est la caractérisation romanesque loin de la réalité. Thomas Seymour devient donc un héros tragique au centre du triangle amoureux entre son épouse digne Catherine Parr (Deborah Kerr) et la jeune Elisabeth, les sentiments de celle-ci restant contenus. Thomas Seymour sert donc autant d'éveil sentimental que de mentor politique façonnant la détermination d'Elisabeth, certains rebondissement jouant des deux aspects comme lorsqu'il s'agace de la voir promise à un prince étranger. Dans la réalité cette séduction de Seymour était purement ambitieuse et intéressée, la promiscuité après la mort d'Henry VIII amenant des situations gênantes qui deviennent candides passée à la moulinette hollywoodienne. La bonne idée c'est de faire de cette réalité des rumeurs qui menace le couple Seymour/Elisabeth, le sort de Seymour devenant une tragédie par la fiction - sans parler d'une ellipse suspecte qui remets en cause l'idée de reine vierge.

George Sidney maître du raffinement et du faste MGM dans ses films historiques (Les Trois Mousquetaires (1948), Scaramouche (1952) comme ses comédies musicales (Show Boat (1951) Ziegfeld Follies (1946) Escale à Hollywood (1945)) tisse un écrin somptueux qui conserve néanmoins une dimension intimiste. Les mattes-paintings somptueux d'extérieurs (les arrivées et départ d'Hartley) alterne avec la grandiloquence de la cour que ce soit dans le décor ou l'emphase que la photo et/ou l'arrière-plan amène aux moments romantiques pourtant plus feutrés. Jean Simmons est parfaite entre vulnérabilité et le maintien de la souveraine en devenir, le film alterne les moments de pure éloquence exaltée (malheur à celui qui dira du mal de sa mère Anne Boleyn) avec d'autres où Sidney instaure par l'image sa facette royale qui en impose aux interlocuteurs. C'est particulièrement vrai sur la fin avec cette ombre qui écrase littéralement la vile Anne Seymour (Kathleen Byron) puis ce plan final (presque un tableau filmée) où la jeune fille disparait pour laisser s'avancer la reine.

 Sorti en dvd zone 1 (mais disque multizones) Warner Archives sans sous-titres

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