Reiko, jeune écrivain
auréolée par la récente obtention d'un fameux prix littéraire, étouffe dans son
petit appartement tokyoïte. Aidée par son éditeur, elle décide par conséquent
de s'installer dans une grande maison isolée de tout. Elle rencontre un archéologue
victime d'étranges malaises depuis qu'il a déterré une momie vieille de mille
ans.
Reiko, jeune écrivain auréolée par la récente obtention d'un fameux prix littéraire, étouffe dans son petit appartement tokyoïte. Aidée par son éditeur, elle décide par conséquent de s'installer dans une grande maison isolée de tout. Elle rencontre un archéologue victime d'étranges malaises depuis qu'il a déterré une momie vieille de mille ans. Loft est une œuvre où Kiyoshi Kurosawa cherche à marier son approche du fantastique avec des influences occidentales plus explicitement visibles que d’habitude. Le postulat avec cette femme écrivain (Miki Nakatani) s’isolant en campagne pour écrire évoque bien sûr le Shining de Stanley Kubrick (1980).
Les angoisses de cette solitude rappellent également le film de Kubrick en jouant (au départ du moins) d’une possible fragilité psychologique de Reiko. L’ombre d’Hitchcock plane aussi par certaines images fortes (cette momie rappelant le corps décrépi de Mme Bates dans Psychose (1960)), des situations familières (ce vis-à-vis de maison façon Fenêtre sur cour qui aura son importance) et même des citations explicite lorsque la bande-originale lorgne sur celle de Vertigo (1958) lors d’une scène romantique.
L’autre élément réussi est le mariage par Kurosawa entre un environnement japonais et le fantastique gothique anglo-saxon. Une malédiction d’inspiration japonaise (le livret du dvd indique que les traits de la momie s’inspirent d’Ono no Komachi, poétesse de l’époque Heian) se croise ainsi à un postulat bien connu du lecteur de roman gothique, le souvenir morbide d’une femme disparue qui perturbe l’être aimé (Rebecca et Jane Eyre en tête) avec le ténébreux Yoshioka (Etsushi Toyokawa). Les apparitions spectrales sont un sommet d’épouvante où Kurosawa joue de la notion de point de vue, sème le trouble dans ses compositions de plans où l’on guette l’indicible, et provoque sursauts parfaits par son découpage. Il reprend là les idées formelles de son Kaïro (2001), mais une nouvelle fois l’alliance avec l’imagerie gothique évite la redite.
Les scènes d’hallucinations plongées dans la brume rurale isolée posent une atmosphère pesante où le malaise s’immisce par touche discrète, notamment la teinte verte soudainement trop vive de la végétation. Dommage que le scénario soit un peu confus sur la nature de la menace et l’explication des évènements passées. L’intrigue policière secondaire de l’éditeur (Hidetoshi Nishijima) n’était vraiment pas nécessaire non plus, le seul isolement où les protagonistes perdent pied suffisait amplement au malaise. Malgré ces petits défauts, on retiendra avant tout la réussite plastique et le sens de l’atmosphère si bien maîtrisé par Kurosawa.
Sorti en dvd zone 2 français chez Condor Films
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