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mardi 13 octobre 2020

La revanche de Freddy - A Nightmare on Elm Street 2: Freddy's Revenge, Jack Sholder (1985)

Cinq ans sont passés depuis les meurtres de la rue Elm. Une nouvelle famille, les Walshes, s'installe dans l'ancienne maison des Thompsons. A peine installés, Jesse, l'ainé des enfants expérimente de terrifiants cauchemars tandis que des phénomènes étranges se produisent autour de lui. Fred Krueger prépare son retour par l'intermédiaire d'un corps, celui de Jesse.

Dans Les Griffes de la nuit (1984), Wes Craven inventait avec Freddy Krueger un des grands croquemitaines du cinéma fantastique contemporain. Le succès immense du film appelait naturellement une suite qui sera produite dans la foulée. Wes Craven forcément sollicité déclinera la proposition car par convaincu par le script de David Chaskin qui lorgne vers le récit de possession. La matérialisation et la menace de Freddy Krueger (Robert Englund) dans Les Griffes de la nuit se nourrissait des peurs enfantines primaires qu’il ravivait auprès de ses victimes adolescentes. Cette suite convoque des peurs plus refoulées et intimes pour son héros Jesse (Mark Patton). Installé dans la maison ayant vu les évènements du premier film, Jesse est au départ comme « testé » par Freddy qui alterne cauchemar spectaculaire (la mémorable scène d’ouverture en bus) et apparition fugace pour cerner ce qui le terrifie le plus.

Les indices sont plus ou moins subtilement distillés en mettant en parallèle le flirt timide entre Jesse et sa jolie voisine Lisa et une tension érotique gay latente dans l’imagerie du film. Jesse dors torse nu dans des postures lascives et se réveille tremblant et moite de sueur. Parallèlement le récit s’attarde plus que de raison sur les scènes sportives au lycée et notamment de vestiaires. Caméra qui s’attarde sur les muscles saillants, blagues potaches qui révèlent des attributs masculins avantageux (le pantalon de Jesse baissé en pleine partie de baseball). Ces situations ravivent de façon sous-jacente un désir homosexuel refoulé de Jesse et offre une ouverture à Freddy pour le « posséder » et semer à nouveau la mort sur son passage.

La présence de Freddy est d’ailleurs assez sporadique sur l’ensemble du film, comme s’il était moins le croquemitaine du premier volet qu'une manifestation de l’inconscient de Jesse,. Il conserve néanmoins cette facette taiseuse et inquiétante (l’ère des mises à mort ponctuées de bons mots arrivera avec l’épisode suivant), et Jack Sholder associe ses attributs les plus identifiables au sous-texte du film lorsqu’il multiplie les inserts où Jesse enfile les fameux gants griffus, ou sur l'oeil torve de Freddy. Plus l’histoire et le trouble de Jesse progresse, plus cette thématique se fait explicite et notamment dans les mises à mort de Freddy. Les transitions invraisemblables convoquent la dimension oniriques de l’opus de Wes Craven, mais sous ce prisme gay. 

Ainsi un Jesse somnambule croise son prof de sport dans un club SM avant que ce dernier ne le convoque dans les douches du gymnase scolaire. Les manifestations de Freddy découlent de ce désir homosexuel qui s’ignore pour le héros, mais de plus en plus visible dans l’imagerie du film. Freddy surgit ainsi dans la brume de la vapeur de douche en lieu et place de Jesse, ou plus tard dans l’intimité de la chambre partagée avec un camarade. C’est d’ailleurs suite à un flirt plus torride avec Lisa qu’en réaction de rejet, un autre attribut morbide de Freddy (sa langue démesurée) surgit pour interrompre ce rapprochement hétéro. 

 Malgré quelques menus défauts (les parents assez caricaturaux), c’est donc assez fascinant et audacieux même si on peut questionner cette idée de voir l’homosexualité comme une part d’ombre monstrueuse qui prendrait les traits de l’infâme croquemitaine. Le film rencontrera un succès comparable à son illustre prédécesseur malgré des critiques mitigées. Malgré la thématique explicite les concepteurs le niant longtemps tel le scénariste mettant le sous-texte homo-érotique sur le dos de la prestation de Mark Patton dont le rôle fut longtemps écrit pour une actrice. C’est pour cette raison un opus qui occupe une place particulière dans la saga Freddy et aujourd’hui un vrai objet d’analyse pour les gender studies sur l’imagerie gay dans le cinéma hollywoodien.

Sorti en bluray et dvdz zone 2 français chez Metropolitan

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