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mardi 6 octobre 2020

Lupin III: The First - Takashi Yamazaki (2020)


 Le «gentleman cambrioleur» Lupin III s’associe à la jeune Laëtitia pour faire main basse sur le journal de Bresson, un trésor que même Arsène Lupin son grand-père n’a jamais réussi à dérober. Alors que Lupin III et ses compagnons se démènent pour dénouer les secrets du fameux journal, ils doivent faire face à une sombre cabale poursuivant d’horribles desseins.

Lupin III: The First s’inscrit dans le courant récent de l’animation japonaise consistant à offrir un lifting en CGI aux grandes icônes japanime des années 70/80. On a ainsi eu Albator, Corsaire de l’Espace de Shinji Aramaki en 2013, et Les Chevaliers du Zodiaque : La Légende du Sanctuaire de Keichi Sato en 2014, tous produits par la Toei. Il s’agissait dans les deux cas de relancer les licences pour un public plus jeune, donnant pour Albator un résultat convaincant esthétiquement mais un peu froid, et pour Saint Seiya une adaptation ratée mais un visuel réinventant de façon originale la série. Lupin III a beau être une licence plus ancienne que ces titres, son passage en CGI ne revêt absolument pas les mêmes enjeux. Le personnage créé par Monkey Punch a traversé les décennies à coup de séries TV, OAV, téléfilms et films de cinéma (dont le fameux LeChâteau de Cagliostro de Hayao Miyazaki) sans jamais disparaître du paysage audiovisuel japonais. Mais surtout il a toujours su brillamment se réinventer, notamment dans ces récentes séries télévisées Lupin III : Une femme nommée Fujiko Mine (2012) et Lupin III : L’aventure italienne (2015), superbes relectures formelles et thématiques du mythe.

Lupin III the First n’est donc pas vraiment un projet visant à relancer le personnage, mais une aventure de plus bénéficiant des technologies actuelles. C’est pour l’essentiel une vraie qualité du film, les mimiques goguenardes de Lupin, ses contorsions improbables et son flegme passant brillamment l’épreuve du numérique. Point de nouvelle introduction du personnage et ses acolytes, l’ensemble vise avant tout les fans et connaisseurs de l’univers, ce qui évite de tergiverser et fait entrer de plain-pied dans l’aventure. Le scénario offre une trame façon Les Aventuriers de l’Arche perdue, avec un chassé-croisé entre Lupin et des nazis revanchards à la poursuite d’une relique ancestrale aux pouvoirs dévastateurs. Sous cet aspect se trouve en filigrane une quête des origines.

Il y a d’abord celle de Lupin qui, en volant l’artefact, réussirait s’emparer du seul objet qui échappa jadis à son illustre grand-père – Arsène Lupin donc, le héros de Maurice Leblanc désormais libre de droit, et donc autorisant explicitement la référence. Malheureusement, hormis quelques allusions et gimmicks formels, le récit n’exploite guère la portée émotionnelle de cette parenté. Néanmoins, cette quête des origines s’incarne à travers le personnage de Laetitia, petite-fille de l’archéologue découvreur du mac guffin et qui va instinctivement montrer le même talent et suivre ses traces avec l’aide de Lupin. Le récit fait la part belle à ses atermoiements et doutes pour suivre son accomplissement intellectuel et sa maturité de femme.

Le film revisite plutôt bien les looks emblématiques des acolytes de Lupin (le samouraï Goemon, la femme fatale Fujiko, l’as de la gâchette Jigen, le policier Zenigata pour une fois allié ici) et parvient à rejouer la démesure cartoonesque de l’action et des gags de la série par une mise en scène inventive et spectaculaire. La dernière partie et sa destruction massive de blockbuster est un chouïa moins palpitante mais le climax à cheval sur le message féministe et la roublardise de Lupin achève de nous convaincre. Pas une réinvention donc (pour cela, allez voir les séries récentes évoquées plus haut) mais une itération efficace et sympathique du personnage qui fera son effet sur grand écran. 

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