Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 28 juillet 2012

À chacun son destin - To Each His Own, Mitchell Leisen (1946)


Pendant la seconde guerre mondiale à Londres, Joséphine Norris, quadragénaire, pense retrouver en la personne d'un jeune officier américain le fils qu'elle a abandonné en 1917.

To Each His Own est le film de l'émancipation pour Olivia de Havilland qui, sortie vainqueur du conflit qui l'opposait à la Warner libère les acteurs des contrats contraignant qui les liaient aux studios et désormais dispose d'un choix plus autonome de ses rôles. Grand mélodrame et beau Women Picture, À chacun son destin doit donc grandement à la détermination de Olivia de Havilland qui ira chercher celui qui sur tirer d'elle sa plus belle performance dans Par la porte d'or (1940), Mitchell Leisen. Peu emballé au départ par ce script excessivement mélodramatique de Charles Brackett selon lui, il le remaniera grandement afin d'obtenir le résultat souhaité (l'identité de Olivia de Havilland se révèle à son fils de manière plus simple et belle que la longue série d'explications du script originel) et finira par réellement s'enthousiasmer pour ce qui est un de ses plus beaux films.

Le film s'ouvre dans un Londres plongé en plein blackout où déambule une quadragénaire qui ne s'en laisse pas compter, Joséphine Norris (Olivia de Havilland). En charge avec un autres citoyen (Roland Culver) de surveiller le ciel d'éventuels attaques aérienne en cette soirée du jour de l'an, on découvrira qu'elle n'a guère d'autres occupation que ce devoir qu'elle assume volontiers. Si on devine une blessure secrète sous ce caractère solitaire, on ne verra son regard réellement s'illuminer que lorsqu'on lui signalera l'arrivée d'un train très attendue à la gare. Qui est le mystérieux passager qui semble dérider ainsi cette femme en apparence si dure ? La narration en flashback va nous le révéler.

Plus de vingt ans plus tôt, encore jeune fille aux Etats-Unis, Joséphine tomba folle amoureuse du séduisant pilote de l'armée Bart Cosgrove (John Lund dans le double rôle de l'amant et du fils) de passage dans sa petite ville. Leisen filme avec une grâce infinie ce qui sera l'instant le plus romantique de la vie de cette femme.

Toute la beauté de ce moment idéalisé est entièrement soumise au regard et au souvenir émerveillé de Joséphine, les éléments plus grinçants (l'attitude cavalière du pilote qu'on imagine bien séduire une jeune femme dans chaque ville où il défile mais qui semble de plus en plus sincère) s'estompant sous la force des moments sentimentaux avec cette déclaration d'amour dans les airs et ce baiser dans la nuit noire à l'atterrissage.

De cette brève romance, Joséphine va pourtant garder plus qu'un souvenir, elle est tombée enceinte. Dans cette Amérique provinciale et moralisatrice, rien de plus mal vu qu'une fille-mère sans mari et Joséphine va tenter de garder son enfant tout en échappant à la vindicte populaire en usant d'un stratagème lui permettant d'adopter son propre fils. Malheureusement un concours de circonstance fait tomber le nourrisson dans la famille d'une femme l'ayant toujours considéré comme une rivale. Dès lors, condamnée à aimer son fils à distance elle lui consacrera tous ses efforts, fera tous les sacrifices pour lui sans qu'il soupçonne même son existence.

Olivia de Havilland délivre une performance magnifique, autant dans la jeunesse de cette maternité entravée que dans l'âge mûr (son vieillissement est une vraie réussite au maquillage) et ses tentatives désespérée de rattraper le temps perdu. Toute la détermination du personnage, son ascension sociale et ses réussites ne sont là que pour renouer avec cette jeunesse qu'elle n'a pas vécue, cette brève romance qu'elle a à peine vécue et ce rôle de mère dont elle a été privé.

Le scénario, de cruelles désillusions (les brèves retrouvailles où le garçonnet ne la connaissant pas la repousse) en séparations douloureuses (le terrible renoncement de départ) ne ménage pas notre héroïne dont le sens du sacrifice et la dévotion maternelle infinie n'en sera que décuplée par la grâce de la mise en scène de Leisen et la prestation poignante de Olivia de Havilland (qui y gagnera son premier Oscar). On pardonnera l'épilogue qui tire un peu en longueur, puisque la récompense tant attendue y est enfin au bout du chemin. I think this is our dance, Mother.

Sorti en dvd zone 2 anglais et sans sous-titres.

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