Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Mariage Incognito - Vivacious Lady, George Stevens (1938)
Peter Morgan est un jeune professeur de botanique dans un collège de province dirigé par son père. Lors d'une escapade à New York en compagnie de son cousin Keith, il rencontre une chanteuse de cabaret, Francey, dont il tombe amoureux et l'épouse immédiatement. De retour chez lui, il préfère ménager ses parents, surtout son père très autoritaire, et diffère l'annonce de son mariage, présentant Francey comme une amie de Keith, d'autant plus que Peter a une "fiancée officielle", Helen...
Le rire, l'émotion et une belle inventivité sont au service de cette jolie comédie romantique signée George Stevens. Comme souvent dans les comédies des années trente un message social se dessine en toile de fond avec quelques piques envers le poids des apparences, l'opposition sociale, l'autorité parentale. Tout cela est cependant moins appuyé que chez un La Cava par exemple et finalement c'est surtout la tendresse suscitée par les personnages qui rend le tout si attrayant. Le coup de foudre et le mariage précipité en ouverture est ainsi délicieusement amené par Stevens qui croque en quelques scènes son couple si attachant et magnifiquement interprété.
James Stewart alors en pleine ascension (Vous ne l'emporterez pas avec vous de Capra sort la même année et il retrouve le réalisateur dans la foulée Mr. Smith au Sénat) perfectionne son emploi d'alors de jeune homme gauche et emprunté à la timidité irrésistible. C'est bien ce qui fait fondre Ginger Rogers elle aussi dans son registre de citadine gouailleuse et au caractère bien trempé. Cette scène de rencontre est suffisamment craquante pour que l'ellipse sur l'inattendu mariage (au bout d'une journée !) passe et forme un cocon amoureux autour des personnages qui va être mis à rude épreuve lorsqu'ils devront se confronter au monde extérieur.
Ce monde extérieur s'illustre à travers la petite ville provinciale de Stewart et surtout de la personnalité conservatrice de son intimidant père joué par Charles Coburn. Aux antipodes des obsédés libidineux qu'il peut incarner chez Hawks entre autre (Chérie je me sens rajeunir) est ici un sévère président d'université qui ne tolère aucun écart de la part de son fils amener à lui succéder. Un fils tellement intimidé qu'il n'osera lui dire qu'il est marié avec une ex danseuse et différant l'annonce à un moment plus propice qui va fortement tarder à se présenter.
On rit donc aux éclats des multiples quiproquos et catastrophe qui empêche les jeunes mariés d'assumer leur union au grand jour dont un gag énorme où Ginger Rogers colle une rouste mémorable à la "fiancée" officielle et distingué de Stewart. Les situations qui placent le couple dans des positions de vulgaires flirt bardé d'interdit (on situe bien la morale envahissante la société d'alors) offrent de bon moment aussi comme lorsqu'un petit coin isolé pour s'embrasser révèle le nid de tous les étudiants de la ville venus se bécoter en douce. La détresse de nos tourtereau est cependant palpable sous l'humour et offre de charmants instants notamment le faux départ de Ginger Rogers où elle et James Stewart cherchent tous les prétextes pour retarder l'échéance, avec l'allusion sexuelle à peine masquée du déclenchement du lit pliant censé distraire leur attention (le mariage ne pouvant être "consommé" qu'une fois officiel aux yeux de tous).
Les seconds rôles déploient une belle énergie également et outre Charles Coburn génialement bougon, Beulah Bondi en maman pas si fragile (excellente scène de danse improvisée !) est parfaite, tout comme James Ellison en meilleur ami fêtard. Dommage que la conclusion (sans être ratée) soit si quelconque (on aurait aimé voir Charles Coburn en prendre un peu plus pour son grade) il y avait matière à une meilleure apothéose finale que ce poussif final larmoyant dans le train. Cela n'enlève en tout cas rien au charme et à l'attrait de cette piquante screwball comedy.
Sorti e dvd aux Editions Montparnasse dans la collection RKO
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