Flint Lockwood est un ingénieur et inventeur un peu loufoque depuis son enfance. Sa ville natale, basée sur une île dans l'Océan Atlantique, se consacre entièrement à la pêche de la sardine. Lorsqu'un jour le monde se prend de dégoût pour ces dernières, la ville se retrouve condamnée à manger les énormes stocks de sardines restants. Flint essaye alors de trouver une solution pour permettre à ses habitants et à sa ville de regagner la possibilité de manger librement. Il invente donc une machine qui transformerait l'eau en nourriture, telle que des cheeseburgers, des bonbons, de la pizza ... Mais cette invention va provoquer une pluie soudaine de nourriture et déclencher des catastrophes à l'échelle mondiale.
Le titre extravagant annonce la couleur et se justifiera à
la vision de ce Tempête de boulettes
géantes, un des films d’animation les plus fous et délirant vu ces
dernières années. Le film adapte en fait Cloudy
with a Chance of Meatballs, un classique de la littérature enfantine anglo-saxonne
de Jodi (à l’écriture) et Ron (aux dessins) Barret. L’ouvrage narrait les
mésaventures des habitants de la ville de Chewandswallow dont l’existence est
régie par une météo pour le moins singulière, la pluie faisant tomber des
aliments divers trois fois par jour aux
heures de petit déjeuner, déjeuner et dîner.
Le problème est qu’en cas de
mauvais temps, les aliments se font moins appétissants avec choux de Bruxelles,
haricots verts et les intempéries menaçantes vont inciter les habitants à
quitter les lieux pour vivre une existence plus normale. L’histoire narrée par un
grand père à ses petits-enfants constituait en fait une fable sur la nécessité
à manger de tout et à ne pas gaspiller pour ses jeunes lecteurs, les dessins de
Ron Barret sur les visions surréalistes d’aliments tombant du ciel ayant marqué
durablement l’imaginaire de plusieurs génération depuis la sortie du livre en
1978.
L’adaptation conserve la morale du livre ainsi que le
principe puissant de la pluie d’aliments gigantesques mais modifie la trame
originelle en la simplifiant. On perd l’aspect de fable pour une explication
scientifique où un jeune inventeur crée une machine pouvant fabriquer des
aliments à partir d’eau et suite à des rebondissement rocambolesque, la machine
coincée dans les air s’aliment de l’eau des nuages pour faire pleuvoir des mets
sur commande.
Dans une très audacieuse analogie sur le gaspillage, l’excès et
la malbouffe la ville use et abuse de son nouveau jouet avec des images
totalement délirantes de ruelles transformées en sorbet, de grêlons de
sucreries… La cité portuaire étant jusque-là au régime sec à base de sardine,
cet excès est autant synonyme de retombées touristique qu’un exutoire à des
années de repas ternes, jusqu’au jour où la machine déraille…
Le parcours initiatique de Phil inventeur en quête de
reconnaissance, sa relation avec son père et ses amours avec la journaliste
météo Sam (doublée par la comédienne Anna Faris) est assez convenu mais très
attachant. Il permet un vrai ancrage émotionnel à un film dont l’esthétique se
lâche de façon assez surprenante. Aucun objectif de réalisme dans le physique
cartoonesque des personnages et de leurs attitudes outrancières, de cette ville
terne qui devient de plus en plus bariolée avec l’avalanche de nourriture s’abattant
sur elle.
Ce visuel suit la logique du film, l’excès de couleur tout comme la
surconsommation provocant l’indigestion. Cette imagerie colorée prend alors des
allures baroques d’apocalypse lorsque la machine se dérègle et les
rebondissements tout en jouant des codes du film catastrophe propose des images
inouïes. Ciel rougeoyant en forme de punition divine pour les mangeurs sans raisonnement,
aliments rendus menaçants et cauchemardesques par leur taille disproportionnée
(l’expédition au cœur de la machine n’est pas loin du film d’horreur), tsunami de spaghettis, l’outrance
qui a précédée demeure en inversant le propos, plus du tout amusé.
Les deux réalisateurs Phil Lord et Chris Miller savent
cependant jongler entre ces différentes tonalités et le côté décalé et
picaresque atténue avec justesse la noirceur entrevue, rendant le film
palpitant à suivre (et le truffant de gags en arrière-plan, de nouveaux se révélant constamment au revisionnage). C’est sans doute ce grand écart et la notoriété du livre
qui permit le triomphe du film au box-office américain, qui propose un grand
spectacle plutôt inédit et un discours offensif sous le grand spectacle pour
enfant. Les deux réalisateurs ont depuis confirmés leur talent avec leur
excellente relecture live de la série 21
Jumpstreet cette année.
Sorti en dvd zone 2 français chez Sony
Sorti en dvd zone 2 français chez Sony
Très fun, c'dessin animé :)
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