Holly Parker, d’origine modeste, épouse
Clayton Anderson un homme politique ambitieux, issu d’une famille aisée
et respectable. Le couple vit heureux et donne naissance à un garçon
Clayton Jr. Mais la belle-mère d’Holly, Estelle, qui vit avec eux ne
l’aime pas à cause de ses origines. Souffrant de solitude, Clayton étant
souvent absent, Holly devient la maîtresse de Phil, un ami de la
famille. Au retour de son mari, elle comprend qu'elle n'aime que lui et
décide de rompre avec son amant qu'elle est venue rejoindre chez lui. Au
cours d’une discussion houleuse, Holly qui se débat, le pousse
accidentellement dans les escaliers et Phil trouve la mort. Sa
belle-mère qui la faisait suivre par un détective, est vite au courant
de la situation.
Madame X
est le dernier grand rôle de Lana Turner (qui allait ensuite
progressivement se retirer des plateaux pour de brèves apparition à la
télévision comme dans le feuilleton Falcon Crest) et qui offre là ce qui est sans doute sa plus belle prestation. Le film adapte la pièce de Alexandre Bisson La Femme X
dont le cinéma su immédiatement saisir le potentiel puisque deux ans
après les premières représentations sur les planches avec Sarah
Bernhardt dans le rôle-titre, une première adaptation vit le jour en
1910. Trois autres versions muette suivront en 1916, 1920 et 1929 et le
parlant s'en emparera en 1937 dans un film réalisé par Sam Wood. David
Lowell Rich signe là la huitième et plus célèbre adaptation bien que
deux autres voient le jour en 1981 (avec Tuesday Weld et Eleanor Parker)
et en 2000.
Sa belle-mère
Estelle (Constance Bennett) qui ne l'a jamais aimée saisit donc
l'occasion de se débarrasser d'elle par un odieux chantage. Pour ne pas
briser la carrière politique de Clayton par un scandale, elle devra
simuler sa mort et disparaître sous une nouvelle identité. Cette trame
rocambolesque et bien chargée s'avère bien prenante grâce à l'équilibre
du script de Jean Holloway, le travail sur la forme qui accompagne les
multiples péripéties et ruptures de ton ainsi que la très grande
performance de Lana Turner.
La photo de Russell Metty s'orne d'une palette agressive, presque psychédélique pour signifier la dépravation de l'héroïne avec des teintes violettes sombres et décadente. Lorsque cette fuite en avant s'arrête brièvement, c'est pour voir une Holly inconsolable refuser un nouveau bonheur possible (la romance avec le musicien danois) ou la retrouver physiquement ravagée (remarquables maquillages qui vieillissent une Lana Turner au départ aussi pimpante qu'à sa grande époque) entre les griffes d'un ignoble maître chanteur (Burgess Meredith). La mise en scène n'a de cesse de perdre la silhouette frêle de Lana Turner pour illustrer ce sentiment de désespoir et de profonde solitude.
Le jeu très expressif de Lana Turner se prête parfaitement à ce personnage brisé et l'actrice bouleverse plus d'une fois. On n'est pas prêt d'oublier sa détresse face aux peurs nocturnes de son petit garçon qu'elle s'apprête à quitter, plus tard lorsqu'elle s'effondre de douleur le soir de noël hantée par le souvenir de son bonheur disparu. Le sommet est atteint lors de l'épilogue flamboyant osant l'emphase la plus totale.
Holly accusée de meurtre voit le moyen d'en finir définitivement en laissant la procédure suivre son cours et la mener vers une peine de mort en forme de délivrance pour elle qui n'est plus personne si ce n'est cette Madame X suscitant la curiosité des journaux. C'est sans compter le tour du destin puisque l'avocat commis d'office ne sera autre que son propre fils (Keir Dullea futur héros du 2001 de Kubrick). Le double sens des échanges, de la plaidoirie entre la mère et le fils, la connivence et l'affection inexplicable pour ceux pensant être des inconnus l'un pour l'autre créent ainsi de très grand moment d'émotion jusqu'au grand final où Lana Turner magnifique s'abandonne totalement et se libère de toutes ses souffrances.
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