Dernières années de la dynastie Han. Afin d’unifier le pays, le général Cao Cao, véritable détenteur du pouvoir derrière l’Empereur, décide d’enrôler le plus fort des guerriers, Guan Yu. Mais ce dernier est un loyal ami de l’ennemi juré de Cao Cao : le chef militaire Liu Bei. Afin de forcer Guan Yu à le rejoindre, Cao Cao projette d’enlever Qi Lan, la concubine de Liu Bei, dont Guan Yu est secrètement amoureux. Après avoir mené les forces de Cao Cao vers la victoire, Guan Yu retrouve Qi Lan. Mais Cao Cao considère désormais Guan Yu comme une menace et envoie ses troupes pour l’anéantir.
Doucement mais sûrement Donnie Yen sera parvenu ces dix
dernières années à gagner ses galons de star au sein du cinéma de Hong Kong.
Pendant longtemps cantonné à des seconds rôles de luxe (ou des premiers rôles
dans des productions moins ambitieuse) voit son statut changer avec le
phénomène SPL (2005) que suivent les
succès Dragon Tiger Gate (2006), Flashpoint (2007) ou le diptyque Ip Man (2008 et 2010). Cette notoriété
semble également enfin s’étendre à l’Occident, en France notamment puisque à
défaut de sortie en salle (les Ip Man l’auraient pourtant mérité…) ces
dernières productions nous parviennent de plus en plus vite en dvd, The Lost Bladesman étant même le
troisième Donnie Yen édité lors de sa parution en 2011.
Cependant les films précités, malgré leurs qualités,
symbolisent malheureusement un peu ce que Donnie Yen n’a jamais cessé d’être :
un second couteau. L’homme aspire à une reconnaissance semblable à Jet Li ou
Jackie Chan. Pour l’instant, il n’a pas réussi à définir un style suffisamment
personnel comme le second (si ce n’est sur des aspects superficiels comme ce
narcissisme un peu trop voyant) et, dépourvu
du charisme du premier, il n’est
guère sollicité par les grands réalisateurs de la péninsule (hormis Seven Swords de Tsui Hark ou Kingdom of War d’un Ching Siu Tung sur
la pente descendante) sur leurs projets les plus ambitieux. L’homme n’est plus
tout jeune malgré son allure élancée (48 ans déjà) et est bien conscient qu’il
devra étendre son registre quand viendra le temps où sa forme physique
déclinera.
C’est donc tout le but de ce The Lost Bladesman, grande fresque martiale et historique, qui,
avec le récent La 14e Lame tente d’imposer une image plus mature et « sérieuse
» de Donnie Yen (ce que n’ont pas totalement réussi les Ip Man). Le film se
penche donc sur les débuts du Général Guan Yu, une des figures emblématiques de
la complexe période des Trois Royaumes à la fin de la Dynastie Han. L’ambition
est là, avec des thèmes passionnants mêlant intrigues de palais, amitiés
ébranlées, passions contenues et batailles dantesques. Le statut de Guan Yu
constitue le principal intérêt du film.
Il trouve chez l’ennemi dont il est
prisonnier, Cao Cao (Jiang Wen débordant de charisme), une forme de quiétude et
d’idéal de vie qu’il devine être ce à quoi aspire désormais le pays. Mais la
fidélité à son camp et son amour secret
pour Quilan (Betty Sun) le contraignent à bafouer ses principes. Le
pragmatisme de Cao Cao et la sagesse de Guan Yu se heurtent ainsi au fanatisme
de leurs camp respectif, faisant des deux hommes des ennemis malgré le respect
voire l’amitié qu’on devine les lier.
Le fond est plutôt captivant mais on ne peut en dire autant
de la forme. La mise en scène d’Alan Mak et Félix Chong ne tire guère le projet
vers le haut. Les flashbacks en lumière diaphane hideuse tirent vers le roman-photo,
malgré les moyens, les batailles sont sans idées et on ne trouve rien ici qui
détache le film du tout venant de la grosse production épique locale. Rien de
l’ambiance boueuse des Seigneurs de la
guerre de Peter Chan ou de la virtuosité des Trois Royaumes de John Woo, mais une sorte de fadeur où le film se
laisse regarder mais ne captive jamais vraiment. Les enjeux complexes
précédemment dépeint se noient dans un rythme poussif et répétitif.
Heureusement tout cela est compensé par quelques séquences d’actions de hautes
volées. Le mano à mano long d’une muraille est très efficace et surtout on
retiendra ce moment où Donnie Yen sème le chaos hors champ dans une forteresse
ennemie où seul nous parviennent les bruits du combat derrière une porte. C’est
un peu le seul vrai moment inventif du film mais il vaut le détour. Quant à
Donnie Yen, malgré des efforts certains, ce n’est pas encore cette fois qu’il
convaincra dans une performance dramatique. La profondeur et le déchirement de
Guan Yu s’expriment plus par le script que sa prestation limitée. Au final, un
produit de série efficace mais sans génie dont il ne faudra pas attendre monts et merveille mais qui fait
passer un bon moment aux amateurs.
Sorti en dvd zone 2 français chez Seven 7
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