Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Le Règne des Assassins - Jianyu Jianghu, Chao-Bin Su et John Woo (2010)
Dans la Chine ancienne, des sectes sont à la recherche de la
dépouille d'un moine indien mort il y a plusieurs siècles, censée leur
apporter la toute-puissance. Parmi elles, le gang de la Pierre Noire,
dirigé par Wheel King (Wang Xue Qi), est une des plus redoutées. Après
s'être emparée d'une partie du corps, Drizzle (Kelly Lin), un de ses
membres, s'enfuit afin de mener une vie loin des vols et des
assassinats. Pour ce faire, elle change d'identité et d'apparence. Mais
ses anciens comparses ne l'entendent pas de cette oreille...
En sérieuse perte de vitesse à Hollywood, John Woo de retour à Hong Kong
avait opéré une spectaculaire résurrection avec sa fresque monumentale Les Trois Royaumes. On attendait dès lors la suite qui arrive enfin avec Le Règne des assassins, mais
pour un vrai film de John Woo il faudra cependant encore attendre. Bien
qu’il soit très mis en avant par la promotion et son nom porteur, John
Woo, crédité en tant que coréalisateur, est surtout producteur et Su
Chao-Pin le vrai maître d’œuvre de l’ensemble. Ce dernier s’était
surtout lié d’amitié avec John Woo qui décida de produire son projet
suivant et il est assez rapidement évident (bien qu’il ait bel et bien
dirigé une scène du film mettant en scène sa fille Angeles Woo) qu’il
reste peu du réalisateur de The Killer dans l’imagerie et les thèmes du film.
Le film renoue avec la tradition du wu xia pian classique dans l’esprit
de la Shaw Brothers et où plane l’ombre d’un de ses maîtres, Chu Yuan. A
la fin des 70’s, Chu Yuan avait adapté de nombreuses œuvres de l’auteur
Gu Long pour la firme qui se caractérisaient par son monde des arts
martiaux bariolé et fantaisiste, où des combattants se livraient une
guerre sans merci pour déterminer qui était le plus fort.
Feuilletonesque et bourré de rebondissements, ces films donnaient un
attrait certain à cet univers tout en le remettant en cause lorsque les
héros torturés se questionnaient sur la vacuité de cette vie de combat.
C’est exactement cet esprit que l’on retrouve ici avec cette tueuse
redoutable jouée par Michelle Yeoh qui renonce à ses méfaits et change
de visage afin de mener une existence normale. Ayant refait sa vie et
s’étant mariée, elle est cependant rattrapée par son ancienne
organisation en quête de la relique d’un moine maître des arts martiaux
conférant toute puissance à son possesseur.
Le Règne des assassins mêle donc drame complexe et récit serial
en diable avec son lot de coups de théâtre inattendus (l’identité et le
but du grand méchant superbement incarné par Wang Xue). La facette
dramatique est très réussie avec son questionnement sur le pardon, la
seconde chance et la culpabilité grâce à la sobre prestation de Michelle
Yeoh en tueuse repentie. C’est cette thématique qui maintient
l’attention face à une action assez laborieuse dans l’ensemble.
Malgré
une foule d’ennemis aux caractéristiques potentiellement spectaculaire
avec leurs pouvoirs divers (un magicien, un maître de l’acupuncture
mortelle) les combats certes efficaces manquent cruellement
d’inventivité et d’intensité. Le rythme du film s’en ressent puisqu’ils
sont supposés le relancer entre les scènes intimistes dominantes. Les
enjeux sont néanmoins très prenants et une révélation finale ajoutera
encore en complexité au récit pour une fin assez belle. Si la mise en
scène et les combats ne dépassent pas le standard moyen du wu xia pian,
l’histoire touchante confère un attrait certain à ce Règne des assassins. En attendant le vrai prochain film de John Woo.
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