Kubo mène une vie tranquille à l'université, avec sa petite amie. Mais quelque chose le gène, jusqu'à ce qu'il rencontre un de ses anciens camarades de lycée, Tanaka, qui l'introduit au monde des otakus. Kubo se découvre alors un nouveau but dans la vie : devenir l'Otaking, le roi des Otakus. Tout sera bon pour ça : le cosplay, créer des maquettes, puis le magasin, puis les chaînes de magasins les commercialisant, jusqu'à créer son propre dessin animé et construire son propre parc d'attractions réservé à l'amusement des Otakus.
Aujourd’hui récupéré à toutes les sauces, la figure du « geek »,
ce passionné maladif féru d’univers imaginaire (Science-fiction, heroic
fantasy, jeux de rôle…) et d’informatique tend à se diluer. Autrefois
minoritaire, mal vue mais authentique, cette communauté s’est vue amplifiée et
devenir une sorte de norme « cool » avec l’arrivée dans la vie active
d’une nouvelle génération restée dans la
nostalgie de ses passions adolescentes.
Le terme geek en perdu de sa valeur et
les vrais mordus laissent désormais place à des poseurs branchés. Ce genre de
dégringolade n’a pas encore atteint le Japon où on emploierait pour les
désigner le terme « Otaku », la définition portant ici plus
particulièrement sur les fans d’animations, d’Idol (ces chanteuses pop
japonaises adolescentes) ou de manga.
Le phénomène otaku connu une ampleur sans précédent au Japon
dans les années 80/90 et notamment dans ses dérives que ce soit le caractère
asocial de plus en plus prononcé de
certains otaku (ne sortant plus de chez eux pour s’adonner à leur passion) ou
encore les trouble psychologique ou la différence avec le monde réel ne se fait
plus. Perfect Blue, premier film
magistral du regretté Satoshi Kon se pencha sur la question le temps d’un
remarquable thriller hitchcockien où une Idol
se voyait traquée par un dangereux admirateur.
Plus récemment la série Genshiken
portait un regard attachant et moqueur sur la communauté otaku. Le vrai précurseur
de ce miroir tendu à leur fans par les créateurs vient cependant des 2 oav* du studio gainax (temple otaku s’il en est
avec leur série culte Evangelion ou Nadia) de 1991 qui se penche comme
rarement d'autres animé ont pu le faire sur le phénomène otaku. On suit le
parcours de Kubo jeune étudiant à la vie rangée qui suite à la rencontre avec un
camarade de lycée otaku sévèrement atteint, va se découvrir une vraie passion
pour cet univers.
La première oav nous décrit ainsi sa découverte du monde des
otakus, l'animé ayant une vraie fonction pédagogique en nous décrivant les
différents type d'otakus à travers les membres de la bande de mordus
respectivement d'animé, de figurines, d'armes ou encore d'effets spéciaux,
ainsi que leurs différentes manifestation tel le cosplay (ces assemblées où
chacun vient déguisé comme ses héros favoris avec souvent un sens du détail
impressionnant) et leurs bible avec des revues comme Animage ou Newtype.
Aujourd'hui où tous ces comportements est bien implanté en occident aussi cela
semblera sans doute trop explicatif mais la démarche à l’époque faisait preuve
d’une vraie originalité notamment par l’usage
de vrais/faux reportages en images live entrecoupant l'intrigue de
l'animé avec le portrait d'authentique otakus.
Portait d’ailleurs assez vaste
puisqu’allant de personnes rangées ayant un certain recul sur leur passion,
d'autres n'assumant pas leurs déviance passée, des types normaux en passant par
des individus réellement inquiétant et déviant. Le détail se fait également sur
les différents types d'otakus moins connu comme les fondus d'informatiques ou
les amateurs de garage kit, et en dévoilant des chiffres et des études sur leur
comportement.
Le 2e oav voit Kubo suite au rejet qu'il a subit pour son
statut (en se faisant larguer par sa copine) tenter de devenir l'otaku ultime,
"l'otaKing" et vivre de sa passion en gravissant lentement les
échelons et devenir un vrai chef d'entreprise. La petite chronologie des
évènements qui agitent le Japon au même moment contextualisent bien l'histoire
et ainsi les différentes mode de la communauté otaku, nos héros faisant tout
d'abord fortune grâce au garage kit (qui consiste à monter et peindre soi-même
ses figurines) au milieu des 80's avant de se relancer au début des 90's avec l'explosion
de la vidéo d'animation et en créant leur propre personnage et série.
On y trouve certainement et une
bonne part d'autobiographie, les fondateurs de Gainax étant des
otakus autodidacte qui ont fait de leur passion leur métier (et faisant part de pas mal auto dérision en revenant sur leurs
débuts) et peuvent ainsi en illustrer les penchants négatifs (perdre pied avec le réel, s'isoler) comme positif (se constituer une communauté d'amis animé de la même passion).
L’équilibre en récit et analyse est moins tenue dans cette deuxième
partie et portraits réels d'otaku ralentissent pas mal l'histoire même si l’ensemble
demeure captivant. La toute dernière scène, ode à l'imagination et au rêve
quoiqu'il advienne et le temps qui passe est des plus brillantes. L’anime ayant déjà 20 ans, les références
restent ancrés à cette période et les trentenaires ayant grandis avec Récré A2
et autres Club Dorothée s’amuseront des scènes de cosplay où défile les déguisements
de Cobra, Lamu, X-Or ou des mordus de Macross/Robotech. Il serait d’ailleurs
intéressant de faire une suite aujourd’hui vu que le phénomène a dû prendre une
autre ampleur encore avec l’explosion d’internet et plus généralement de la
culture Japonaise dans le monde qui a permis d’exporter ce type de comportement
plus local.
*produits d’animation destiné à la vidéo plus soigné que les
séries tv et très en vogue au Japon dans les 80/90’s
Sorti en dvd zone 2 français chez Dybex
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