Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 10 décembre 2012

Le Crépuscule des aigles - The Blue Max, John Guillermin (1966)



Allemagne, 1918. Bruno Stachel, un pilote de combat froid et ambitieux utilise des méthodes peu orthodoxes qui lui valent la haine de ses camarades et l’admiration de ses supérieurs. Courageux et sans pitié, il parvient au Panthéon des pilotes en décrochant la plus haute décoration militaire allemande : Pour le Mérite.

The Blue Max offre une vision épique de l’aviation avec cette évocation des premières guerres aériennes du conflit 14-18.  A cette époque pionnière, le simple fait de monter dans un cockpit constituait une grande aventure en soi tant les machines étaient encore perfectibles et la maestria des pilotes risquant leur vie à chaque décollage leur conféraient une aura de prestige en faisant une élite de l’armée. C’est précisément après ce prestige que court le héros du film  Bruno Stachel (George Peppard). Simple soldat embourbé dans les tranchées du nord de la France, il parvient à force de volonté à rejoindre l’armée de l’air allemande pour y devenir pilote à son tour.  

L'aviation constitue pour lui un ascenseur social, une manière de dépasser sa modeste condition pour intégrer et s’élever dans l’aristocratie de l’état-major allemand. Le symbole absolu de cette soif de reconnaissance serait pour Stachel l’obtention du Blue Max, plus haute décoration militaire allemande. Dès lors, il rentre dans une rivalité fratricide avec Von Klugermann (Jeremy Kemp) le champion d’alors dans une course au tableau de chasse effréné. Cet arrivisme se manifeste par une bassesse sur le front où toutes les félonies seront bonnes pour descendre un avion adverse. Cela lui attirera bientôt la haine de ses copilotes et l’admiration de ses supérieurs qui en feront un étendard publicitaire de l’armée. 

Le personnage de Peppard, glacial et sans états d’âmes  illustre en quelque sorte le changement de mentalité du soldat allemand qui amènera aux exactions de la seconde guerre mondiale.  Le corps  des pilotes se voit en effet ici attribué tous les atours de la chevalerie moderne : le cadre de vie des pilotes habitants dans un château, les mécaniciens associés à leur écuyers, leur tenue de cuir faisant office d’armure et les surnoms attribués au plus chevronnés leur donnant une aura légendaire comme le Baron Rouge. 

Cela se manifeste aussi par une attitude d’honneur envers l’adversaire, la victoire ne peut s’obtenir que par une manœuvre supérieure plaçant ces duels sous le signe du Beau Geste. Stachel est bien au-dessus de ses considérations et abat sans vergogne tout avion passant dans son champ de tir quand bien même ceux-ci auraient une avarie et rendraient sa victoire moins éclatante. Cette mentalité changeante comme pensée désormais dominante est symbolisée par le général pragmatique joué par James Mason qui sent la transition arriver. 

On a donc là foule de thèmes passionnants qui sont quand même parfois un peu noyé dans un film trop long qui souffre apparemment des nombreuses infidélités au livre de Jack D. Hunter (où certain caractère change du tout au tout). L'antagonisme entre Peppard et Jeremy Kemp n'est pas suffisamment prononcé, trop courtois et quand les choses s'enveniment vraiment un rebondissement coupe court à cette facette essentielle du film. L’histoire d’amour prolongeant en rivalité amoureuse celle des airs est peu palpitante aussi la faute à une prestation médiocre d’Ursula Andress (qui donne pourtant de sa personne avec un quasi topless très osé). 

Un point qui ne se discute absolument pas par contre, c’est la virtuosité des séquences aériennes époustouflantes de bout en bout. Les moyens sont là avec carrément deux modèles Pfalz D.III reconstruits pour le film, tandis que les Tiger Moths et Stampe SV.4s britannique sont refaçonné et camouflé de façon à ressembler aux Fokker allemands.

Hormis quelques rétroprojections dans les plans inserts de cockpit pour distinguer le visage des acteurs, les périlleuses scènes de combats aériens furent donc filmées live avec l’aide de L’Irish Air Corps responsable de mouvements très impressionnant. Guillermin habitué à gérer ce genre de lourde logistique aura bénéficié de moyens énormes qu’il utilisa à bon escient pour un résultat très impressionnant (figurants à perte de vue, destruction massive en tout genre). Malgré les quelques scories, un vrai grand spectacle à voir donc.

Sorti en dvd zone 2 français chez Fox

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