Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 22 décembre 2012

Peggy Sue s'est mariée - Peggy Sue Got Married, Francis Ford Coppola (1986)


1985 : les anciens du lycée Buchanan, classe 1960, se retrouvent pour leur vingt-cinquième réunion. Ce soir, ils sont venus en habit d'époque, jupes gonflantes, robes des sixties, brosse et nœuds pap' pour les garçons. Peggy, très populaire en 1960, se retrouve reine de la soirée avec pour partenaire son mari, Charlie, le rocker. Mais ce tandem si brillant jadis est sur le point de se séparer. Revoyant son mari dans sa prime jeunesse, Peggy, encore amoureuse, s'évanouit. Elle s'enfonce dans le rêve et revit ces fameuses années 1960...

Perdu dans des projets mastodontes où sa mégalomanie et un public changeant provoquèrent les échecs (le superbe Coup de cœur, le raté Cotton Club, le semi échec du retour aux sources du Parrain 3), Coppola su pourtant retrouver un vraie fraîcheur à travers de plus modeste films comme l'enchaînement Rusty James/Outsiders et ce Peggy Sue s'est mariée, charmant conte moderne.

Le poids du passé, le regret de ce qui aurait pu être, (lourdement) au cœur du Parrain 3 à venir sont abordés avec une grande délicatesse ici. Peggy Sue (Kathleen Turner) est une quarantenaire à la croisée des chemins. En instance de divorce avec Charlie(Nicolas Cage), l'amour de sa vie, Peggy Sue s'interroge sur ses choix. De ses rêves juvéniles d'ailleurs d'aventures, il ne reste pas grand-chose puisqu'elle est demeurée dans sa ville où elle tient une boulangerie et qu'en se mariant jeune elle n'a connu qu'un seul homme et raté la révolution sexuelle des 60's.

Toutes ces questions remontent à la surface lors de la réunion de lycée où elle va croiser d'anciens camarades dont Charlie où la joie des retrouvailles se dispute à la nostalgie et surtout fait resurgir la question : sachant de quoi l'avenir est fait, agirait elle de la même façon ? Fantasme dû à cette angoisse ou vrai phénomène surnaturel, suite à un malaise Peggy Sue se réveille 25 ans plus au temps de son adolescence au début des 60's. Tout va donc pouvoir recommencer, ou se rejouer.

L'ambiance 50's naïve et la performance touchante de Kathleen Turner confère un attrait irrésistible à l'ensemble. L'émerveillement et la nostalgie de l'héroïne sont aussi ceux du spectateur, qu'il ait vécu ou fantasmé cette période que la mise en image de Coppola capture dans des vignettes "americana" façon Norman Rockwell avec son cadre pavillonnaire immaculé , ses bar à jukebox, ses garçons gominés... Coppola donne chair à ce chromo rétro à travers les attitudes de Peggy Sue où les retrouvailles avec les êtres chers supposés disparus (de manière sous-jacente pour la petite sœur ou la mère, plus explicite pour les grands parents) font retrouver une innocence et une candeur surprenante à l'adulte éteinte vue en début de film.

 Cette innocence se traduit dans ce jeu de recommencement où Peggy Sue va contourner ses habitudes d'antan en forçant des évènements seulement rêvés alors : sortir avec le bel intellectuel ténébreux qui la fascinait, dire ses quatre vérités au professeur d'algèbre... Pourtant tout la ramène toujours à Charlie, joué par un Nicolas Cage débutant (pas le seul avec un casting comptant des jeunes Jim Carrey, Helen Hunt ou Joan Allen) qui confère une candeur romantique surprenante à cet apprenti musicien notamment par l'usage risqué (qui rendirent Coppola et le studio furieux) d'un timbre cartoonesque chevrotant qui ne ridiculise jamais le personnage mais le rend d'autant plus fragile et touchant.

Le film baigne dans un espoir et une quiétude idéalisant ce passé rêvé (et quel score délicat de John Barry) où finalement le présent est plus à réparer que ces doux souvenirs comme l'apprendra Peggy Sue sortie de cette illusion. Kathleen Turner trouve là un de ces tout meilleurs rôles et Coppola signe un de ses films les plus enchanteurs et positifs dont Noémie Lvosky aura tiré un sympathique remake officieux récemment avec Camille redouble.

Sorti en dvd zone 2 français chez Gaumont Columbia

Pour les fans de Coppola la vidéo de sa masterclass au Forum des images en lien ici

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