Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 14 décembre 2010

Salomé - William Dieterle (1953)


Sous le règne de l'empereur Tibère, le prophète galiléen Jean le Baptiste prêche contre le roi Hérode Antipas et son épouse, ex-femme de son frère, la reine Hérodiade. Celle-ci souhaite la mort du prêcheur, mais Hérode craint de lui nuire en raison d'une prophétie. Arrive la belle princesse Salomé, fille d'Hérodiade, bannie de Rome pour avoir eu une liaison avec un Romain.Mais à bord du navire qui l'emporte, elle se trouve face à face avec Ponce Pilate et son second, Claudius... La convoitise naissante du roi pour sa belle-fille et nièce Salomé va être utilisée par Hérodiade pour faire plier le roi à ses désirs.

Un excellent péplum biblique auquel ce touche à tout de William Dieterle, aussi à l'aise dans la fresque historique que dans le drame intimiste (les somptueux Portrait de Jennie et Quasimodo déjà évoqués sur le blog) confère tout son brio.

Le film sort au moment où le genre (surtout dans sa veine biblique) revient en force à Hollywood avec des films comme David et Bethsabée (également déjà traités en ces lieux) ou La Tunique. C'est surtout à ce dernier qu'on pense (en nettement plus réussi) en voyant Salomé, dans la manière de mêler le grand drame hollywoodien avec une relative fidèlité au évangiles (le gros changement est ici de faire de Salomé la responsable involontaire de la mort de Jean Baptiste quand c'est véritablement de son fait dans les écritures).

Les moyens sont conséquents mais pas encore démesurés comme dans les grands péplums à venir les années suivantes, et le film n'est pas particulièrement spectaculaire. Le tout repose essentiellement sur le scénario brillant de Jesse Lasky Jr. et Harry Kleiner. Le film mêle donc récit religieux (avec l'avènement de la religion chrétienne, les premiers fidèles, l'apparition de Jésus Christ...) et intrigue politique de palais (conséquence du nouveau culte sur le pouvoir en place, cohabitation difficile avec les Romains) où se déchirent des personnages aux objectifs différents. Le début fait d'ailleurs un peu peur à ce niveau avec un Stewart Granger rouleur de mécanique qui semble vouloir refaire Scaramouche en toge romaine ou encore Charles Laughton dans un rôle de souverain bouffi et pervers voisin de celui qu'il campait dans le déjanté Signe de la Croix (déjà traité aussi et oui on aime le péplum ici !).

Ca se rééquilibre assez vite puisque hormis l'ambitieuse Herodiade (interprété avec une belle perfidie par Judith Anderson) aucun personnage n'est totalement négatif. Stewart Granger trouve un de ses rôle les plus subtils avec ce romain ouvert et progressivement convaincu par la foi chrétienne, tout comme Rita Hayworth formidable Salomé déchirée l'essentiel du film dans ses contradictions. Même le roi Hérode joué par Charles Laughton n'est pas sans ambiguité, tout à la fois pervers voulant coucher avec sa belle fille, ironiquement seul protection de Jean Baptiste par peur d'une prophétie et bouleversant le temps d'une scène face à ce dernier où il aspire intégrer la foi chrétienne mais ne peut s'y résoudre par peur de perdre son trône. Seul ombre au tableau Alan Badel bien trop théâtral en Jean Baptiste, en gros le cliché du prophète barbu exalté roulant des yeux (Charlton Heston sera bien meilleur plus tard dans le rôle pour La plus grande Histoire Jamais Contée évocation de la vie du Christ par George Stevens).

Une approche fine et psychologique dans la réalisation de Dieterle rend le tout des plus convaincant, avec quelques partis pris intéressant (comme celui de filmer Jésus du point de vu des autres bien avant Ben Hur), de très belles scènes comme la danse des sept voile de Rita Hayworth (qui ne manquera pas de rappeler celle mythique qu'elle effectua dans Gilda) chargée de tension et le sermon sur la montagne en conclusion magistrale. Pas forcément le plus connu des grands péplum de cette époque fleurissante du genre mais sûrement un des plus intéressants.

Sorti en dvd zone 2 français chez Sony Columbia

Extrait de la fameuse danse des sept voiles de Rita Hayworth

2 commentaires:

  1. C'est vraiment regardable ? On a craqué quand Salomé monte dans la barcasse et s'approprie les quartiers de Ponce Pilate !!
    C'est plus que kitsch, et même Laughton, pour ce qu'on en a vu, joue comme un pied. Et le technicolor... Hélas, ce n'est même pas drôle dans la nullité. Mamma mia !

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  2. Bon bien sûr il ne faut pas être allergique au genre très outrancier du péplum biblique mais le film est vraiment très plaisant et plus fin qu'il n'y parait. Dieterle a déjà fait bien mieux que ça mais s'en sort plutôt bien. Par contre comme je le dis dans le texte le début du film fait un peu peur mais ça devient bien plus intéressant ensuite il fallait tenir un peu plus longtemps !

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