Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Maigret et l'Affaire Saint-Fiacre - Jean Delannoy (1959)
Le commissaire Maigret revient à Saint-Fiacre, village où il a passé son enfance, à l'invitation de la comtesse de Saint-Fiacre. Celle-ci connait le «petit Jules» devenu commissaire car le père de Maigret fut régisseur du domaine du château des Saint-Fiacre. La comtesse a reçu une lettre anonyme lui annonçant sa mort le jour de la messe des morts. Le lendemain, Maigret la retrouve morte à l'église, victime d'une crise cardiaque. Toutefois, le commissaire est convaincu que cette crise cardiaque n'est pas due au hasard et commence son enquête...
Huitième comédien à incarner Maigret dans Maigret tend un piège (1957), Jean Gabin endossait à nouveau suite au succès de ce premier essai l'imperméable et la pipe du héros de Simenon dans ce second film toujours sous la direction de Jean Delannoy (et avant un troisième réalisé par Gilles Grangier en 1963 Maigret voit rouge). Cette aventure revêt un ambiance très particulière puisque replongeant notre commissaire sur les lieux de son enfance lorsqu'une ancienne bienfaitrice, la Comtesse de Saint Fiacre le convoque suite à une lettre de menace. Les joyeux souvenirs d'enfances semblent bien fanés face au désolant spectacle qui s''offre à lui. Un château entièrement mis à sac par les dettes, un entourage de profiteurs pas très recommandable crée d'emblée une trouble suspicion avec le décès inattendu de la Comtesse. La mise en scène de Delannoy s'efface entièrement pour se mettre au service de son casting, exceptionnel en tout point.
Jean Gabin tout d'abord prête sa bonhomie et son autorité naturelle à Maigret tout en se fondant idéalement dans le personnage dans ses moments de silence, son sens de l'observation et son sens de la répartie. Simenon avait rêvé à une époque où il était encore trop jeune pour le rôle de le voir incarner Maigret et lui si difficile avec les comédiens qui eurent la lourde tâche de jouer son héros salua la performance de celui qu'il considérait comme le meilleur Maigret avec Pierre Renoir. Les autres comédiens sont tout aussi bons et parfaits d'ambiguïté : Michel Auclair en héritier dépensier et escroc, Robert Hirsch en fouine aux aguets à l'allure coupable, Michel Vitold en curé louche sans parler des seconds rôles truculents comme Paul Frankeur en médecin décontracté.
Le rythme se fait lent sans provoquer l'ennui pour autant, le temps de nous dépeindre cette atmosphère provinciale faussement chaleureuse où chacun dissimule un secret. Maigret se promène d'un lieu à un autre à travers les différents suspects dont les différentes révélations offre tire un constat peu reluisant de l'humanité lorsque les petites magouilles et profits de chacun conduise à la mort pathétique d'une femme.
La nature du crime en elle même est très originale et assez machiavélique et le scénario remarquablement équilibré distille intelligemment la somme de détails à saisir pour la résolution. La grande joute verbale finale est d'ailleurs un grand moment, les dialogues de Michel Audiard claque comme jamais dans la bouche de Gabin et Delannoy s'enhardit enfin pour insinuer une pointe de paranoïa quand au coupable (très inattendu). Belle réussite très curieux de voir les deux autres volets que je ne connaît pas du coup.
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