Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Un écrivain à succès, directeur d'une revue littéraire et dont le mariage est miné par les petits mensonges, rencontre une hôtesse de l’air. Ils ont une liaison à Lisbonne qui perdure par la suite.
La Peau Douce est avec le bien plus tardif La Femme d'à côté le grand film de Truffaut sur l'adultère. Malgré cette base commune les deux films sont antinomiques dans leurs traitement comme dans leur influence. Film fiévreux et tumultueux sur l'amour passion La femme d'à côté est une des oeuvres les plus célébrée de Truffaut qui engendrera foule de descendant plus (le beau Les Sentiments de Noémie Lvosky en 2003) ou moins (le catastrophique Les Regrets de Cédric Kahn vrai film clone raté) convaincants. La Peau Douce n'aura pas le même impact et sera un échec public cuisant à sa sortie après un accueil glacial à Cannes.
Les raisons se trouvent dans l'approche de Truffaut, cinéaste du romanesque littéraire qui dépeint là l'adultère dans sa trivialité quotidienne la plus sordide. Cet aspect se manifeste d'emblée dans le héros incarné par Jean Desailly, intellectuel bourgeois un peu falot embarqué dans une histoire qu'il s'avère incapable d'assumer. Faisant constamment tout les mauvais choix par manque de courage ou témérité déplacée, il snobera lamentablement Françoise Dorléac lors d'une longue et triste séquence de voyage à Reims puis ne saura ménager la sensibilité de sa femme une fois son écart découvert avec cet instant presque comique où il accepte sans ménagement la séparation qu'elle lui propose par dépit. Les rencontres des deux amants se font ainsi furtives, coupables et dans la crainte du regard d'autrui au point d'émousser toute passion lorsqu'un amour au grand jour sera enfin possible.
La facette charnelle du film est dont finalement à chercher à travers ses deux héroïnes, la femme et la maîtresse. Françoise Dorléac trouve peut être là son meilleur rôle, Truffaut réfrénant ses ardeurs et son jeu pour jouer sur sa présence sensuelle, son élégance et le mystère qu'elle dégage pour Jean Desailly dans la première partie, renforçant ainsi l'extériorisation de ses émotions dans la seconde comme la très belle scène où elle font en larmes à Reims suite au comportement de Lachenay. A l'inverse Nelly Benedetti en épouse légitime affirme un charme beaucoup plus agressif et un bouillonnement bien plus manifeste qui crée d'ailleurs un déséquilibre inhabituel dans le film d'adultère puisqu'aucune des deux n'est désavantagée dans le triangle amoureux et rend plus fort le dilemme du mari. Malheureusement la conclusion passionnelle jure un peu avec le côté volontairement terne et retenu de l'ensemble du film (et pour le coup annonce La Femme d'à côté) et ne fonctionne pas complètement.
C'est également un des films les plus plastiquement réussi de Truffaut, notamment dans toute les scènes d'amours. Le jeu de regard fuyant dans l'ascenseur entre Desailly et Dorléac est très réussi, et surtout surtout les mouvements de caméra caressant, le jeu d'ombre et la gestuelle des acteurs lors de la première nuit où on sent l'influence du mentor Hitchcock sur Truffaut. Superbe moment également lorsque Jean Desailly caresse langoureusement les jambes de Françoise Dorléac endormie puis lui enlève ses bas, la délicatesse se mêle à la sensualité la plus prononcée porté par une musique envoûtante de George Delerue. Volontairement glacial et peu attrayant, un très beau film qui dissimule sous sa froideur une vraie force dans l'expression de ses amours quelconques.
Truffaut l'égotiste, qui a passé sa vie à se filmer !
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