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jeudi 20 janvier 2011

Le Bel Antonio - Il Bell'Antonio, Mauro Bolognini (1960)


Toutes les femmes sont amoureuses du bel Antonio. Mais lorsqu'il épouse Barbara, Antonio ne s'avère pas être l'amant espéré...

Marcello Mastroianni, sûrement le plus bel homme ayant traversé le cinéma italien aura pourtant toujours soigneusement évité les rôles de pur séducteur ou de héros romantique. Ses rôles les plus fameux cherchent constamment à déformer d'une manière ou d'une autre par l'artifice vestimentaire,le maquillage ou l'attitude déviante ce physique avantageux que la nature lui a donné. Et quand il décide d'assumer cette prestance séductrice qui est la sienne, c'est la tournure du film elle même qui se charge de la briser que ce soit en en faisant un amant supplanté dans Les Nuits Blanches, l'arroseur arrosé du dernier sketch de Aujourd'hui demain et après demain ou le séducteur impuissant (déjà) de Casanova 70. Il y a une sorte de constante fuite en avant par rapport à son apparence à laquelle n'a jamais voulu être réduit dans ses rôles alors que même un Vittorio Gassman aura donné dans les emplois de bellâtre à ses débuts.

Le film emblématique de cette attitude, c'est très certainement Le Bel Antonio sans la plus connue des collaboration Pasolini/Bolognini. L'histoire nous plonge donc dans le drame d'un homme impuissant qui a le malheur d'exercer une attraction frénétique chez les femmes, le confrontant constamment à son "infirmité". La scène d'ouverture au où il reste de marbre au supplication de désir et d'amour d'une femme donne le ton. La question de l'homosexualité (de toute façon difficilement abordable frontalement à l'époque) est vite évacué quand on constatera que Antonio recherche et apprécie la compagnie des femmes bien qu'il ne puisse leur donner ce qu'elles attendent. La vraie question du film, c'est la confrontation de cette faillite intime avec une société italienne où règne alors l'image d'une virilité masculine toute puissante. Bolognini multiplie égrènent graduellement toutes les facettes de ces tendances machistes prononcées tout d'abord par les échanges d'Antonio avec son père (excellent Pierre Brasseur) tout en sous entendus complices puis lors de la séquences de la fêtes mondaine où nantis et politiciens écoeurant de vulgarité s'échange des jeunes filles peu farouches. L'explication des problèmes d'Antonio montrera d'ailleurs par la suite comme cet étalage de puissance et cette concurrence tacite peux briser les premiers élans des plus fragiles.

Contre toute attente Antonio tombé sous le charme accepte de convoler avec Barbara (Claudia Cardinale) belle jeune femme qui lui était promise. Le malaise demeure pourtant, l'union n'étant qu'une amitié amoureuse dépourvu du lien charnel liant un homme et une femme. Le cadre de la Sicile n'est pas anodin puisqu'il permet d'accepter en plus de la toute puissance masculine ambiante certain archaïsme que n'aurait pas toléré un cadre urbain tel l'ignorance totale de Claudia Cardinale des choses de la vie (au point de croire à l'insulte lorsqu'on les lui explique) donc du fait qu'elle ne constate pas qu'il manque une chose essentielle à son mariage. Claudia Cardinale (aux antipodes de son autre grand rôle de l'année La Fille à la valise) exprime parfaitement cette innocence virginale dans ce rôle effacé. La véracité et la cruauté du script de Pasolini est contrebalancée par l'élégance de la mise en scène de Bolognini magnifiant le bonheur éphémère des jeunes époux en campagne puis promenant sa caméra dans les espaces bourgeois où se décident le sort des faibles, l'argent soumettant l'institution de l'église à une nouvelle réalité à savoir un prétendant plus richement doté pour Barbara.

La conclusion face à la supposée virilité retrouvée d'Antonio est d'une amère cruauté avec cette intimité étalée sur la place publique (qui vaudra d'ailleurs le seul rebondissement grotesque lorsque le père succombe à une ultime étreinte), et la question reste ouverte quand à la réalité de cet état de fait dans le regard résigné et égaré d'Antonio.

Sorti en dvd zone 2 chez Montparnasse

extrait

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