Victor Valence a quitté Paris depuis plusieurs années, laissant derrière lui sa mère et ses trois filles, pour réaliser de sombres opérations de casinos aux Bahamas et au Canada. Sa fille ainée, Pauline, est polytechnicienne, attachée au ministre des finances, et s'occupe de toute la petite famille. Victor revient à Paris et, usant de son charme habituel, persuade sa mère de lui donner procuration pour vendre son immeuble et placer l'argent dans la réfection d'un casino au bord du lac Léman. Tout ceci à l'insu de Pauline qui sent l'arnaque, mais finira par voler à son secours.
Tout feu tout flamme est un film charnière dans la filmographie de Rappeneau. Encore teinté de la frénésie des premières réalisations mais lorgnant déjà vers le ton plus sombre et mélancolique de Cyrano et Le Hussard sur le Toit, il offre un entre-deux auquel le public n’était sans doute pas encore prêt, ce qui explique son relatif échec commercial.
Un des motifs récurrents des premières œuvres de Rappeneau, c’est la présence systématique d’héroïnes au caractère bien trempé, insupportable et craquante à la fois. C’est leurs agissements inconsistants qui obligent le personnage masculin à se révéler à lui-même afin de les séduire. Le plus souvent agacé, il finit pourtant par succomber au charme de celle qui lui aura causé mille tourments.

On l’aura vu, la femme est pour Rappeneau un être en ébullition et insatisfait, faisant des ravages sur son passage. Tout feu tout flamme fonctionne également sur les mêmes bases que les précédents : relations amour/haine, comédie survoltée, course poursuite… Pourtant qu’arriverait-il à ce schéma si on en détournait les fondamentaux ? Et si l’emmerdeuse était un emmerdeur ? Si à la place du couple habituel on mettait en scène une relation filiale ? Qu’y aurait-il de nouveau à raconter ? C’est ce que cherche à savoir Rappeneau en grippant volontairement la mécanique huilée qui a fait sa gloire.
Après une première collaboration compliquée sur le tournage du Sauvage, Rappeneau et Montand s'entendront à merveille sur ce second film ensemble. Il est d’ailleurs amusant de constater que les seuls films du réalisateur se déroulant à une époque contemporaine ont été faits avec Montand. Celui-ci traduit au masculin les mémorables rôles d’empêcheuses de tourner en rond des films précédents en jouant un homme d’affaire un peu roublard et escroc. Son retour impromptu va bouleverser la vie de sa petite famille qui a appris à vivre sans lui, lorsqu’il va les entraîner dans une embrouille financière alambiquée. Isabelle Adjani est la fille aînée, celle qui a dû tout prendre en charge lors des absences à répétition d'un père ne réapparaissant qu’en cas de nécessité financière. L’enjeu se déplace donc de la réunion de couple à la réconciliation père/fille.




Trouvable pour pas grand chose en dvd dans une édition modeste comparé au autres Rappeneau plus célébré et c'est bien dommage !
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