lundi 17 octobre 2011
Le Train - The Train, John Frankenheimer (1964)
En juillet 1944, le colonel Von Waldheim fait évacuer les tableaux de maîtres de la Galerie nationale du Jeu de Paume pour les envoyer en Allemagne. Labiche, un cheminot résistant, est chargé de conduire le train transportant ces objets d'art. Avec l'aide de ses compagnons résistants, il va chercher à faire en sorte que le train et les tableaux n'arrivent jamais à destination.
Le Prisonnier d'Alcatraz, Sept jours en mai, les collaborations entre John Frankenheimer et Burt Lancaster sont toujours synonyme de qualité, ce que confirme cet excellent The Train. Formidable ode aux cheminots français résistants de Deuxième Guerre Mondiale, le film a un pitch des plus séduisants. Face à la débâcle de l'armée allemande et à l'arrivée imminente des alliés, un officier allemand amateur d'art décide d'embarquer en Allemagne tous les fleurons de la peinture française qu'il s'est plu à emmagasiner durant l'occupation. Seulement il va trouver sur sa route une horde de cheminots bien décidé à empêcher les toiles d'arriver à bon port.
Le film offre un questionnement intéressant à travers le rapport qu'entretiennent les deux héros au chargement prestigieux qu'ils se disputent. Pour Von Waldheim, cela est de l'ordre de l'obsession et fini par aller au-delà même de ses obligations envers son armée. Paul Scofield délivre une prestation fiévreuse et compose un personnage aussi captivant et énigmatique qu'Alec Guiness dans Le Pont de la rivière Kwai. A l'inverse le chef de gare résistant incarné par Lancaster est plus pragmatique et au départ préfère privilégier des actions plus utiles voire carrément le chargement. Ce qu'il n'a pas compris, la conservatrice de musée jouée par Suzanne Flon puis tous ses camarades sacrifiés (courte mais formidable prestation de Michel Simon en Papa Boule) tout au long du film lui feront saisir. Ces peintures représentent le patrimoine français, son histoire et son honneur et à l'heure d'une libération à venir il est impensable de le laisser partir chez l'ennemi.
Quand la seule passion élitiste et individualiste guide les actions de Von Waldheim (ce que confirme une superbe tirade finale), celles des français qu'ils soient en mesure d'apprécier cet art ou pas va bien au-delà. La séquence finale voyant montrant en montage alterné un monceau de cadavres de cheminots avec les caisses de tableaux simplement marqués du nom des artistes expriment magnifiquement cet idée. Dès lors la quête de Lancaster vire à la même obsession et détermination que son ennemi avec climax éreintant qui n'est pas sans rappeler dans l'idée ce que fera Frankenheimer à la fin de French Connection où un Gene Hackman traquait Charnier jusqu'au point de rupture.
En plus de soulever ces thèmes passionnants le film n'en oublie pas d'être hautement spectaculaire, chose réclamée par Lancaster qui souhaitait un vrai film d'aventure et renvoya Arthur Penn (qui débuta le film et fit la pré production) au profit du bien plus efficace Frankenheimer. Ici donc les moyens sont là avec un tournage dans divers poste ferroviaire aux quatre coins de la France où on retiendra une dantesque séquence de bombardement (que sillonnent le train conduit par Michel Simon) et impressionnante collision de locomotive.
Le suspense est rondement mené et inventif (la longue traversée où les cheminots trompent les allemands sur les parcours en changeant le nom des gares) pour un formidable morceau de cinéma à la conclusion parfaite. Un des meilleurs Frankenheimer.
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
Bande-annonce
Et une jolie curiosité un making-of d'époque réalisé par la SNCF et narré par Michel Simon
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