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dimanche 19 août 2012

Ce sacré z'héros - Private's Progress, John Boulting (1956)


tanley Windrush doit interrompre son enseignement universitaire quand il est appelé vers la fin de la guerre. Il se révèle rapidement ne pas être un bon officier.

Private's Progress est le premier film de la grande série de comédie satirique sur la société anglaise qui fit le succès et la reconnaissance des frères Boulting durant les années 50. Le film (adapté d'un roman d'Alan Hackney) pose toutes les bases des autres films à venir que ce soit par son casting de joyeux loufoques (Terry-Thomas, Richard Attenborough, Ian Carmichael, Dennis Price ne manque que Peter Sellers) ou surtout par sa construction narrative.

Le principe est simple : on plonge un jeune benêt incompétent et zélé au cœur d'une grande institution respectable qui va s'avérer gangrénée de l'intérieur et dans laquelle sa bêtise va semer la zizanie. Dans I'm alright Jack (1959), le syndicalisme sera génialement mis en boite dans la description du fonctionnement singulier d'une usine tandis que Carlton Brown of The F.O. sera une charge féroce et hilarante sur la diplomatie anglaise. Dans Private's Progress ce sera la vénérable armée de Sa Majesté qui en prendra pour son grade, si on ose dire.

Le récit a d'ailleurs l'audace de situer la satire à une époque où le patriotisme anglais est le plus exacerbé, durant la Deuxième Guerre Mondiale. C'est là que le jeune Stanley Windrush (Ian Carmichael) se voit contraint d'abandonner ses études universitaires pour répondre à l'appel des drapeaux. En quelques saynètes mordantes, l'incompétence tant physique qu'intellectuelle de notre héros est croquées à travers les exercices physiques où il est peu à son avantage et les examens d'officier où ses attitudes décalées laissent ses interlocuteurs circonspects. Il va donc se trouver intégré à une simple unité de soldat où l'on va constater immédiatement le décalage avec les premières scènes d'entraînement rigoureux.

Le but est là de tirer au flanc de toute les manières possibles et John Boulting convoque l'humour de régiment le plus débridé à travers quelques savoureuses séquences : une beuverie épique où Windrush va narguer un officier auquel il ne pourra cacher sa grande ébriété, du vol d'arrivage de ration en douce et surtout ce moment où les soldats "sèchent" la caserne pour aller au cinéma (voit Ceux qui servent la mer de David Lean) ! et croiser leur supérieur joué par Terry-Thomas dans la salle !

Si ce désintérêt total pour le conflit en cours (on aura à peine un court passage durant le blackout au début quand Windrush ira voir son père) demeure à une échelle modeste chez les soldats, il en va tout autrement lorsqu'on grimpe dans les hautes sphères de l'armée à l'image du roublard Brigadier joué par Dennis Price. Ainsi, le seul moment où Private's Progress va vaguement ressembler à un film de guerre classique sera pour une mission clandestine destinée à voler des œuvres d'arts allemandes dont on se partagera le butin après-guerre. Windrush mêlé à l'arnaque par erreur va bien entendu multiplier les gaffes et la réelle tension se mêle à l'hilarité notamment quand il va se faire arrêter par l'armée anglaise en uniforme allemand.

C'est d'ailleurs une de ses bévues (subtilement amenée et dont on ne mesurera les conséquences qu'à la fin) qui va lamentablement planter l'affaire lors de la conclusion. La charge est des plus corrosive et finalement les Boulting anticipe déjà l'esprit du futur De l'or pour les braves de Brian G. Hutton (voir même du M.A.S.H. de Robert Altman) où l'intérêt personnel prime sur un quelconque patriotisme de pacotille. Le film est porté par un casting de haut vol où on retiendra un Ian Carmichael parfait en imbécile heureux, Dennis Price plein de flegme et de malice ou encore Richard Attenborough en soldat pourri jusqu'à la moelle. Le film sera un grand succès, lançant donc les Boulting sur ce créneau comique et une suite tout aussi brillante verra même le jour trois ans plus tard avec I'm alright Jack où on retrouvera tous personnages avec de nombreux clins d'œil à Private Progress.

Sorti en dvd zone 2 anglais sans sous-titres

L'ouverture façon actualités décalée qui donne une bonne idée de l'esprit farceur du film


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